MARC, VIII, 22-26.

L'aveugle de Bethsaïda.

(Lire Ésaïe, XLII, 1-18.)

 

Le miracle que Jésus accomplit en faveur de ce malheureux qui reçut de lui la grâce immense de la vue, se rapproche beaucoup de la guérison du sourd-muet dont saint Marc nous a déjà parlé. Ces deux miracles ont le même sens spirituel, le passage d'une âme « des ténèbres à la lumière, de la puissance. de Satan à Dieu; » mais celui qui nous occupe maintenant présente un trait qui ne se retrouve dans aucun autre récit des Évangiles.

La guérison de cet aveugle fut accomplie graduellement; il commença par voir d'une manière confuse, puis la lumière resplendissant à ses yeux augmenta d'éclat jusqu'à ce que le jour fût en sa perfection. Ainsi en est-il du sentier des justes, nous dit la Parole de Dieu; ainsi en est-il de ceux que Jésus convertit peu à peu. Il est des âmes sur lesquelles il se borne à prononcer la parole créatrice : «Que la lumière soit, » après laquelle il n'y a plus à ajouter que cet invariable témoignage: « Et la lumière fut.» Ces âmes-là passent par un renouvellement si radical, si profond, si subit, qu'elles ne peuvent que le constater sans se rendre compte de la manière dont le Seigneur a agi, et qu'elles disent avec l'aveugle-né de Jérusalem : « Je ne sais qu'une chose, c'est que j'étais aveugle et maintenant je vois. » D'autres, au contraire, sont amenés au Seigneur peu à peu, pas à pas.

La vérité se manifeste à eux d'abord comme une clarté indécise, puis par quelque côté qui frappe plus que les autres, puis enfin dans tout son ensemble, et l'oeuvre, l'oeuvre de grâce et de salut, est accomplie. Jésus veut nous montrer 'qu'il est abondant en moyens; tous les moyens sont bons, pourvu que ce soit lui qui les' emploie, lui qui prit par la main l'aveugle de Bethsaïda pour le mener hors de la ville : bienheureux les aveugles qui ont un tel Conducteur!

Remarquons-le aussi : ce que Jésus fit à l'égard de cet homme représente exactement ce qu'il fait pour notre éducation spirituelle., de même que ce qu'il fit autrefois à l'égard de ses disciples. Ceux-ci, à l'époque de la guérison de l'aveugle, commençaient à comprendre les vérités du ciel; mais que leur foi était faible et confuse, que d'erreurs et de préjugés s'y mêlaient! Il fallait l'action du Saint-Esprit dans leur âme pour les amener « à la parfaite connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'hommes faits, à la mesure de la parfaite stature de Christ. » Si nous avons reçu la grâce de Jésus, le don du Saint-Esprit, nous sommes plus avancés qu'ils ne l'étaient alors; maïs combien cependant notre vue .est encore imparfaite, auprès de ce qu'elle est appelée à devenir dans cette vie éternelle où « nous verrons face à face, » et où «nous connaîtrons comme nous avons été connus!

 

PRIÈRE.

Qu'il y ait là pour nous, Seigneur, le plus doux motif de paix et de courage. Puisque le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui augmente son éclat jusqu'à ce que le jour soit en sa perfection, fais que 'nous ne prenions pas notre parti de trouver si souvent en nous tant de misères et de péchés. Tu es notre Dieu fidèle, et puisque tu as commencé ta bonne oeuvre en nous, tu la continueras jusqu'à la journée de Christ. Que nous comptions sur toi, et que nous redoublions de confiance, de soumission, d'ardeur. Ouvre nos yeux, afin que nous ayons la lumière de la vie et que nous ne marchions plus dans les ténèbres. Fais-nous: demeurer dans la foi, étant fondés et fermes; rends-nous saints, sans tache et irrépréhensibles devant toi, afin que nous nous conduisions d'une manière digne de toi, pour te plaire en toutes choses, fructifiant en toute bonne oeuvre et croissant dans Li connaissance par Jésus notre Seigneur. Amen.


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