Commencement du dernier voyage de Jésus. (1) (Lire Hébr., XII, 1-13.)
« Comme le temps de son élévation approchait, Jésus affermit son visage, résolu d'aller à Jérusalem. » Le moment de sa mort n'était pas encore venu; mais Jésus, qui jusqu'alors s'était presque toujours tenu en Galilée et n'avait fait à Jérusalem que de courtes apparitions, savait bien qu'en se disposant à exercer son ministère dans cette ville, et à exciter par là les passions de ses ennemis, il allait au-devant de la mort. Mais comme le moment voulu de son Père pour qu'il se rendit à Jérusalem était venu, il n'hésita pas, il « dressa sa face » ou « affermit son visage.» Il lui fallait de la résolution et de l'énergie. Jésus était vrai homme, et la perspective de la souffrance, de l'agonie et de la mort répugnait à sa chair autant qu'à la nôtre. Il lui fallut faire effort sur lui-même pour accepter une fois de plus ce déchirement qu'il avait en vue depuis le début de sa carrière terrestre, mais qui maintenant se montrait à lui dans toute son horreur, réel, prochain, inévitable pour notre salut. Qu'est-ce qui a soutenu le Sauveur dans ces moments terribles? La pensée de «l'élévation» qui devait suivre sa mort; l'attente de « la joie qui lui était proposée, » la joie de nous avoir sauvés et de s'être acquis le droit, une fois remonté au ciel, de nous préparer des places dans la maison de son Père. « Il nous a laissé un exemple afin que nous suivions ses traces. »
Nous aussi, regardons les souffrances et les difficultés de la vie comme des acheminements vers la gloire à venir; nous aussi, n'hésitons pas, pour l'amour de Jésus, à charger notre croix « lorsque la volonté de Dieu est que nous souffrions; » de cette manière, nous pourrons, nous aussi, grâce à Jésus, voir dans la mort notre « élévation.»
Les Samaritains qui refusèrent de laisser Jésus et ses disciples traverser leur pays, devinant qu'ils se rendaient à Jérusalem, eurent grand tort et se privèrent ainsi de la grâce de Dieu. Mais Jacques et Jean eurent tort eux-mêmes dans leur manière de les juger et dans leur empressement à les condamner. L'opposition des Samaritains venait de leurs préjugés nationaux plutôt que d'un mauvais vouloir à l'égard de Jésus personnellement. D'ailleurs, les sévérités de la loi devaient désormais faire place à la douceur de l'Évangile, et comment les disciples de celui qui venait pour chercher et sauver ce qui était perdu, pouvaient-ils désirer de faire mourir ces gens dans un état d'impénitence? Aussi Jésus adressa-t-il un blâme sévère aux deux frères, qui se croyaient zélés pour lui et en réalité se laissaient guider par un désir de vengeance.
Prenons garde à l'esprit qui nous anime lorsque nous cherchons à faire avancer le règne du Seigneur autour de nous, et, en combattant l'erreur et le péché, ne nous servons jamais de ces armes charnelles que Dieu ne peut bénir, l'emportement, l'ironie, le sarcasme, la médisance. Il vaut mieux se retirer, à l'exemple de Jésus, que de s'engager dans une lutte qui ne pourrait être soutenue d'une manière digne de l'Évangile.
PRIÈRE.
Seigneur notre Dieu, fais-nous comprendre à quel point il est vrai et sérieux que tu sondes les coeurs et les reins, et que nous devons veiller sur les sentiments qui inspirent nos actions. Que nous soyons fidèles dans notre vie extérieure, mais que nous le soyons aussi dans notre vie intérieure, que tu vois seul et que tu juges, dans ta sainteté, plus sévèrement que nous. Accorde-nous cette grâce, que l'exemple de Jésus soit partout et toujours notre modèle; et donne-nous, par ton Saint-Esprit, la force et la sainteté qu'il nous faut pour le suivre dans la foi. Nous te prions au nom de ce bon Sauveur que nous désirons glorifier par le témoignage de notre vie tout entière. Amen.
1. On ne peut ici faire coïncider exactement les récits des écrivains sacrés. Lue parle évidemment du dernier voyage de Jésus à Jérusalem, et pourtant il nous raconte dans les chapitres suivants une foule de faits dont nous avons déjà trouvé quelques-uns dans Matthieu. Il est probable que Jésus parcourut assez longtemps la Galilée avant de se rendre à Jérusalem pour la dernière fois. Nous choisirons dans le récit de Luc les traits principaux que Matthieu n'indique pas.