MATTHIEU, XIV, 13-21, et JEAN, VI, 1-13.

Rassasiement des cinq mille hommes.

 

Pourquoi le Sauveur voulait-il éprouver Philippe, ainsi que saint Jean nous le raconte? Parce que ce disciple, un des plus dévoués, un des premiers qui l'eussent suivi, était encore porté, cependant, à s'attacher au côté matériel des choses et à en perdre de vue le sens spirituel; le dessein de Jésus était de lui faire sonder sa foi, pour le rendre particulièrement attentif au miracle qui se préparait et le convaincre que l'oeuvre du Seigneur n'avait pas besoin du concours des moyens ordinaires. C'est toujours ainsi que la tendre sollicitude du Sauveur agit avec nous; chacun de ses disciples est conduit selon qu'il a besoin d'être conduit, est appelé à faire les expériences qui lui sont le plus nécessaires.

La foi des disciples avait bien besoin d'être encouragée et développée; dans cette circonstance, Philippe ne voyait qu'une difficulté insurmontable, puisque aucun d'eux ne possédait de quoi acheter ce qu'il fallait de pain pour nourrir cinq mille hommes : André avait bien une vague idée que Jésus pourrait tirer parti des cinq pains d'orge et des deux poissons qu'un jeune garçon avait apportés, mais il ne s'exprimait qu'avec réserve, n'osant pas entrevoir un miracle positif et ne se rendant nullement compte du moyen que Jésus pourrait employer. Ce moyen fut la seule et éternelle puissance du Sauveur; elle multiplia miraculeusement les faibles ressources qu'il avait à sa disposition. Souvenons-nous de cette leçon, et quels que soient nos besoins spirituels ou matériels, comptons absolument sur la puissance et aussi sur la bonté de notre Dieu.

Ce qu'il a fait autrefois à l'égard de ses enfants, il le fait, il le fera toujours; si nous ne soupçonnons pas comment il nous tirera de nos difficultés, sachons marcher par la foi. Jésus, qui « n'est pas un Dieu de confusion, mais un Dieu de paix,,,, et qui veut que «toutes choses se fassent avec ordre, » chargea ses disciples de faire asseoir le peuple sur l'herbe par rangées; puis il leur remit le pain pour le distribuer à la foule, et quand le repas fut achevé, il leur dit :« Ramassez les morceaux qui sont restés, afin que rien ne se perde. »

Recevons instruction. Que tout dans notre vie soit bien réglé; que notre temps, notre fortune, nos ressources les plus ordinaires soient administrés de telle sorte que nous en tirions le meilleur parti possible, que rien ne soit gaspillé, puisque tout vient de Dieu et doit être rapporté à sa gloire. Nous pouvons aussi appliquer ce principe à notre vie spirituelle. Si nous sommes attentifs à recueillir toutes les petites bénédictions, tous les petits moyens de grâce, tous les petits sujets de reconnaissance que Dieu nous donne, nous nous en trouverons bien, car le chemin des chrétiens en est semé, et bien souvent, s'ils languissent, c'est qu'ils laissent (se perdre» des grâces qui auraient dû alimenter leur foi et leur vie.

 

PRIÈRE.

Seigneur Jésus, tu es notre modèle aussi bien que notre Sauveur; enseigne-nous à recueillir et à nous appliquer les exemples que nous donne ta vie terrestre, afin que nous marchions sur la terre comme tu y as marché toi-même. Fais-nous retirer de la portion de ta Parole que nous venons de lire, la paisible assurance que tu n'as pas besoin des circonstances humaines pour accomplir ta volonté à notre égard; fais que dans les moments les plus difficiles nous comptions fermement sur toi et sur ton secours. Apprends-nous à marcher par la foi et non par la vue, à compter sur ton amour en toute chose, à discerner partout ta main, et ta direction, à être reconnaissants de ces grâces de détail que tu nous multiplies et que si souvent nous laissons passer inaperçues. Pardonne-nous notre ingratitude, Seigneur Jésus, pardonne-nous tous nos péchés, et enlève-les de nos coeurs par ta grâce. Nous te le demandons au nom de ton amour et de ton sacrifice. Amen.


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