La transfiguration. 1.
Jésus avait dit que quelques-uns de ses disciples ne mourraient point avant de l'avoir vu venir en son règne, c'est-à-dire dans le déploiement de sa puissance divine. Il accomplit cette promesse quand, « six jours après, » il se montra transfiguré à Pierre, Jacques et Jean. Ces trois apôtres, que nous voyons généralement choisis pour rester auprès de leur Maître dans les moments où celui-ci jugeait bon de ne pas s'entourer de tous ses disciples, remplissaient auprès de lui les fonctions de ces trois témoins que la loi de Moïse exigeait dans toute occasion importante. Jésus voulait qu'ils pussent plus tard rendre témoignage de ce qu'ils voyaient; ce témoignage de leur part devait être d'autant plus nécessaire, que Jésus tenait, en général, à ce que ses prodiges ne fussent pas publiés. Nous ne pouvons pas savoir exactement quel était en cela le but du Sauveur. Peut-être y voyait-il un moyen de persuader enfin à ses disciples que son règne n'était pas de ce monde. D'ailleurs, les incrédules n'auraient pas ajouté foi au récit de ses miracles; et, qui sait? peut-être leur opposition aurait-elle même ébranlé la foi des disciples. « Il y a un temps de parler et un temps de se taire; » la Parole de Dieu nous impose le devoir de raconter les grandes choses que le Seigneur nous a faites, mais ce devoir doit être rempli avec sagesse et sous la direction du Seigneur. Il est des cas où parler de ces choses serait tomber dans l'orgueil, ou « jeter, des perles devant les pourceaux. »
Jésus se montra transfiguré à ses disciples pour les encourager, dans les moments difficiles qui allaient commencer pour eux, à tenir Ieurs yeux fixés sur « la joie qui lui était proposée » et qui les attendait, eux aussi; pour les bien convaincre que celui avec qui et pour qui ils auraient des afflictions dans le monde, était pourtant celui qui les ferait un jour asseoir avec lui sur son trône. Il nous est bon, dans les jours d'épreuves, de larmes, d'angoisses, de «regarder à Jésus, le chef et le consommateur de notre foi; » de le voir assis à la droite de Dieu, nous y préparant une place, afin que nous soyons avec lui « après que nous aurons un « peu souffert.» Cette contemplation adoucit les tristesses, et donne au chrétien des ailes pour traverser la vallée de larmes. Jésus transfiguré, revêtu de vêtements plus blancs que la neige et brillants comme l'éclair, c'est Jésus tel qu'il est, maintenant que sa nature humaine ne voile plus l'éclat de sa divinité; c'est Jésus tel qu'il nous apparaîtra quand il viendra en son avènement et en son règne: «Or, nous savons que quand il apparaîtra, nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est (1) . » « Tes yeux contempleront le roi dans sa beauté., et la terre lointaine (2). »
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, que cette pensée soit la source de notre joie en toi ! Te voir, être rassasiés de ta ressemblance, et, pour comble de gloire, être rendus nous-mêmes semblables à toi, il y a bien là de quoi nous faire passer comme par-dessus les difficultés et les afflictions de cette vie, si légères en comparaison de la gloire à venir qui doit être manifestée en nous ! Seigneur Jésus, apprends-nous à regarder à toi dès maintenant; fais-nous trouver dans cette contemplation ta justice devenant la nôtre, et la ferme confiance que lorsque nous aurons un peu souffert, nous qui aurons traversé la vie sur tes traces et en portant notre croix, nous recevrons la part que tu nous promets à la joie qui est ton partage. Nous te le demandons au nom de ton amour et de ton sacrifice. Amen.
1. 1 Jean, III, 2.
2. Ésaïe, XXXIII, 17.