MATTHIEU, XV, 21-28.

La Cananéenne. 1.

(Lire Ps. XXVII.)

 

Quand Jésus se retira du côté de Tyr et de Sidon, il allait dans sa miséricorde au-devant de la. pauvre femme « qui venait de ces quartiers-là, » cherchant le Sauveur quoiqu'elle ne le connût pas encore et ne sût pas qu'il était si près d'elle. « Il n'est loin d'aucun de nous, » dit saint Paul; ceux qui ont appris à l'aimer l'aiment « parce qu'il les a aimés le premier, » et personne n'a essayé de venir à lui, qui ne l'ait trouvé venant à sa rencontre, et cherchant les bras ouverts celui qui le cherchait. Faisons-en l'expérience, si nous ne l'avons déjà faite; personne n'est pour cela trop loin de Jésus et de sa grâce, puisque cette femme, une païenne, un membre de cette nation dont il avait été dit : « Maudit soit Canaan, » a reçu une bénédiction, une abondance de grâce, qui excite une sainte envie chez les chrétiens de tous les temps et de tous les lieux.

Qu'est-ce qui poussait la Cananéenne à chercher le Sauveur? Sa détresse, son angoisse au sujet de sa fille; et quelle détresse, quelle angoisse ! De toutes les afflictions qui peuvent fondre sur des parents, celles qu'ils voient s'appesantir sur leurs enfants sont de beaucoup les plus douloureuses; et comment, pour des parents chrétiens, n'en serait-il pas surtout ainsi lorsque leurs enfants tombent au pouvoir du démon! Voilà l'amertume des amertumes, la douleur des douleurs; comme le cri de la Cananéenne en est la preuve : «Aie pitié de moi! ma fille est misérablement tourmentée par le démon!» Hélas! c'était un cas fréquent au temps de Jésus; ne l'est-il pas encore de nos jours? Le pouvoir de Satan sur l'âme est bien plus effrayant, que celui qu'il exerçait autrefois sur le corps. La seule ressource qui reste dans de telles circonstances, c'est la compassion de Jésus; de Jésus, auprès de qui toutes nos détresses doivent nous conduire, de Jésus, qui ne repousse jamais ceux qui vont à lui, s'appuyant sur ses promesses et comptant sur sa délivrance.

Mais Jésus n'agit pas avec tous de la même manière, parce qu'il proportionne les tentations à surmonter, les difficultés à vaincre, aux forces spirituelles de ses disciples. Il voyait la Cananéenne ferme dans sa foi, aussi voulut-il l'éprouver pour lui faire faire de nouveaux progrès, et ne parut-il pas tout d'abord disposé à l'exaucer. Il y a un fidèle amour dans les dispensations mêmes où le Seigneur se montre le plus sévère; aussi le croyant sait-il que toute prière entendue n'est pas toujours exaucée sur l'heure. Jésus est plus miséricordieux que ses disciples, qui disaient : « Renvoie-la, car elle crie après nous; » il aime, lui, qu'on crie après lui; et ce fut précisément pour obliger la Cananéenne à redoubler d'instance, d'ardeur dans ses supplications, à s'attacher à lui avec toujours plus de force, à lui arracher, pour ainsi dire, cette grâce qu'il ne retenait que pour la donner plus grande, qu'il parut un moment sourd à sa prière, qu'il lui témoigna même une apparente dureté.

 

PRIERE.

Que nous apprenions, nous aussi, à crier à toi, Seigneur Jésus; que nous apprenions à être persévérants et importuns dans nos prières, puisque nous savons que tu ne le hisseras jamais de notre importunité ! Que toutes les circonstances de notre vie nous amènent à toi et deviennent pour nous des occasions de prière; que nous fassions journellement l'expérience de la tendre miséricorde avec laquelle tu reçois ceux qui te prient, ceux qui viennent déposer à tes pieds le fardeau quel qu'il soit dont le poids les accable. Fais-nous sentir combien nous avons besoin de tes grâces, et enseigne-nous à te les demander. Tu as, promis de ne jamais mettre dehors celui qui vient à toi, tu as promis d'exaucer nos prières : nous nous appuyons sur ta promesse, nous comptons sur ta fidélité. Amen.


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