Le lunatique. (Lire Éphés., III, 8-fin.)
Nous avons déjà étudié des guérisons de démoniaques au point de vue des enseignements qu'elles renferment sur l'action de Satan dans notre âme et la manière dont Christ nous en délivre. Aujourd'hui, nous nous attacherons aux leçons pratiques que nous donnent l'incrédulité des disciples et les reproches que Jésus leur adresse. Ces reproches : « 0 race incrédule et perverse. ... » n'étaient pas seulement pour eux; la foule qui entourait Jésus, prête à l'applaudir s'il accomplissait un miracle, prête aussi à oublier ce miracle l'instant d'après et à en demander un autre, y avait part; mais il est pourtant évident qu'ils s'adressaient tout d'abord aux disciples. Peut-être, en s'efforçant de guérir l'enfant lunatique, l'avaient-ils fait de manière à tenter Dieu., c'est-à-dire en doutant au fond de leur coeur; peut-être aussi, voyant qu'ils ne réussissaient pas aussitôt, avaient-ils conclu que le pouvoir qu'ils tenaient de Jésus était insuffisant, au lieu de persévérer dans la prière pour obtenir du Seigneur cette guérison.
Quoi qu'il en soit, ils avaient manqué de foi, et voilà pourquoi ils n'avaient pu remplir la magnifique vocation à laquelle Jésus les avait appelés en leur disant : « Chassez les démons. » L'incrédulité éloigne du Sauveur, et par conséquent empêche d'avoir part à ces grâces qui ne se trouvent que dans sa communion, Non-seulement elle déshonore Jésus, mais elle« l'attriste; et lorsqu'il la trouve chez les siens, surtout chez ceux qui ont déjà éprouvé sa puissance, son amour, son long support, elle fait plus que lui causer de la douleur> elle excite son indignation parce qu'alors elle devient de l'ingratitude.
N'aurions-nous pas à prendre pour nous le reproche de Jésus aux disciples? Ne trouverions-nous pas dans ce mot d'incrédulité l'explication du peu de succès avec lequel nous combattons souvent nos péchés dominants et nos mauvaises convoitises? Nous nous disons que sans doute la victoire nous est assurée, puisque Jésus nous l'a promise; nous faisons un effort plus ou moins timide; et parce que l'ennemi ne se retire pas à la première sommation., nous nous décourageons, et nous agissons, sans peut-être le soupçonner, sous l'influence de cette pensée que la tentation est trop forte, l'habitude trop invétérée, pour que Jésus puisse nous en délivrer! « Il ne faut pas qu'il en soit ainsi. » Il ne faut pas que notre foi soit une demi-foi, suffisante pour nous faire compter sur le Sauveur d'une manière générale, insuffisante pour nous donner une ferme attente et l'espérance de n'être confus en rien (1) » Jésus a promis : je recevrai l'effet de sa promesse, fallût-il transporter pour cela les montagnes de difficultés qui s'élèvent à mon horizon. Il les transportera, lui; tout ce qu'il demande, c'est que je le croie. Voilà l'oeuvre de la foi; ce qu'elle fait, elle ne le fait pas par elle-même, elle le fait en nous assurant que Jésus le fera.
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, accorde-nous et augmente-nous la vraie foi. Fais-nous croire, et croire fermement, que tu ne nous donnes jamais un commandement sans nous donner eu même temps la force de l'accomplir; fais-nous croire que la foi a les promesses les plus grandes et les plus merveilleuses, et que ces promesses sont certaines et immuables. Nous croyons, Seigneur, mais pas assez, hélas ! et nous sommes assurés que nous devrions croire bien plus encore, et que bien souvent tu dois être offensé de notre incrédulité. Aie pitié de nous et viens à notre aide; pardonne-nous nos doutes et nos défaillances; que, possédant tes promesses et sachant ce que tu as été pour nous dans le passé, nous comptions absolument sur toi pour l'avenir, convaincus que Celui qui a commencé sa bonne oeuvre eu nous la continuera jusqu'au jour de Jésus-Christ. Amen.
1. Phil- I, 20.