Les sergents et les Pharisiens.
« Jamais homme ne parla comme cet homme, » disaient les sergents; combien ont éprouvé ce qu'ils éprouvaient alors, et ont rendu le même témoignage au Sauveur leur parlant dans l'Évangile! Plus d'un incrédule, après avoir entrepris la lecture des saints livres dans le dessein impie de s'en moquer ou de les réfuter, s'est vu contraint de reconnaître dans la Bible « la voix d'un Dieu et non pas d'un homme. » Mais cet aveu ne suffit pas s'il n'amène le pécheur à croire et à faire ce que lui dit cette voix divine; aussi Jésus avait-il pressé ceux qui se sentaient attirés vers lui par son enseignement, de saisir pour venir à lui l'occasion qui leur était offerte, le moment où leur coeur était touché. « Je suis encore avec vous pour un peu de temps... Vous me chercherez et vous ne me trouverez point; là où je vais vous ne pouvez venir. » Ils ne comprirent pas cette parole, mais nous savons qu'elle doit nous rappeler que « c'est aujourd'hui le temps favorable,), qui ne durera pas toujours.
Quand on néglige les appels de Dieu, le moment vient où l'on peut dire que le jour de grâce est passé; non que Jésus mette jamais dehors celui qui vient à lui, mais parce que le coeur s'endurcit au point de ne pouvoir plus désirer d'aller à Christ. Nous ne savons si les soldats et les autres auditeurs de Jésus arrivèrent à la foi qui sauve; mais sinon, quels sont aujourd'hui leurs regrets de n'avoir pas profité du temps où Jésus leur parlait pour recevoir sa parole et se donner à lui ! « Là où il est, ils ne peuvent plus venir. »
Quel naïf orgueil que celui qui perce dans la question des Pharisiens : «Avez-vous aussi été séduits? Y a-t-il quelqu'un des principaux et des Pharisiens qui ait cru en lui? » Malheureusement, ceux qui prétendent avoir la clé de la science religieuse et de la piété trouvent dans tous les temps tropde disciples. Il n'est que trop de personnes qui, soit indifférence, soit paresse, soit secret désir de ne pas rompre avec le monde et le péché, soit crainte de se faire remarquer en s'éloignant des chemins battus, se contentent de suivre le grand nombre et de dire : Pourquoi m'élever au-dessus de gens qui me sont supérieurs en croyant ou agissant autrement qu'eux?
Misérables excuses d'un coeur incrédule, insouciant ou lâche, qui ne demande, quand il s'agit des choses de Dieu, qu'à oublier sa propre responsabilité! « Chacun rendra compte à Dieu pour soi-même, » et quand nous devrons comparaître devant le tribunal de Christ, que nous servira-t-il d'avoir suivi ici-bas les conseils et l'exemple d'hommes pécheurs et faillibles, si nous n'avons pas, comme les Juifs de Bérée, examiné les Écritures pour voir si ce qu'on nous disait y était conforme, et pour nous conduire d'après les enseignements de cette Parole de Dieu qui peut sauver nos âmes? Heureux alors ceux qui, ayant besoin comme Nicodème de courage et de résolution pour manifester leur foi, auront eu ce courage et cette résolution, et se seront laissé tourner en ridicule, insulter, mépriser, rejeter peut-être, pour le nom de Jésus de Nazareth!
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, jamais homme ne parla comme toi, dont la Parole pénètre l'âme comme une épée à deux tranchants! Mais fais-nous la grâce de ne pas nous borner à te rendre cet hommage; que chacune de tes paroles, reçue dans un coeur docile, y porte du fruit pour notre salut et pour ta gloire. Donne-nous, donne à chacun de ceux qui entendent tes appels, de sentir sa responsabilité devant toi; fais-nous penser au jugement qui nous attend si, connaissant ces choses, nous ne les avons pas mises en pratique. C'est là une prière que nous t'adressons souvent, Seigneur Jésus; ah! que nous te l'offrions vraiment du fond de coeurs sincères et dociles : tu sais combien nous avons besoin que tu l'exauces. Amen.