L'enfant prodigue. 1.
Cette belle parabole, que sûrement nous connaissons tous depuis l'enfance, mais qui renferme des richesses suffisantes pour la rendre toujours nouvelle, a le même sens et le même but que celles de la brebis et de la drachme. Mais ce qui la rend particulièrement intéressante, c'est que l'oeuvre que Dieu accomplit dans le coeur du pécheur pour l'amener à lui, y est décrite avec beaucoup plus de détails. Ce père si bon, si indulgent, si tendre, et pourtant traité par son fils avec tant d'ingratitude, c'est Dieu; le fils aîné représente les Pharisiens d'autrefois, murmurant de ce que Jésus recevait les pécheurs, et les Pharisiens d'aujourd'hui, c'est-à-dire les gens moraux, chrétiens de nom, qui sont satisfaits de leur justice propre : ils ne comprennent rien ni à la repentance du pécheur, ni au pardon qu'il reçoit de son père, ni à la joie que cause au Seigneur, aux anges et aux vrais chrétiens la conversion d'une seule âme.
Le second fils... ah! ce n'est pas seulement le pécheur scandaleux; c'est le pécheur tel que nous le rencontrons tous les jours, tel que nous l'avons tous été, à supposer que par la grâce de Dieu nous soyons revenus à la maison paternelle! Quel est celui d'entre nous dont le coeur a toujours appartenu tout entier à son Dieu Sauveur? Quel est celui qui n'a vécu pendant son enfance, peut-être jusqu'à la jeunesse, à l'âge mûr, à la vieillesse même, loin de son Père céleste, préférant le service du monde, l'amour du monde et des choses du monde, au service et aux choses de Dieu?
Admettons même que nous fussions alors remplis de ce que le monde appelle de bonnes qualités, ne ressemblant pas à l'enfant prodigue qui vivait dans la débauche, nous étions cependant indignes d'être appelés les enfants de Dieu, parce que nous ne l'aimions pas. « Quel fruit tiriez vous donc alors, » dit saint Paul, « des choses dont vous avez honte présentement? » Grâces en soient rendues au Seigneur, il ne permet pas à l'homme d'être vraiment heureux loin de lui. On peut jouir pour un temps des « délices du péché,» on peut s'étourdir au point de ne plus entendre la voix de la conscience et les appels du Seigneur; mais le moment vient infailliblement où les chagrins, les déceptions, les désenchantements, se chargent de faire éprouver au coeur que tout est vide là où Dieu n'est pas. Heureux ceux qui, ayant fait cette expérience, en ont profité; heureux ceux qui, au lieu de s'étourdir plus encore, ont reconnu que « les voies de la piété sont des voies agréables,» ont soupiré après cette joie, céleste et sainte, qui donne au moindre des enfants de Dieu un bonheur auprès duquel les plus vives jouissances terrestres ne sont rien! « Combien y a-t-il de gens dans la maison de mon père qui ont du pain en abondance, et moi je meurs de faim! »
PRIÈRE.
Fais-nous la grâce, Seigneur notre Dieu, de sentir en effet que nous mourons de faim si nous sommes loin de toi; fais-nous la grâce de ne pouvoir être heureux sans toi, et d'avoir toujours besoin, pour remplir avec zèle et courage les divers devoirs que tu nous imposes, de voir briller sur nous le regard de ta face, ce regard qui est la délivrance même, la joie même, le salut et la force mêmes! Que tu es bon pour nous, 'ô notre Dieu! tu nous témoignes une patience, une indulgence, un amour que nous n'aurions certainement jamais trouvés auprès d'aucun autre. Nous t'en bénissons, et nous te supplions de nous pardonner l'ingratitude et la froideur que nous te montrons si souvent. Apprends-nous à recourir à toi dans toutes nos détresses, bien sûrs que jamais tu ne te lasseras de nos demandes et de nos confessions. Exauce-nous, Seigneur, parce que nous te prions au nom de notre bon Sauveur. Amen.