MATTHIEU, XVI, 25-fin.

Le prix de l'âme.

(Lire Ps. XLIX.)

 

N'est-il pas particulièrement frappant, ce raisonnement par lequel Jésus veut nous amener à reconnaître que notre avantage le plus réel et le plus évident est de suivre les voies de la piété, quelque difficiles qu'elles nous paraissent, quelque renoncement qu'elles exigent? Et pourtant, que de gens qui ne le saisissent pas ou ne veulent pas s'y rendre! On reconnaît qu'il ne servirait de rien à un homme d'avoir conquis le monde entier, s'il devait payer cette conquête de sa propre vie; on convient aussi que si l'âme se perd, aucun trésor ne pourra la racheter; et cela admis, on n'y pense plus, on ne fait pas un effort non-seulement pour sauver son âme, mais même pour se rendre compte du prix qu'elle vaut, on l'abandonne à Satan sans même que ce soit en échange d'un monde !

Qu'ils sont misérables, en effet, les motifs pour lesquels des milliers et des milliers de gens se perdent éternellement! Pour l'amour de l'argent, du plaisir, du luxe, du bien-être, de tel ou tel péché qui semble petit, de mauvaises sociétés, de mauvais livres, on change la grâce de Dieu en dissolution. Souvent c'est pour moins encore: pour avoir mis de la paresse, de l'indifférence, à s'occuper de son salut, pour avoir écouté avec légèreté les appels de l'Évangile et les exhortations des chrétiens, pour n'avoir pas voulu se croire mort dans ses fautes et dans ses péchés! Tout ce dont Satan se sert pour retenir une âme loin de Jésus et de sa grâce, est le prix dont il paie cette âme; et quand il l'a achetée, qu'en fait-il?

Ah ! pensons, pensons au prix de l'âme, pour laquelle Christ a jugé qu'il valait la peine que lui, le « Dieu bienheureux, » quittât le ciel et souffrît la mort, même la mort de la croix ! Pensons au prix de notre âme et au prix de celle du prochain! Quand nous estimerons réellement la nôtre à sa valeur, comme nous trouverons facile, pour laisser Jésus la préserver du péché, la sanctifier et développer sa vie, pour tenir ferme notre couronne, de renoncer à nous-mêmes, au monde, aux convoitises du présent siècle mauvais ! Comme, dans les moments où le renoncement et les croix nous paraîtront particulièrement difficiles, nous aimerons à penser au ciel, à la venue de Jésus, à la gloire et au bonheur ineffable que nous aurons auprès de lui !

Et quand nous serons pénétrés du prix de l'âme du prochain, comme notre charité pour lui deviendra plus réelle et plus effective; comme nous éprouverons le besoin de faire connaître Jésus à ceux qui l'ignorent, d'aider dans leur marche vers le ciel ceux qui le connaissent et qui' l'aiment; comme nous mettrons plus réellement en pratique ce beau passage : « Conservez-vous les uns les autres dans l'amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle. Ayez pitié des uns en usant de discernement, et sauvez les autres par la frayeur, les arrachant du feu (1) ! »

 

PRIÈRE.

Seigneur, pour que nous sentions le prix de Pâme immortelle, il faut que tu nous le révèles toi-même, parce que nous sommes tellement attachés à la terre que rien de ce qui concerne les choses invisibles et éternelles ne parle assez vivement à notre esprit et à notre coeur. Fais-nous prendre au sérieux et dans leur saisissante vérité les mots de vie éternelle et de colère à venir que nous trouvons si souvent dans ta Parole, et que la pensée de ce que tu as fait pour sauver notre âme perdue nous porte à fuir le péché. Nous te demandons cette grâce pour nous et les nôtres, et aussi pour notre prochain quel qu'il soit; apprends-nous à l'aimer comme nous-mêmes, et à travailler à son salut en nous rappelant que celui qui par ta grâce ramène un pécheur de son égarement, sauve une âme de la mort et couvre une multitude de péchés. Exauce-nous, Seigneur, nous te prions au nom de Jésus. Amen.


Table des matières

1. Jude, 21-23.