Les didrachmes. (Lire Exode, XXX, 11-16.)
Pourrions-nous passer, sans les relever avec adoration, sur les paroles de Jésus à ses disciples concernant ses souffrances et sa mort? Elles tiennent peu de place dans le récit sacre; Jésus, semble-t-il, a toujours préféré s'étendre sur les avertissements qu'il sentait. le besoin de donner à ses disciples pour le moment où eux-mêmes seraient persécutés. Il pensait aux siens plus qu'à lui-même : à nous de lui rendre amour pour amour, et de penser à ses souffrances pour nous plus qu'aux nôtres pour lui; à nous de nous rappeler, en le bénissant, que pendant toute sa carrière terrestre il a eu en perspective un supplice que sa nature humaine redoutait, et devant lequel il n'a cependant pas faibli un seul instant; à nous de répéter sans cesse : Quel amour que celui de Jésus, qui n'avait pas besoin comme nous de passer par l'obscur chemin de la mort, et qui s'y est engagé volontairement pour nous sauver!
Le miracle de la pièce d'argent est fort intéressant et instructif. Jamais Jésus n'a fait un miracle inutile, ou dont le seul but fût de lui attirer l'admiration. Aussi, au premier abord, est-on tenté de s'étonner que dans cette occasion il n'ait pas eu recours à la bourse commune que portait Judas, ou à la générosité des amis « qui l'assistaient de leurs biens (1). » Mais aucun étonnement de ce genre ne tient devant un examen attentif de la Parole de Dieu. Le tribut dont il est ici question était, non un impôt civil (car alors celui qui le prélevait n'aurait pas laissé Jésus libre de ne pas le payer), mais une taxe religieuse, celle dont il est parlé dans Exode XXX. Dieu avait chargé Moïse de percevoir des Israélites un demi-sicle par tête « pour le rachat de leurs personnes, » c'est-à dire pour que chacun d'eux acquît une part directe dans les sacrifices pour le péché. En même temps, on regardait cette taxe comme un hommage rendu à Dieu, Souverain de son peuple.
Ces deux aspects de la question nous expliquent et nous font admirer la conduite de Jésus. Il n'avait pas de péchés à expier, donc pas de part à prendre dans les sacrifices expiatoires; il était Fils de Dieu, Dieu lui-même, donc, il n'avait pas à rendre hommage au Seigneur en lui payant un tribut. Il fallait établir clairement que l'impôt d'un demi-sicle ne le concernait pas, et pourtant il fallait ne pas scandaliser ces gens qui ne le connaissaient pas dans sa divinité absolue.
Jésus nous a toujours enseigné par son exemple à « accomplir toute justice, » nous pliant aux infirmités des faibles sans pourtant faire aucune concession à l'erreur, à l'incrédulité, au péché. Il agira encore ainsi, il paiera le tribut, mais il le paiera en Maître, en Dieu tout-puissant, il fera un miracle pour le payer.
PRIERE
Seigneur Jésus, que chaque trait de ta vie se grave dans notre esprit et dans notre coeur comme nu modèle que nous n'aurons qu'à suivre lorsque l'occasion s'en présentera pour nous. Fais-nous discerner les traces de tes pas sur cette terre de péché, et quand, grâce à toi, nous les avons reconnues, que nous les suivions avec empressement et joie. Reçois encore nos adorations, nos louanges, nos prières, et daigne, Seigneur Jésus, nous rendre tels, que notre conduite soit un constant et fidèle témoignage de, notre résolution de, te servir et de te glorifier. Guide-nous dans nos rapports souvent si difficiles avec ce monde qui est plongé dans le mal, qui ne t'aime pas, qui ne te connaît pas; donne-nous de te glorifier à ses yeux. Nous te le demandons au nom de tes compassions infinies. Amen.
1. Luc, VIII, 3.