La répréhension fraternelle. (Lire Gal., VI.)
Des gens qui vivent habituellement ensemble arrivent promptement à se connaître, hélas! d'une manière qui n'est certainement pas en tout point à leur avantage. Parmi les enfants du monde, le nombre est grand de ceux qui ne se font guère scrupule d'offenser leur prochain par des paroles ou par une conduite désobligeante; de ceux aussi qui se plaignent sans cause et à tout propos. Même parmi les enfants de Dieu, le péché, le péché qui est dans chaque coeur et que Satan cherche sans cesse à y développer, se glisse bien souvent dans les rapports des uns avec les autres: nous ne pouvons que le reconnaître en ce qui nous concerne nous-mêmes, et souvent. aussi nous sommes forcés de le reconnaître même à l'égard des personnes que nous aimons le plus tendrement.
Quel est alors le devoir du chrétien?
Le support? l'indulgence? l'humilité lui rappelant que les torts qu'il voit chez les autres, il les a souvent lui-même? Oui, mais ce n'est pas tout; il est des cas où se présente un autre devoir : celui de reprendre dans la charité le frère qu'on voit broncher. Ceci ne signifie pas que chacun de nous doive s'ériger en censeur des autres, et s'empresser de les critiquer lorsqu'il n'approuve pas leur conduite; il y aurait là un vaste champ. ouvert aux jugements, aux récriminations, à l'orgueil, aux mauvais sentiments qui s'éveillent si vite en nous, surtout lorsque nous sommes personnellement offensés. Mais ce que veut Jésus, c'est que jamais notre affection pour telle personne ne nous empêche de blâmer ce que cette personne peut faire de mal; c'est aussi que nous ne nous bornions pas à supporter en silence, par apathie, par crainte de blesser ou sous prétexte d'humilité, les péchés dont elle ne paraît pas s'apercevoir ou se repentir.
Charité bien fausse ou bien mal entendue, charité cruelle, que celle qui laisse le prochain offenser le Seigneur et compromettre son âme sans l'avertir du danger qu'il court! Qui sait? peut-être ne se rend-il pas bien compte de ce danger; peut-être, en lui montrant que nous blâmons sa conduite, verrons-nous qu'il n'avait pas les intentions que nous avons pu lui attribuer. Mais qu'il faut encore observer de ménagements! comme il est nécessaire d'agir avec amour! « Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le entre toi et lui seul. »
Des observations faites sans témoins, sans que rien fasse soupçonner un malin plaisir de trouver son frère en faute, n'ont rien de blessant, surtout s'il est évident qu'on les fait avec amour, avec sérieux, avec prière. C'est seulement dans des cas plus graves, et qui regardent plutôt la discipline de l'Église que celle de la famille, que Jésus veut qu'on prenne d'autres mesures.
PRIÈRE.
Que nous recevions dans un coeur docile chacun de tes commandements, Seigneur Jésus; mais enseigne-nous toi-même à les mettre en pratique de manière à te glorifier par notre obéissance. Tu sais qu'il y a parfois des pièges pour nous jusque dans les choses que tu nous commandes, parce que notre coeur est mauvais et que notre adversaire profite avec empressement de ses mauvaises dispositions. Tu sais en particulier qu'il nous est difficile, quand nous voyons notre prochain en faute, de le reprendre avec humilité,, avec charité et dans un esprit de douceur; tu sais aussi que nous n'avons pas toujours le courage de le faire, parce que nous craignons que nos observations ne soient mal reçues. Seigneur Jésus, aplanis toutes les difficultés de notre chemin, si tu le vois bon; et sinon, donne-nous de les surmonter dans ta force et sous ton regard. Amen.