Les traditions pharisaïques.
Les Pharisiens, qui étaient hypocrites, étaient en même temps formalistes, ce qui est, du reste, une autre forme de l'hypocrisie. Ils attachaient une importance exagérée aux observances extérieures de leur culte, taudis qu'ils négligeaient complètement d'en étudier l'esprit. De plus, ils ajoutaient aux cérémonies prescrites par Moïse de la part de Dieu, une foule de traditions humaines auxquelles ils donnaient force de loi, et dans lesquelles, sous prétexte de zèle religieux, ils trouvaient souvent un moyen d'éluder les commandements divins. Notre texte nous parle d'une de ces traditions. Les Pharisiens prétendaient que lorsque un homme avait des parents pauvres et pouvait les secourir, si, au lieu de le faire, il donnait une certaine somme pour le trésor du temple, cet acte de générosité le dégageait de toute obligation à l'égard de ses parents. Fausse et déplorable doctrine qui ne devait trouver que trop d'adhérents.
Partout et toujours, en effet, on a vu le coeur naturel préférer aux commandements simples et précis que Dieu impose à notre obéissance, d'autres commandements peut-être aussi difficiles à garder, mais librement choisis et acceptés, et dans lesquels, sans s'en apercevoir, on cherche la satisfaction de sa volonté propre. Faire un choix entre les commandements de Dieu, ou se dispenser d'un devoir positif qui répugne en accomplissant une tâche que Dieu n'a pas assignée, ce n'est pas obéir au Seigneur; c'est s'obéir à soi-même et «anéantir le commandement de Dieu par la tradition. » Hélas! et c'est là ce que font, à l'exemple des Pharisiens, tant de soi-disant chrétiens! Combien il en est qui négligent leurs devoirs envers leur famille, leur entourage immédiat, leur Église, pour déployer ailleurs une activité qui obtient peut-être l'admiration des hommes, mais qui n'aura jamais l'approbation de Dieu! Dieu veut qu'on fasse ce qu'il veut, et comme il le veut. En particulier, Jésus nous le montre dans le passage qui nous occupe, Dieu veut qu'on regarde comme les premiers devoirs ceux de la vie de famille, et plus spécialement encore ceux qui ressortent du commandement : « Honore ton père et ta mère. » « Si quelqu'un n'a pas soin des siens, » dit saint Paul, « et surtout de ceux de sa propre famille, il a renié la foi, il est pire qu'un infidèle (1).
Qu'elles sont sérieuses les paroles du Seigneur Jésus sur la corruption du coeur humain ! Comment ne suffisent-elles pas à convaincre d'erreur ceux qui ne peuvent admettre que l'homme soit naturellement pécheur et dépravé? Le péché n'est pas hors de nous, il est en nous; « l'imagination des pensées du coeur des hommes n'est que mal (2); » ,« e coeur est ruse et désespérément malin (3) : » voilà ce qui rait que « nous sommes tous devenus comme une chose souillée, » et qu'il n'y a rien de bon à attendre de nous jusqu'à ce que nous ayons répondu au touchant appel du Dieu qui nous dit : «Mon fils, donne-moi ton coeur (4). » « Garde ton coeur plus que toute autre chose qu'on garde, car de lui procèdent les sources de la vie (5). »
PRIÈRE.
0 notre Dieu! nous découvrons chaque jour en nous bien des péchés, des souillures, des misères ; et combien tu dois en voir plus encore, toi qui es plus grand que notre coeur et (lui connais toutes choses ! Aie pitié de nous, et daigne, par ta puissance infinie, nous donner un nouveau coeur et un esprit nouveau. Sanctifie-nous par ton Saint-Esprit, et rends-nous capables de nous offrir à toi en sacrifice vivant, saint, agréable devant toi, ce qui n'est que notre service raisonnable. Nous voulons préférer La volonté à la nôtre, ou plutôt n'avoir d'autre volonté que la tienne ; que ce ne soit plus liens qui vivions, mais Christ en nous pour ta gloire. Nous te le demandons en son nom. Amen.
1. I Tim., V, 8.
2. Gen,, VI, 5.
3. Jér., XVII, 9.
4. Prov., XXIII, 26.
5. Prov., IV, 23.