Mort de Jean-Baptiste.
On se demande ce qu'il y a de plus saisissant dans de récit, l'horreur que fait éprouver la conduite d'Hérode et celle de ses complices, ou l'ardente admiration, la profonde sympathie qui remplissent le coeur pour le grand serviteur de Dieu dont la mort nous y est rapportée! Pour relever les principaux traits de ce tableau si émouvant, remarquons la faiblesse, la lâcheté d'Hérode, le tort immense qu'il eut, après avoir fait à Salomé une promesse téméraire, d'accomplir cette promesse à cause d'un vain point d'honneur; remarquons ses remords terribles, qui, joints à sa foi digne de celle des démons, lui firent croire que Jean était ressuscité des morts, mais ne l'amenèrent pourtant pas à la vraie repentance.
Remarquons Hérodias et l'affreux conseil qu'elle donne à sa fille : qu' ils sont à plaindre, les enfants que leurs parents font marcher dans les voies du monde et du diable, et quelle responsabilité pour les parents! Remarquons la jeune fille elle-même, sa légèreté, sa frivolité, devenue telle que la pensée de causer la mort d'un homme semble ne lui avoir pas causé la moindre émotion : comment la jeunesse,généralement si avide des plaisirs du monde, ne serait-elle pas, par cet effrayant exemple, rendue attentive à l'effet que ces plaisirs ont sur le coeur, qu'ils énervent, dessèchent et peuvent endurcir à ce point?
Enfin et surtout, arrêtons nos regards sur le grand prédicateur de la repentance, sur ce Jean-Baptiste que nous avons plus d'une fois déjà contemplé avec admiration, mais qui, dans ce dernier moment de sa vie, nous donne des enseignements plus frappants encore que ceux de sa prédication. Ah! c'est une retraite que le « Dieu qui est de tout temps et que d'être dans les bras éternels. » Jésus avait pris soin de fortifier la foi de Jean-Baptiste lorsque celui-ci lui avait envoyé ses disciples; il savait bien que son serviteur aurait besoin de toute l'énergie de sa foi, de toute la plénitude de sa paix, lorsque, possédant encore toute sa force et toute son activité, nourrissant l'espoir de reprendre son ministère pour glorifier son Maître, il se verrait tout à coup en présence d'un supplice obscur, sans témoins, sans l'humble gloire même de prêcher à ses disciples par son exemple.
Mais soyons sûrs que dans ce moment suprême, si court, si solennel, Jean-Baptiste n'éprouva aucune de ces défaillances,, aucun de ces doutes qui l'avaient assailli au commencement de sa captivité; soyons sûrs que son Dieu et notre Dieu lui donna tout ce qu'il lui fallait pour partir en paix : l'assurance que son martyre recevrait « la couronne incorruptible de gloire, » que l'oeuvre qu'il laissait inachevée serait reprise par un plus puissant que lui, et que sa mort serait plus utile encore à ses disciples que sa vie. Nous les voyons, en effet, privés du maître qu'ils aimaient trop, faire ce que ce maître n'avait pu obtenir d'eux : s'attacher à Jésus lui-même. « Ta fidélité est grande. »
PRIERE.
C'est le privilège de tes enfants, Ô notre Dieu, d'être fortifiés en toute manière par ta force glorieuse pour soutenir tout avec patience, avec douceur et avec joie : nous irons donc avec confiance au trône de grâce, pour être aidés au moment du besoin. Seigneur, rends-nous fidèles comme l'a été ton serviteur Jean-Baptiste, et glorifie-toi en nous comme tu t'es glorifié en lui. Nous savons que rien rie manque à ceux qui te craignent, parce que tu t'es engagé à pourvoir à tous leurs besoins ; accomplis à notre égard ta promesse que notre force sera telle que nos jours. Détache nos affections de la terre et de ses vanités, afin qu'aimant avant tout le Seigneur notre Dieu, le servant lui seul et marchant selon l'Esprit, nous soyons saints dans toute notre conduite et rendions honorable la doctrine de notre Sauveur.