Les dix lépreux.
Plus d'une fois déjà nous avons vu Jésus guérir des lépreux, et nous avons remarqué combien ces guérisons étaient propres à nous rappeler la délivrance du péché qui est la lèpre de l'âme; mais les quelques versets qui forment notre texte renferment une abondance d'enseignements qui les rend particulièrement applicables à notre âme.
Observons d'abord ce que nous montrent les neuf lépreux qui se retirent aussitôt guéris : que les grâces temporelles les plus grandes et même les plus inouïes n'ont pas toujours pour résultat de faire du bien à l'âme de ceux qui les reçoivent. Ces hommes avaient vu de bien près la puissance de Jésus; plus encore, ils l'avaient éprouvée pour eux-mêmes . ils avaient été l'objet d'un miracle; et spirituellement ils restèrent ce qu'ils étaient auparavant, avec une responsabilité de plus. Comment ensuite leur conduite ne nous ferait-elle pas constater de nouveau que l'épreuve est plus favorable que la prospérité à nos rapports avec Jésus?
Ils criaient au Sauveur pendant que la rude main de la souffrance les tenait dans l'humiliation et dans le sentiment de leur dépendance: que firent-ils une fois guéris? Hélas! et ne sommes-nous pas contraints d'avouer avec confusion de face que nous faisons trop souvent comme eux? Et pourtant, si dans notre ingratitude nous oublions les obligations que nous avons contractées envers le Seigneur, lui ne les oublie pas; il attend de notre part des fruits de reconnaissance : « Et les neuf autres, où sont-ils?» Ceux qui se montrent le plus fidèles dans leur gratitude sont souvent ceux desquels on aurait le moins attendu; souvent, tel qui paraissait léger, insouciant, superficiel ou froid, une fois touché par la grâce de Jésus., se montre tout à coup plus fervent, plus zélé, plus fidèle, que tel chrétien chez lequel l'habitude a tempéré la première ardeur de l'amour. « Je vous dis en vérité que les péagers et les gens de mauvaise vie vous devancent au royaume des cieux. » Qui aurait attendu autant d'un Samaritain que d'un Juif ? Et le Samaritain fut le seul fidèle.
Peut-être lui fallut-il du courage pour revenir sur ses pas adorer Jésus et lui donner gloire, agissant ainsi tout autrement que ses compagnons: il en faut souvent pour accomplir des devoirs dont la multitude ne sent pas l'importance et que peut-être même elle tourne en ridicule; mais ce courage, il faut l'avoir : « Celui qui aura eu honte de, moi le Fils de l'homme aura aussi honte de lui. » Enfin, remarquons que «celui-là seul qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé. » Les neuf compagnons du Samaritain avaient commencé par donner de bonnes espérances; ils avaient fait preuve de foi en obéissant au commandement de Jésus : «Allez et montrez-vous aux sacrificateurs, » avant d'avoir reçu même un commencement de guérison; et après tout, de quoi cela leur servit-il?
PRIÈRE.
Seigneur, nous te supplions de nous rendre sérieusement attentifs à l'exemple que nous donnent ces dix lépreux. Nous aussi, nous avons reçu de toi des grâces temporelles qui nous ont prouvé ton amour et ta puissance ; nous aussi, nous sommes entourés de moyens de grâce qui doivent nous rapprocher de toi : fais que ces dispensations de ta paternelle providence soient réellement des bénédictions pour notre âme ! Ayant commencé ta bonne oeuvre en nous, ne permets pas que notre légèreté ou notre ingratitude viennent entraver ses progrès; poursuis-la et achève-la toi-même pour ta gloire et pour notre salut; puisque c'est toi qui produis en nous la volonté et l'exécution selon ton bon Plaisir, que nous ne cessions pas de regarder à toi, travaillant à notre salut avec crainte filiale et saint tremblement. Nous te présentons notre prière au nom de notre bon Sauveur. Amen.