Guérison du sourd-muet. (Lire Ésaïe, XXXV.)
Dieu avait dispensé une grande épreuve à ce sourd-muet. Peut-être ne sommes-nous pas assez reconnaissants de pouvoir entendre ce qui nous est dit et faire librement part aux autres de nos pensées et de nos désirs; s'il en est ainsi, que l'idée des privations auxquelles ce pauvre homme était soumis, et qui excitèrent la compassion de Jésus, nous fasse apprécier nos privilèges, surtout celui de pouvoir entendre annoncer la Parole de Dieu et chanter les louanges du Sauveur. Apprenons aussi à ressentir de la sympathie pour ceux qui sont ainsi affligés, la sympathie qu'éprouvaient pour le sourd-muet de notre texte les gens qui l'amenèrent au Sauveur, le priant de lui imposer les mains.
C'était généralement en imposant les mains aux malades que Jésus les guérissait; mais dans cette circonstance il agit d'une manière tout autre. Pourquoi? Selon toute apparence, précisément parce qu'on l'avait prié d'imposer les mains au sourd-muet. Cela nous étonne-t-il?
Remarquons que Jésus ne refusa pas pour cela d'exaucer la prière des amis de cet homme; ce qu'ils voulaient, au fond, c'était sa guérison, et ils l'obtinrent.
Mais Jésus ne veut pas qu'on lui trace son chemin. Il n'est lié à aucune manière, il est tout-puissant, il est abondant en moyens, et il veut que nous le sachions pour que notre foi s'en augmente et que nous comptions absolument sur lui. Il y a quelque chose de particulièrement remarquable dans la manière dont il guérit le sourd-muet; le prenant à part, comme pour lui montrer que ses miracles étaient des grâces pour ceux qui en étaient les objets, bien plus encore que des preuves de sa puissance destinées à convaincre les incrédules; lui touchant les oreilles et lui mettant de la salive sur la langue, comme pour sanctifier l'usage qu'il ferait de ces organes; levant les yeux au ciel pour rappeler au sourd-muet que c'était par un pouvoir venu de Dieu qu'il accomplissait ce miracle; soupirant, dans sa pitié pour les infirmités humaines et plus encore, sans doute, pour les misères spirituelles dont celles du corps sont la conséquence et le signe; prononçant enfin un mot qui ouvrit certainement l'âme du sourd-muet en même temps que ses oreilles et sa bouche.
N'y a-t-il pas un rapport frappant entre ce miracle et celui que Jésus accomplit lorsqu'il rend une âme capable d'entendre et de recevoir la bonne nouvelle du salut? Aujourd'hui encore, ce compatissant Sauveur ouvre les oreilles fermées et délie la langue retenue; il fait que ceux qui sont sourds dans leur âme entendent la voix de sa miséricorde, et que «la langue des muets chante de joie.» Puisse-t-il prononcer sur chacun de nous son « Ephphatah » plein de puissance, et faire de nous des monuments de son amour et de sa pitié !
PRIÈRE.
Oui, Seigneur, dis à chacun de nous ce mot dans lequel résident une si grande puissance et une si grande bénédiction! Tu sais que nous ne pouvons ouvrir nous-mêmes ni notre coeur, ni notre esprit, ni nos yeux, ni nos oreilles; il faut que tu nous fasses même sentir que nous avons besoin de toi et de ton secours. Seigneur notre Dieu, fais pour nous, dans ton infinie compassion, bien au delà de ce que nous savons demander et même penser! Fais-nous faire les progrès que nous avons besoin de faire; que nous entendions tes appels, que nous voyions ta miséricorde à notre égard, et que nos lèvres soient ouvertes afin que notre bouche annonce ta louange. Que notre âme vive afin qu'elle te loue ! Certainement, notre coeur se réjouira en toi parce que nous avons mis notre confiance en ton saint nom. Que ta bonté soit sur nous, Ô Éternel, puisque nous nous sommes attendus à toi en Jésus notre espérance. Amen.