La foi des uns et l'incrédulité des autres.
Pourquoi quelques-uns des disciples eux-mêmes trouvèrent-ils comme les Juifs cette parole de Jésus dure à écouter? Parce que l'oeuvre de Dieu n'était pas vraiment faite dans leur coeur, et qu'ils se laissaient guider par leurs appréciations charnelles. Plusieurs choses leur avaient déplu dans le discours de Jésus, particulièrement une des expressions que le Sauveur avait employées, celle de boire son sang. Il faut reconnaître que, surtout pour des Juifs, l'idée de boire du sang était extrêmement repoussante; mais ces disciples auraient dû soumettre leurs difficultés à Jésus, et Jésus leur aurait enseigné que ses paroles étaient « esprit et vie. » Le Seigneur avait prévu qu'ils se retireraient, et peut-être ses paroles si catégoriques avaient-elles pour but d'obliger ceux que le Père n'avait pas lui-même «attirés, » à se prononcer ouvertement.
N'avons-nous pas vu des personnes qui semblaient marcher selon la piété se retirer tout à coup pour retourner au monde? Elles ont trouvé le chemin trop étroit ou trop difficile, ou bien elles se sont laissé arrêter par quelque mystère que leur raison n'a pu comprendre, et qu'elles n'ont pas eu le courage d'accepter par la foi. Ces défections font de la peine aux vrais croyants qui en sont témoins, mais elles en font bien plus encore au Seigneur Jésus. Écoutons sa douce voix qui, pleine de tristesse , dit aux douze apôtres restés fidèles : « Et vous, ne voulez-vous point aussi vous en aller? » «Seigneur! à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle! » Puissions-nous nous associer de tout notre coeur à cette belle confession de Pierre! Voilà le langage de la foi, de la foi ferme et ardente, qui a fait l'expérience de la grâce de Jésus, et qui peut dire en vérité : « Nous avons cru, et nous avons CONNU, que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant! » « Ne vous ai-je pas choisis, vous douze? » poursuit Jésus.
Voilà pourquoi, tandis que les uns s'éloignent, les autres, fortifiés dans leur foi, se serrent plus étroitement encore autour de leur Sauveur. Il les a choisis; choisis par son amour et sa grâce toute gratuite; choisis du milieu du monde qui le méconnaît et le repousse; choisis pour entrer avec lui dans les rapports les plus doux et les plus intimes, pour être ses « amis, » ses « frères, » ses « serviteurs, » ses « témoins; » choisis pour partager son opprobre sur la terre et sa gloire dans le ciel!
Mais que d'amertume, au contraire, dans les paroles qui suivent! Parmi ceux que Jésus avait choisis, qu'il avait appelés de la manière la plus directe, et qui, même dans ce moment, semblaient lui être le plus fidèles, se trouvait un ennemi, un traître, un démon! Jésus le connaissait, mais aucun des autres disciples n'avait de soupçons à son égard, et probablement Judas lui-même ne s'avouait pas qu'il était, lui, ce démon. Quelle leçon! quel exemple ! Et comme il doit nous rappeler cet avertissement de saint Paul : « Examinez-vous vous-mêmes pour savoir si vous êtes dans la foi; éprouvez-vous vous-mêmes; ne reconnaissez-vous pas vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous? à moins que peut-être vous ne soyez réprouves. »
PRIERE.
Donne-nous de faire ce sérieux examen de nous-mêmes, ô notre Dieu! mais que par ta grâce il ne nous conduise pas à cette conclusion terrible! que nous puissions sans illusion, et en nous appuyant sur le témoignage de ton Esprit à notre esprit et à notre coeur, nous sentir en paix devant toi, par le sang de Jésus qui nous a réconciliés avec toi, Donne-nous de nous sentir assurés que nous sommes au nombre de tes disciples choisis et élus, depuis la fondation des siècles, et que rien au monde ne peut nous séparer de l'amour que tu nous as témoigné en Jésus-Christ. Nous ne voulons pas nous retirer de toi, Seigneur Jésus ; nous savons que ce serait notre perdition. Aide-nous à persévérer jusqu'à la fin. Amen.