LUC, XIV, 1-14.

Jésus chez le Pharisien.

 

À quel point il est possible de s'aveugler soi-même quand on a quelque intérêt à ne pas voir, et d'être partial quand on est soi-même en cause! Ce Pharisien, qui n'osait pas plus que ses amis approuver Jésus de guérir un homme par sa parole le jour du sabbat, donnait, ce même jour de sabbat, un grand repas dans sa maison, sans se soucier du travail qu'il imposait ainsi à ses serviteurs, des préoccupations qui en résultaient probablement pour lui-même, et de la manière dont il perdait de vue le vrai but du jour du repos! Il faisait justement l'opposé de ce que Jésus veut que nous fassions de nos dimanches : les consacrer aux oeuvres de miséricorde, mais les retrancher au monde et à ses vanités.

On peut s'étonner, au premier abord, que Jésus ait accepté de prendre part à ce festin; mais cette surprise disparaît quand on pense au dessein dans lequel il l'a fait et au parti qu'il en a tiré. A peine assis à table, en effet, nous le voyons aller droit à son but suprême en enseignant ses auditeurs. D'où vient donc que les chrétiens ont généralement dû reconnaître qu'ils ne peuvent accepter pour le dimanche des invitations de ce genre? L'exemple de Jésus n'est-il donc pas toujours bon à suivre?... La raison en est simple. Ils le pourraient, si ces fêtes devaient réellement leur donner l'occasion de rendre témoignage devant les gens du monde au Sauveur et à sa grâce; s'ils pouvaient, en toute liberté et en toute fidélité., parler des intérêts éternels de ceux avec lesquels ils se trouvent. Mais est-ce jamais le cas? Un chrétien qui essayerait d'agir ainsi serait bien vite repoussé, et on lui ferait entendre qu'il ne manque pas d'autres occasions d'annoncer Jésus. Il fera donc mieux de se tenir à l'écart de ces fêtes, dans lesquelles on pourrait, à plus ou moins bon droit, le soupçonner de chercher plus encore son plaisir que la gloire de son Maître.

Jésus donna à son hôte et aux autres convives des leçons auxquelles ils étaient sans doute loin de s'attendre, mais dont ils avaient bien besoin. Les invités poussaient l'orgueil jusqu'au mépris de la plus simple politesse, et se disputaient la meilleure place à table; l'hôte déployait avec ostentation un luxe qu'il pensait devoir éblouir ses convives, et les mettre dans l'obligation de lui rendre les mêmes honneurs à leur tour. Prêtons l'oreille aux recommandations du Sauveur; et mettons-les en pratique dans leur esprit, sinon à la lettre. Il y aurait certainement moyen de se faire remarquer en se mettant avec affectation en arrière de tout le monde, comme aussi en accablant de bienfaits des gens auxquels on témoignerait par là une supériorité blessante. Mais, « que chacun estime les autres, par humilité, comme « plus excellents que lui-même (1), » et la conduite qu'il doit tenir lui sera tout naturellement tracée.

 

PRIERE.

Seigneur Jésus, béni sois-tu de ce que nous trouvons dans le récit de ta vie sur la terre des exemples tellement applicables à notre propre vie; béni sois-tu de ce que nous pouvons en toute occasion regarder à toi non-seulement comme à notre Sauveur, mais encore comme à notre modèle. Veuille sanctifier les rapports que nous sommes forcés d'avoir avec ce monde qui ne te connaît pas et ne t'aime pas; mais préserve-nous de la conformité au présent siècle; préserve-nous de jamais oublier que l'amour du monde est inimitié contre toi. Tu sais qu'il y a là pour Les disciples un piège qu'ils ne voient pas toujours; montre-le-nous et fais-nous fuir les tentations. Donne-nous, en même temps que la fidélité devant toi, l'humilité et la charité dans nos rapports avec le prochain, et agis en nous par ta grâce, pour l'amour de ton nom. Amen.


Table des matières

1. Phil., II, 3.