« Convertissez-vous. » (Lire Ezéch., XVIII,21-fin.)
Aucun historien païen ne parle de ce massacre des Galiléens dont, selon l'énergique expression de saint Luc, « Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices. » Nous n'en connaissons donc aucun détail; mais nous voyons que les Juifs, pour lesquels c'était une idée favorite que l'affliction devait être considérée comme le châtiment d'un péché spécial, avaient promptement conclu qu'il en était ainsi dans le cas de ces Galiléens tant méprisés par eux. Ces idées sur les afflictions tenaient à l'orgueil des Juifs; ils se hâtaient de condamner les affligés, afin de se persuader, aussi longtemps qu'ils étaient dans la prospérité, que leur conduite leur donnait droit à la faveur de Dieu. Ils rapportaient tout à leur propre justice : Jésus, qui voulait, au contraire, tout rapporter à leur salut, leur parle de manière à les humilier profondément. Il leur rappelle que les Galiléens n'étaient pas plus exposés à ces événements tragiques que les habitants de Jérusalem, puisque à Jérusalem même la tour de Siloé était tombée sur dix-huit personnes qu'elle avait écrasées.
Eux-mêmes, si Dieu les jugeait selon sa justice et leurs merites, ne seraient nullement à l'abri des châtiments les plus sévères; de plus, ce qui rendait effrayante et terrible la fin subite de ces Galiléens et de ces Juifs, c'est que, si elle les avait surpris dans l'impénitence, ils avaient péri, non-seulement dans leur corps, mais dans leur âme et pour l'éternité, comme périraient tous ceux que la mort trouverait inconvertis, - Laissons maintenant les contemporains de Jésus s'étonner peut-être de cette doctrine, et se demander - Dieu veuille qu'ils se le soient demandé en effet avec un saint tremblement - ce que c'est que cette doctrine qu'il prêche; et de même que Jésus a attiré leur attention sur eux-mêmes, soyons sûrs qu'il veut que la nôtre se concentre sur nous.
Quand nous entendons parler d'une mort subite, d'un sinistre, d'un accident qui tout à coup fait passer dans l'éternité des âmes qui n'y pensaient peut-être jamais, que faisons-nous? Peut-être nous bornons-nous à un frémissement mélangé de frayeur et de pitié; mais cela ne suffit pas. Il faut nous rappeler que ceux que Dieu semble traiter ainsi dans sa sévérité n'ont, après tout, que ce qu'ils ont mérité, et ce que nous méritons nous-mêmes, qui sommes « des enfants de colère comme les autres; » que si nous sommes épargnés, c'est par la bonté de Dieu; que nous ne le serons peut-être pas toujours, et que le seul moyen de ne pas craindre ces jugements de Dieu, c'est d'être réconciliés avec lui. D'ailleurs, si la mort n'est pas subite pour tous, pour tous elle est certaine; et il est certain aussi que si nous ne nous convertissons pas, nous périrons pour l'éternité. Comme Jésus en revient toujours à cette grande leçon de la repentance et de la conversion!
PRIÈRE.
Que nous fassions comme toi, Seigneur Jésus ; que nous revenions souvent et toujours a ce sujet, qui est bien pour nous le plus important en même temps que le plus solennel! Convertis-nous à toi, Éternel! et nous serons convertis; que ta Parole, que nous venons de lire, fasse du bien à notre âme, eu nous rendant sérieux et en rions faisant recourir à toi avec toujours plus d'ardeur. Tu es notre seul espoir, notre seuil refuge et notre seul Sauveur; mais en toi nous possédons toutes choses, nous avons l'assurance inébranlable que, quelles que soient à notre égard les dispensations de la Providence de notre Père, rien ne pourra nous séparer de toi et de l'amour que tu nous as témoigné en te donnant à nous. Sois béni, Seigneur Jésus, pour la paix que nous trouvons dans cette pensée ! Amen.