LUC, XIII, 6-9.

Le figuier stérile.

(Lire Ésaïe, V, 1-16.)

 

Nouvel appel à la repentance et à la conversion. Que représenté cet homme possesseur de la vigne? Dieu le Père, notre Maître souverain. Qu'est-ce que ce vigneron? Jésus, notre Médiateur, notre Intercesseur, notre compatissant Sauveur. Qu'est-ce que ce figuier, objet de la colère du Père et de l'intercession du Fils? Le peuple juif? Oui, sans doute, car c'était à des Juifs que Jésus parlait et dénonçait les jugements de Dieu; mais ce n'est pas seulement le peuple juif, c'est nous aussi, chacun de nous en particulier, si nous ne sommes pas assez pénétrés de l'amour que Dieu nous a donné en Jésus pour porter des fruits à la gloire de celui qui nous a rachetés à grand prix. Remarquons sur quoi se fonde le sévère jugement du Maître de la vigne : « Voici, il y a déjà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier et je n'y en trouve point. »

Trois ans !

Trois ans de stérilité, pour un arbre qui devrait porter du fruit tous les ans, c'est long; assez long certainement pour faire penser que l'arbre est un mauvais arbre, incapable de produire autre chose que des feuilles, et indigne d'occuper une place dans la vigne dont chaque petit coin a son importance et doit avoir son utilité. Et n'est-ce pas ainsi que Dieu peut se plaindre de tant d'ingrats qu'il a placés dans un bon terrain en les faisant naître dans l'Église chrétienne, auxquels il a donné, sa Parole pour la lire et la mettre en pratique, auxquels il fait entendre de bonnes prédications, des appels fidèles, qu'il entoure, en un mot, de moyens de grâces, et qui pourtant ne lui donnent pas leur coeur et ne portent pas de fruits de sanctification? Ne peut-on pas présumer que d'autres auraient plus fidèlement profité de circonstances si favorables? Qu'on mette à la place d'un de ces chrétiens qui ne sont chrétiens que de nom , un de ces païens convertis dont nous parlent nos missionnaires; n'est-il pas à croire qu'il occupera bien plus avantageusement sa petite parcelle de bon terrain, qu'il se développera bien mieux sous l'influence du Soleil de justice et de la douce rosée de la grâce de Dieu? Aussi Dieu ne veut-il pas que des indifférents absorbent sans en profiter des grâces qui seraient tellement appréciées par d'autres : « Coupe-le; pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? »

Ah! si nous avions été abandonnés à nous-mêmes, c'est bien là le sort que nous aurions subi; mais nous n'avons pas encore été retranchés, parce que notre bon Sauveur est venu supplier son Père d'avoir encore patience, afin de voir si sous l'influence de sa connaissance, de son amour et de sa grâce, nous ne changerions pas. Eh bien, quel effet ont sur nous les soins de Jésus? Souvenons-nous-en : l'essai que Dieu a consenti à faire encore ne doit durer qu'un certain temps. Jésus l'a reconnu lui-même, malgré son désir ardent de nous sauver. « Laisse-le encore cette année, et s'il ne porte pas de fruit, tu le couperas ensuite. » Hâtons-nous de voir où nous en sommes, et profitons de chaque moment. Hélas! pour beaucoup, peut-être, l'année de grâce touche à son terme; beaucoup, peut-être, sont bien près du moment où Jésus lui-même devra les abandonner... « Si vous entendez aujourd'hui sa voix, n'endurcissez pas votre coeur! »

 

PRIERE.

Aie patience envers nous aussi, aie patience envers tous, ',Seigneur notre Dieu! et ne te lasse pas de nous, malgré notre froideur, notre ingratitude, notre incrédulité ! Pardonne-nous de faire si peu de progrès quand nous sommes de ta part l'objet de soins si fidèles et si vigilants. Fais-nous profiter abondamment de tous les moyens de grâce que tu mets à notre portée, et surtout fais-nous prendre au sérieux les menaces comme les promesses de ta Parole. Ne nous retranche pas, non, Seigneur, mais émonde, pour nous faire porter plus de fruit. Enseigne-nous. à racheter le temps, et fais-nous abonder en oeuvres de justice qui servent à ta gloire et à ta louange. Nous t'en supplions au nom de notre miséricordieux Sauveur. Amen.


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