JEAN, VI, 30-46.

La grâce qui attire.

 

Que l'incrédulité était profondément enracinée dans le coeur de ces pauvres Juifs ! Aussitôt après avoir vu le miracle des pains et en avoir été frappés au point de vouloir faire de Jésus leur roi terrestre, ils l'oubliaient et demandaient au Seigneur une preuve plus éclatante de sa divine mission. Dieu, leur semblait-il, avait autrefois accompli un plus grand miracle en nourrissant les Israélites de manne pendant quarante ans dans le désert. Jésus avait essayé de tourner leurs pensées vers le pain céleste et vivifiant dont la manne n'était qu'un emblème; mais, à l'exemple de la Samaritaine, ils n'avaient pas saisi le sens spirituel de ces paroles, parce que leur coeur était fermé.

Hélas! notre coeur à tous est naturellement aussi fermé que le leur; nous sommes par nous-mêmes si éloignés de Dieu, si opposés à lui, que Jésus peut bien dire: «Personne ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire. » Il faut que la grâce gratuite et souveraine de Dieu touche notre coeur; sans cela, les raisonnements les plus clairs, les appels les plus pressants, les prodiges les plus merveilleux, ne feraient pas plus d'impression sur nous que la multiplication des pains n'en fit sur ceux qui la contemplèrent. Il faut que Dieu nous « attire» pour que nous « allions » à Jésus.

Mais que personne ne songe à s'autoriser de cette doctrine pour ne pas se convertir; que personne n'allègue que, puisqu'il n'a pas senti cet attrait, Dieu ne peut attendre de lui qu'il aille au Sauveur! Ces raisonnements mêmes montrent que la conscience a été atteinte, c'est-à-dire que Dieu lui parle. Ne cherchons pas à sonder cet insondable mystère de l'élection; « les choses révélées sont pour nous et nos enfants à jamais, mais les choses cachées sont de par l'Éternel notre Dieu. » Disons-nous seulement, puisque « chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même, » que nous avons, nous personnellement, une immense responsabilité, parce que Dieu a souvent 'cherché à nous attirer à lui. Si nous n'allons pas à Jésus, c'est que nous ne le voulons pas; il nous le déclare lui-même, parce qu'il veut que nous sentions notre responsabilité tout autant que notre impuissance.

Mais quand nous aurons reçu ce double enseignement de sa part, que nous serons salutairement effrayés, pensons aussi à cette autre déclaration de Jésus, à cette douce parole qu'il adressait aux mêmes auditeurs comme pour leur faire prendre courage: «Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi. » Précieuse, oui, précieuse assurance ! Tous ceux qui iront à Jésus, Jésus les recevra avec empressement et joie, sans condition aucune, sans rien demander d'eux sinon qu'ils se jettent dans ses bras ouverts. Allons donc à lui tels que nous sommes, avec notre lourd fardeau de péchés et de misères, d'incrédulité, d'endurcissement. Puisqu' il est « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, » il ôtera nos péchés et nous donnera ce qui nous manque. « Voici, je me tiens à la porte et je frappe...»

 

PRIERE.

Seigneur Jésus, pardonne-nous le peu d'empressement que nous mettons à t'ouvrir notre coeur. Nous reconnaissons avec honte et douleur que tu frappes souvent et longtemps sans que nous comprenions même que c'est toi qui nous demandes entrée, et que nous te traitons comme nous ne traiterions aucun ami terrestre. Et pourtant, Seigneur Jésus, tu es le bon berger qui connaît ses brebis et que ses brebis connaissent, dont elles entendent la voix et qui leur donne dès à présent la vie éternelle ! Viens établir en nous ta demeure; rends-toi victorieux de la résistance que le péché t'oppose en notre coeur, prends possession de ce coeur par ton pouvoir, et mets-nous avec toi dans cette communion bénie qui donne la vie, la force, la joie et la sainteté! Amen.


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