L'aveugle-né. 1. (Lire Ps. CXLV, 1-12.)
Le récit que nous commençons à étudier diffère de tant d'autres dans lesquels nous voyons Jésus rendre la vue à des aveugles, en ce que l'évangéliste appelle notre attention sur le fait que le pauvre mendiant qui se tenait habituellement près de la porte du Temple, était aveugle de naissance. Jésus, en le guérissant, a voulu nous montrer que son secours suffit pour tirer une âme de la situation la plus désespérée, car « on n'a jamais ouï dire que quelqu'un ait rendu la vue à un aveugle-né, » et assurément rien ne représente mieux l'état naturel de l'âme, que celui d'un homme dont les yeux n'ont jamais vu l'éclat du jour, et qui, par conséquent, ne peut pas même se rendre pleinement compte de l'étendue de sa misère. Tel était le cas de celui qui nous occupe; aussi ne le voyons-nous pas rempli du désir de recouvrer la vue, comme l'aveugle qui criait à Jésus : « Fils de David, aie pitié de moi! »
Mais Jésus, dans son amour immense, dans la riche libéralité de sa grâce, donne souvent sans qu'on lui demande. Il voit cet homme qui ne le voit pas, il a pitié de lui, et avant même de lui faire soupçonner ses desseins de miséricorde, il s'arrête devant lui pour le toucher et le. guérir. La scène a changé, mais le Sauveur est resté le même; ses ennemis ne l'entourent plus pour lui tendre des pièges, mais il n'a pas besoin d'être persécuté et affligé lui-même pour compatir aux souffrances humaines. Aujourd'hui comme il y a dix-huit siècles, « il se fait trouver à ceux qui ne le cherchent point, il se manifeste à ceux qui ne s'informent pas de lui (1). »
Les disciples qui demandaient à Jésus : « Maître, qui. a péché, est-ce cet homme, ou son père ou sa mère, qu'il soit ainsi né aveugle? » avaient raison d'attribuer d'une manière générale les maladies et les infirmités humaines au péché qui les a introduites dans le monde; mais ils se trompaient en concluant de cette doctrine que chaque souffrance envoyée à un homme est la punition d'un péché particulier. Voilà ce que signifie la réponse du Sauveur: « Ce n'est pas que celui-ci ait péché, ou son père ou sa mère.»
Dans le nombre incalculable, hélas ! des affligés pour qui la terre est réellement une vallée de larmes., il y en a dont le partage est particulièrement douloureux sans qu'ils soient plus coupables que d'autres; souvent même ce sont les enfants de Dieu les plus avancés dans la piété et la sanctification qui sont le plus éprouvés. Il y a certainement là un mystère que nous ne pouvons chercher à comprendre sans entrer trop profondément dans l'examen de ces jugements de Dieu qui « sont un grand abîme; » mais ne nous suffit-il pas de la réponse de Jésus à ses disciples : « C'est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui? » «Les oeuvres de Dieu, » soit dans le coeur de son enfant, soit dans les dispensations de sa providence de Père, «les oeuvres de -Dieu, » manifestées dans l'enfant de Dieu pour la gloire de Dieu, voilà le but de ces afflictions qui nous paraissent souvent si mystérieuses. Que nous faut-il de plus?
PRIERE.
Il ne nous faut rien de plus, Seigneur notre Dieu, si tu nous donnes une foi vivante et ferme a cette parole de notre bon Sauveur. Fais-la-nous comprendre, recevoir, et appliquer à notre vie chaque fois que l'occasion s'en présente pour nous. Nous désirons, dans toutes nos épreuves et nos difficultés, nous rappeler que tu veux manifester tes oeuvres en nous; que tu veux, en nous fortifiant en toutes manières, faire éclater le pouvoir de ta force glorieuse; que tu veux, en ouvrant les yeux de notre esprit, nous révéler Jésus comme celui qui rend la vue aux aveugles, la santé aux malades et la vie aux morts. Que tes oeuvres te, louent, Ô notre Dieu, et que tes bien-aimés te bénissent, et que ceux qui ne te connaissent pas soient amenés à ta connaissance et à l'obéissance de Christ. Nous te le demandons pour l'amour de lui. Amen.
1. Ésaïe, LXV, 1.