L'esprit d'infirmité. (Lire Job, V, 17-fin.)
Quand Jésus enseignait dans les synagogues, il se trouvait certainement, parmi les Juifs incrédules qui se pressaient autour de lui, quelques personnes sincères, humbles et pieuses, venues dans ces lieux saints pour se rapprocher de leur Dieu, et ne se doutant pas de la grâce immense par laquelle Dieu répondait à leurs prières et à leurs fidèles recherches. Tel était sans doute le cas de «cette fille d'Abraham » dont la guérison nous est racontée dans notre texte. Cette pauvre femme était absolument contrefaite, courbée en deux, et cette terrible épreuve durait depuis dix-huit ans; si quelqu'un dut jamais désespérer de guérir, c'est bien elle. Et pourtant, son infirmité ne l'empêchait pas, remarquons-le, de se joindre au culte public; elle ne reculait ni devant la curiosité générale, ni devant le ridicule auquel l'exposait sa difformité.
Quelle leçon pour ceux qui trouvent si aisément dans un temps plus ou moins beau, dans un vêtement plus on moins présentable, dans une légère fatigue à surmonter, des prétextes pour « abandonner nos saintes assemblées ! » Si cette pauvre femme en avait fait autant, de quelle grâce, de quelle grâce merveilleuse, mon le, ne se serait-elle pas privée ! - Elle ne pouvait pas voir Jésus, mais Jésus la voyait, et c'était assez. Jésus nous voit - c'est assez pour la sécurité, pour la paix de ses disciples dans tous les temps. L'éprouvons-nous en ce qui nous concerne? Nous suffit-il, au milieu des circonstances les plus difficiles, de nous dire que le Seigneur nous suit de l'oeil, que rien ne peut nous dérober à son regard?
Toutes les afflictions dispensées par le Seigneur ont un 'but de miséricorde, et ne doivent avoir que la durée déterminée par sa sagesse. Quel encouragement pour les affligés dans cette simple parole : «Ne fallait-il pas délier de ce lien cette fille d'Abraham que Satan tenait liée depuis dix-huit ans! » Jésus connaît l'étendue et le poids de nos épreuves; il ne nous laissera pas gémir un instant de plus que ce qu'il voit strictement nécessaire; le moment venu, il nous délivrera, et nous réjouira «au prix des années auxquelles nous avons senti des maux. »
Jésus appela la femme, et par sa parole lui donna la guérison qu'elle n'attendait plus; mais, pour nous montrer qu'il attache une bénédiction à l'usage des moyens de salut qu'il nous offre, il employa lui-même un moyen visible : il toucha la malade, qui se redressa aussitôt, joyeuse et remplie d'une reconnaissance qui se répandit en actions de grâces. Dans les difformités spirituelles comme dans celles du corps, le contact de la main du Sauveur renferme une miraculeuse puissance. L'avons-nous senti? Et si nous l'avons senti, comment ne consacrerions-nous pas maintenant notre vie à en donner gloire à Dieu?
PRIÈRE.
Que l'exemple de cette humble femme nous humilie, Seigneur notre Dieu, nous qui n'avons pas comme elle à prendre de la peine pour voir et entendre le Sauveur, nous qui savons qu'il nous dit : Je me tiens à la porte et je frappe! Pardonne-Vous la tiédeur qui nous est tellement en piège, et délivre-nous-en, Seigneur, en nous donnant une abondante mesure de ton Saint-Esprit. Rends-nous fervents d'esprit, actifs, zélés; que ce ne soit pas seulement pour nous un devoir, mais un besoin que de saisir, pour nous rapprocher de toi, tous les moyens qui nous sont offerts, et de nous consacrer sans partage à ton service.
Prends pitié de nos misères spirituelles, et daigne nous transformer, nous guérir, nous enrichir, en posant sur nous cette main puissante et douce dont tes rachetés connaissent bien le contact. Amen.