JEAN, IX, 8-34.

L'aveugle-né. 3.

 

Il est facile de comprendre l'étonnement des gens qui, depuis nombre d'années, étaient habitués à voir l'aveugle-né assis à la même place demandant l'aumône, les yeux fixes et éteints, la physionomie immobile et triste, lorsqu'ils le virent tout à coup se présenter à eux marchant seul et sans peine, le regard brillant, la figure joyeuse, portant sur tous ses traits l'empreinte de la plus vive reconnaissance! C'est aussi l'étonnement qu'éprouvent les parents et les amis des pécheurs que Jésus, le même Jésus, guérit de leur aveuglement spirituel en les appelant à sa connaissance. Peut-on dire de nous que nous différons de ce que nous étions autrefois? Il faut qu'on le puisse pour que nous soyons de vrais chrétiens;, nés de nouveau, c'est-à-dire « passés des ténèbres à la lumière. »

Est-il vrai de dire de chacun de nous que le même homme n'est plus le même homme, parce qu'il s'est accompli en lui une transformation telle que ceux qui ne l'ont pas subie n'y comprennent rien, mais une transformation bénie, donnant envie à ceux qui la contemplent de connaître eux-mêmes le Sauveur? « Où est cet homme? » demandaient à l'aveugle-né les gens que sa guérison miraculeuse remplissait d'admiration. Ceux que la vue de la miséricorde de Jésus envers ses disciples porte à le rechercher pour eux-mêmes, et à implorer de lui leur propre guérison, font ce que le Seigneur attend d'eux et trouveront la bénédiction dans cette voie.

Il n'en est pas toujours ainsi, hélas ! et les parents mêmes de l'aveugle-né nous en donnent un triste exemple, en nous obligeant à reconnaître une fois encore que « la crainte qu'on a de l'homme fait tomber dans le piège. » Cette crainte les paralysa au point que, malgré le bien que Jésus avait fait à leur fils, ils n'osèrent pas déclarer ouvertement leur conviction que c'était bien « cet homme appelé Jésus qui avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.» Combien souvent cette même crainte empêche des gens qui, dans leur coeur, croient à la vérité telle qu'elle est en Jésus, de manifester leurs convictions et d'agir selon leur conscience ! N'est-ce pas là une triste chose? Prenons garde à ne pas tomber nous-mêmes dans ce piège souvent tendu sous nos pas. Osons-nous toujours prier quand nous sentons le besoin ou le devoir de le faire, et que nous sommes en présence de gens qui ne prient pas? Osons-nous refuser de faire ce que font les autres si nous croyons que Jésus le blâme? « Si nous le renions, il nous reniera aussi. »

L'aveugle guéri, au contraire, par sa foi ferme, calme, courageuse, nous donne un exemple digne de toute notre attention. Il ne se laisse pas ébranler; il s'en tient à ce que Dieu lui a révélé dans sa propre expérience, à ce que la grâce de Dieu lui a fait sentir dans son coeur : , Je sais une chose, « c'est que j'étais aveugle, et maintenant je vois.» Une chose., mais quelle chose aussi! D'une part, sa misère à lui; de l'autre, la grâce de Dieu envers lui! Ah! pour qui a fait la même bienheureuse expérience, est-il difficile, en présence de l'incrédulité moqueuse, de répondre : Il y a dans les dispensations de Dieu des choses que je ne sais pas; mais il me suffit de ce que je sais ?

 

PRIERE.

Que nous puissions parler comme l'aveugle guéri, Ô notre Dieu! mais pour cela fais-nous faire les précieuses expériences qu'il a faites; ouvre nos yeux, et révèle-nous ces choses qu'il nous faut croire pour être unis à toi 1 Nous te bénissons de nous en avoir déjà montré une partie ; grâce à toi, nous connaissons notre misère et nous savons que tu nous offres en Jésus tout ce dont nous avons besoin; mais fais-nous faire des progrès dans sa grâce et dans sa connaissance, fais-nous arriver à la sainteté qu'il demande de nous. Qu'il puisse être évident pour cent qui nous voient vivre que tu nous as fait passer des ténèbres à la lumière, et nous as ainsi remplis de la joie la plus profonde et la plus vive, qui est en nous le principe du dévouement le plus absolu. Nous t'en supplions au nom et pour l'amour de Jésus. Amen.


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