L'oeuvre de Dieu.
Après la multiplication des pains, Jésus s'était retiré seul sur la montagne et avait ordonné à ses disciples de traverser le lac pour se rendre à Capernaüm, parce que la multitude qui les entourait voulait le proclamer roi; les disciples, qui ne comprenaient pas encore pleinement la mission d'humilité de Jésus, auraient pu être entraînés par le mouvement populaire. C'est pendant cette traversée que Jésus les avait rejoints en marchant sur les eaux. Grand fut l'étonnement des gens qui les avaient vus partir sans leur Maître, s'étaient alors mis à sa recherche et n'avaient pu le trouver de tout un jour, lorsque, s'étant eux-mêmes transportés à Capernaüm, ils l'y virent avec les Douze. « Quand es-tu arrivé ici? » lui demandèrent-ils. Mais ils reçurent une réponse dont la sévérité contrastait avec la douceur habituelle du Sauveur: « Vous me cherchez... parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés.
C'était, en effet, ce motif tout charnel qui les amenait à Jésus; ils espéraient recevoir constamment de lui des grâces temporelles, et n'avoir plus à gagner leur vie à la sueur de leur front. Voilà comment Jésus accueille ceux «qui estiment que la piété est un moyen « de gagner du bien, » et qui y cherchent leur intérêt terrestre; il ne se trompe pas sur les motifs qui les animent, et sa voix pleine d'autorité leur dit comme aux Juifs: « Travaillez pour avoir non la nourriture qui périt, maïs celle qui demeure jusque dans la vie éternelle et que le Fils de l'homme vous donnera, car le Père, qui est Dieu, l'a marqué de son sceau.
Que signifie cette parole? Elle revient à ceci : Recherchez une nourriture qui puisse faire vivre votre âme; cette nourriture, c'est bien le Fils de l'homme qui vous la donnera, cependant vous avez besoin de travailler d'une certaine manière pour l'obtenir. Et quel est ce travail? demandèrent les Juifs; « que ferons-nous pour faire les oeuvres de Dieu? » La réponse de Jésus dut surprendre profondément ces gens à propre justice, qui pensaient sans doute que le Seigneur allait leur prescrire de nouveaux devoirs, plus difficiles encore que ceux de la loi de Moïse. « C'est ici l'oeuvre de Dieu, que vous croyiez à celui qu'il a envoyé. »
La foi ! voilà «l'oeuvre de Dieu » par excellence; l'oeuvre digne de lui, l'oeuvre selon lui, l'oeuvre qu'il demande et que, tout en la demandant, il accomplit lui-même en nous. C'est une oeuvre, en ce sens qu'il faut que nous passions par un travail très-profond, souvent très-pénible et très-prolongé, pour que notre coeur incrédule et orgueilleux se soumette au Seigneur et que nous renoncions à rien faire pour notre salut, Dans cette oeuvre-là nous avons bien notre petite part, nous avons notre concours d'humilité, de docilité, de bonne volonté, à prêter au Seigneur; c'est ainsi que nous sommes .appelés à être « ouvriers avec Dieu. » Et ce bienheureux travail, en nous donnant ce Jésus qui est la vraie nourriture de notre âme, nous fait vivre pour la vie éternelle. Travaillons donc à cette oeuvre de Dieu!
PRIÈRE.
Combien souvent, Seigneur, nous te cherchons, nous aussi, pour des motifs charnels; pour être secourus dans le besoin, relevés dans le découragement, consolés dans l'épreuve, tandis que nous t'oublions lorsque tout va bien pour nous ! 0 notre Dieu, fais-nous sentir tout ce qu'il y a là d'ingratitude et de péché; fais-nous sentir qu'en agissant ainsi nous t'obligeons à nous châtier pour nous faire rechercher les seuls vrais biens. Attire-nous à toi par la reconnaissance pour tes grâces de toutes sortes, autant que par le besoin que nous avons de continuer à les recevoir ; détache nos coeurs de la terre, et fais que nous éprouvions le besoin de te demander tes bénédictions spirituelles bien plus ardemment encore que tes bénédictions temporelles. Exauce-nous, Seigneur, pour l'amour de Jésus. Amen.