MATTHIEU, XVI, 1-4.

L'incrédulité volontaire.

(Lire Hébr., III.)

 

Nous l'avons déjà vu, si les Pharisiens demandaient des miracles, ce n'était pas qu'ils désirassent arriver à croire en Jésus; ils cherchaient, au contraire, à s'affermir dans l'incrédulité, en se persuadant que les miracles qu'ils avaient déjà contemplés ne suffisaient pas à prouver la divinité du Sauveur. S'ils avaient été de bonne foi, ils auraient reconnu que des prodiges comme la multiplication des pains, la résurrection du fils de la veuve, celle de la fille de Jaïrus, la guérison de tant de malades, de sourds, d'aveugles, prodiges qu'ils dédaignaient comme ne se rapportant qu'à la terre, étaient cependant « du ciel » en ce qu'ils ne pouvaient être accomplis que par un pouvoir céleste. Voila pourquoi Jésus les traita d'hypocrites, leur montrant que partout où ils n'étaient pas résolus à fermer les yeux à l'évidence, ils savaient bien discerner « les signes des temps. » Combien souvent, hélas 1 les gens les plus intelligents lorsqu'il s'agit des choses de la terre, se montrent dépourvus de bon sens et même de bonne foi si l'on essaye de diriger leur attention vers les choses spirituelles !

Le langage de Jésus revêt, lorsqu'il s'adresse aux Pharisiens, une rigueur qui étonne parfois au premier abord. Il les blâme énergiquement, il ne les ménage en rien. Mais cette rigueur n'exclut pas l'amour; il aimait ces Pharisiens coupables, orgueilleux, endurcis; un mot de Marc nous le prouve : en entendant l'incrédule demande des Pharisiens, Jésus « soupira profondément en son esprit. » Soupir de charité, soupir de tristesse, arraché au Sauveur par la vue de ces « perdus » qu'il était venu « chercher et sauver,» et qui repoussaient sa grâce.

L'amour le plus vrai peut se concilier avec la plus grande sévérité; on peut même dire que l'amour n'est saint et vrai qu'à la condition d'être inflexible à l'égard du péché, de même que la sévérité n'a d'efficace que s'il est bien évident que l'amour s'y joint. Les afflictions que Dieu, dispense à ses enfants, il les leur dispense dans son amour; voilà pourquoi « l'homme que Dieu châtie , est « bienheureux. » « Les blessures faites par celui qui aime sont fidèles (1). » Jésus, qui est doux et « ne contriste pas volontiers les fils des hommes, » ne déployait qu'à regret cette rigueur nécessaire; mais il n'a jamais hésité à la déployer, parce qu'il le fallait pour la gloire de Dieu et pour le vrai bien des hommes.

Son exemple nous enseigne que si nous devons aimer tout le monde, avoir des sentiments de bienveillance et de charité même pour les plus grands pécheurs, il nous faut pourtant distinguer avec soin entre eux et leurs péchés, et ne jamais témoigner, sous prétexte de charité chrétienne, la moindre indulgence au mal lui-même, sous quelque forme qu'il se présente, quelle que soit la personne qui le commet.

 

PRIÈRE.

Seigneur, nous avons besoin que tu accomplisses ta promesse, et que tu établisses en nous ta demeure, pour diriger et régler selon ta volonté non-seulement nos actions et nos paroles, mais nos pensées et nos impressions. Enseigne-nous à juger de toutes choses comme tu en juges toi-même, et à agir comme ton Saint-Esprit nous le dit de ta part. Il nous est difficile, dans nos rapports avec notre prochain, d'être à la fois charitables et fermes comme tu veux que nous le soyons. Daigne nous donner ce qui nous manque, nous éclairer, nous conduire, nous fortifier, nous sanctifier; rends-nous vraiment humbles, afin que nous ne soyons jamais tentés de nous conduire nous-mêmes, ou d'agir à l'égard de nos frères, d'après nos propres inspirations. Que nous te considérions dans toutes nos voies, et alors, Ô notre Dieu fidèle, dirige nos sentiers selon ta parole. Nous t'en supplions au nom du Seigneur Jésus. Amen.


Table des matières

1. Prov., XXVII, 6.