JEAN, VII, 1-10.

Jésus avec ses frères.

 

La fête des Tabernacles était une des trois grandes fêtes à l'occasion desquelles tous les hommes israélites devaient se rendre à Jérusalem pour y offrir des sacrifices dans le Temple. Nous avons vu que Jésus observait soigneusement ces institutions divines; il tenait à. accomplir toute justice, et sans doute aussi, il voulait nous engager par son exemple à garder soigneusement le souvenir des miséricordes de Dieu envers son peuple dans le désert. La fête des Tabernacles, en effet, avait pour but de rappeler aux Israélites le temps où leurs pères, étrangers et voyageurs sur la terre, avaient habité sous des tentes. Nous sommes aussi étrangers et voyageurs, et cela dans un sens bien plus réel encore et bien plus élevé : n'oublions pas que notre habitation terrestre doit être détruite, et assurons-nous que nous possédons dans le ciel un édifice qui n'a point été fait de main d'homme.

Un moment cependant Jésus partit ne pas vouloir se rendre à Jérusalem; il dit à ses frères : « Montez à cette fête, pour moi je n'y monte point encore... Et leur ayant dit ces choses il demeura en Galilée, mais quand ses frères furent partis, il monta aussi à la fête, non pas publiquement, mais comme en cachette. »

La conduite du Sauveur dans cette circonstance nous montre l'usage que nous devons faire de la vérité, usage réglé par la prudence chrétienne. Il faut être vrai en toutes choses et en toute occasion; mais ce n'est pas dire que nous ne puissions, lorsque cela est désirable, tenir caché ce que le prochain n'a pas besoin de savoir, ou ce dont il pourrait faire un mauvais usage. Jésus ne dit pas à ses frères qu'il ne monterait pas à. la fête; il dit seulement qu'il ne s'y rendrait pas encore, parce que son temps, l'heure de son bon plaisir et de son libre choix, n'était pas encore venu. Ses frères conclurent de ces paroles qu'il ne comptait pas y venir, ce que Jésus leur laissa croire parce qu'il avait pour cela de sérieuses et saintes raisons. Il ne voulait pas exciter inutilement, et plus tôt que nécessaire, la haine des Scribes et des Pharisiens, ce qui aurait certainement eu lieu s'il avait suivi le conseil de ses frères.

Ceux-ci le lui donnaient dans une intention que Jésus ne méconnaissait pas. « Ils ne croyaient pas en lui, » par conséquent ils éprouvaient à son égard cette sorte d'irritation plus ou moins dissimulée que le coeur naturel éprouve toujours pour la Vérité de Dieu. Ils ne pouvaient s'expliquer que, si Jésus était capable de faire des miracles, il ne cherchât pas à les faire là où ils auraient eu le plus de témoins et d'admirateurs; sans doute aussi ils regrettaient la gloire qui aurait pu en rejaillir sur eux-mêmes.

Comment des gens étrangers à la piété pourraient-ils donner des conseils aux chrétiens dans les choses du règne de Dieu? N'est-il pas évident que leurs avis, dictés par une sagesse charnelle, ne se rapporteront qu'à la terre et au temps présent?

 

PRIÈRE.

Fais-nous de plus en plus reconnaître, ô notre Dieu! la différence qu'il y a entre la sagesse du monde et ta sagesse, afin que nous éprouvions le besoin de juger non comme jugent les hommes, mais comme tu juges, toi, et comme nous voudrons l'avoir fait lorsque tu nous appelleras à te rendre compte de tout ce que nous aurons fait, dit ou pensé. Rends-nous prudents comme nous avons besoin de l'être dans ce monde de péché, où les tentations du dehors s'unissent pour nous faire tomber aux tentations du dedans, et donne-nous par ton Saint-Esprit le saint courage qui nous est nécessaire pour faire ta volonté et te rendre témoignage. Daigne nous exaucer pour l'amour du Seigneur Jésus et nous faire demeurer en lui. Amen.


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