La responsabilité personnelle.
Écoutons cette question de Pierre : « Seigneur, est-ce seulement pour nous que tu dis cette parabole, on est-ce aussi pour tous?» Ne semble-t-il pas que Pierre espérait entendre Jésus lui répondre qu'il parlait à un point de vue général, et que s'il lui fallait adresser de sévères avertissements à la foule, il attendait de ses disciples, ses amis particuliers, (de meilleures choses et plus convenables 'au salut?» Nous sommes trop portés à faire comme l'ardent apôtre; à nous croire plus sages, ou meilleurs, ou plus favorisés que le prochain. Combien souvent il nous arrive, en écoutant une prédication, en faisant une bonne lecture, de dire : Ceci s'applique exactement à tel ou tel, celui-ci ou celui-là devrait en faire son profit; sans penser que nous-mêmes avons besoin de nous l'appliquer, et que ce qui nous regarde avant tout, c'est le soin de notre propre âme !Jésus ne répondit pas directement à la question de Pierre; il se contenta de faire appel à sa conscience, et de l'amener à comprendre que le dispensateur fidèle, prudent, vigilant, quel qu'il fût, serait approuvé de son maître. Reste à chacun des auditeurs de Jésus, dans tous les lieux et dans tous les temps, le devoir de se demander s'il répond, lui-même, à cette description.
Écoutons pour nous-mêmes, lisons pour nous-mêmes, examinons-nous nous-mêmes; tenons-nous en éveil, afin de pouvoir nous dire quand nous entendons des appels et des exhortations: Ceci s'adresse à moi, ceci est pour moi. Ils sont bien pour nous, en effet, ces appels à la vigilance; qui de nous n'en a besoin? Qui de nous n'a lieu de se répéter avec un saint tremblement les paroles du Sauveur : «Le serviteur qui a connu la volonté de son maître et qui ne l'a pas faite, sera battu de plus de coups? » Nous la connaissons, et nous pouvons la connaître toujours davantage : le faisons-nous? Nous possédons la Parole de Dieu, nous savons qu'elle doit être la règle de notre conduite comme de notre foi : la lisons-nous, la méditons-nous, la mettons-nous en pratique?
En un mot, nous tenons-nous prêts? Si le maître qui doit venir pour chacun de nous, un peu plus tôt on un peu plus tard, venait aujourd'hui, à présent même, nous trouverait-il faisant comme le serviteur fidèle, et pourrait-il nous établir, nous aussi, sur tout ce qu'il a ? Sérieuse, solennelle question! Puisse-t-elle se présenter assez souvent à notre âme pour nous empêcher de nous endormir dans une fausse sécurité. «Encore un peu de temps, et celui qui doit venir, viendra, et il ne tardera point (1). » « Voici, je viens bientôt, et j'ai mon salaire avec moi pour rendre à chacun selon ses oeuvres (2). » « Souviens-toi donc des choses que tu as reçues et entendues, et garde-les, et te repens; mais si tu ne veilles pas, je viendrai contre toi comme le larron, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai contre toi (3) »
PRIERE.
Oui, Seigneur Jésus, enseigne à chacun de nous à s'examiner sous ton regard, et préserve-nous de nous séduire nous-mêmes. Fais-nous sentir notre immense responsabilité; nous avons tant reçu de la part, et il nous sera tant redemandé lorsque nous comparaîtrons devant ton tribunal! 0 Seigneur Jésus ! sois béni de ce que nous savons qu'il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en toi, mais préserve-nous d'oublier qu'on ne demeure en toi et en ton amour que si l'on garde tes commandements. Que nous ne nous bornions donc pas à savoir qu'il nous faut faire ta volonté; que grâce à toi et à ton secours nous la mettions en pratique, et que par ce moyen l'entrée de ton royaume éternel nous soit abondamment donnée. Viens à notre aide, et fais-nous vivre habituellement dans la pensée et dans l'attente de ton retour. Nous te le demandons an nom de ton amour et de ton sacrifice. Amen.
1. Hébr., X, 37.
2. Apoc., XXII, 12.
3. Apoc., III, 3.