JEAN, VI, 47-58.

Le pain de vie.

 

«Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger? » demandaient les Juifs, s'arrêtant toujours au sens extérieur des paroles de Jésus. Nous qui savons qu'elles sont « esprit et vie, » les avons-nous comprises dans toute leur étendue et reçues dans toute leur plénitude? Jésus est le pain céleste et vivifiant, c'est-à-dire l'aliment spirituel de notre âme.

De même que pour être rassasiés et nourris par le pain matériel, il ne nous suffit pas de savoir qu'il peut nous nourrir, il faut que nous le mangions, de même, pour que notre âme vive de Jésus, il faut non-seulement que nous croyions en lui, mais encore que par la foi nous le recevions d'une manière assez intime et assez profonde pour réaliser dans leur sens spirituel ces paroles : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui... celui qui me mangera vivra par moi. » Le mot chair, dans le Nouveau Testament, désigne la nature humaine tout entière, telle que le péché l'a faite, c'est-à-dire avec ses misères et son assujettissement à la mort; le sang désigne au contraire le principe de la vie.

En mangeant par la foi la chair du Sauveur et en buvant son sang, nous nous assimilons tellement ses souffrances, ses humiliations, sa mort, d'une part; et de l'autre sa nature glorifiée, sa « vie qui ne doit point finir, » que nous participons véritablement aux fruits de cette mort et de cette vie, que nous vivons de lui et par lui. Mais le pain matériel ne fait qu'entretenir la vie de notre corps; Jésus, vrai pain de vie, nous donne la vie éternelle; elle commence pour nous sur cette terre au moment où, affamés et altérés, nous allons chercher en lui la satisfaction de tous nos besoins : « Celui qui croit en moi a la vie éternelle, » nous dit-il. Et plus notre âme se nourrit de lui, plus la vie céleste se développe en elle, jusqu'à ce que les choses visibles et passagères faisant place aux invisibles qui sont éternelles, cette vie soit amenée à sa perfection.

Profond et impénétrable mystère ! mais mystère que n'ont pas de peine à recevoir ceux qui ont fait la bienheureuse expérience de la réalité de ces choses, et qui se nourrissent de Jésus. Quand nous méditons attentivement cette portion de la Parole de Dieu, comme nous comprenons que Jésus est vraiment le pain du ciel, le pain de Dieu, le pain de vie ! Pain qui nous est toujours offert, et dont nous sommes encore plus assurés que de notre pain quotidien; pain « qui donne la vie au monde, » et n'est pas, comme la manne, destiné à une partie seulement des créatures de Dieu; pain dont Jésus a pu dire : « C'est ici le pain qui est descendu du ciel afin que celui qui en mange ne meure point ! » Disons donc au Sauveur, mais avec plus de foi que ses auditeurs d'alors, avec tout l'amour dont nous devons brûler pour lui quand nous contemplons de si près l'amour dont il nous a aimés le premier : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là!

 

PRIÈRE.

Que notre âme ait faim de toi, Seigneur Jésus, puisque tu veux te donner à elle pour la nourrir et la faire vivre de la vie éternelle! Oh ! que cette portion de ton Évangile nous montre comme tout de nouveau l'intimité et la douceur des rapports que tu veux établir entre toi et nous. Seigneur Jésus, fais-nous entrer avec toi dans nue si profonde communion que nous vivions réellement de toi et par toi. Nous ne voulons rien attendre de nous-mêmes : tout nous vient de toi et de ta grâce; donne-nous de pouvoir dire avec ton apôtre que ce n'est plus nous qui vivons, mais toi en nous. Nous sommes à toi, et nous pouvons dire avec adoration que tu es à, nous pour le temps et pour l'éternité. Sois béni, sois éternellement béni, ô notre Dieu Sauveur, de ton don ineffable, de ton amour pour nous. Amen.


Table des matières