Paraboles du grain de moutarde, du trésor, etc.
Les paraboles qui forment notre texte, et auxquelles saint Marc ajoute celle de la semence qui germe et croît, ne renferment pas de difficultés. Et pourtant, nous ferons bien de prêter une oreille attentive et docile à cette sérieuse question que Jésus nous adresse comme jadis à ses disciples: « Avez-vous compris toutes ces choses? » C'est qu'il ne suffit pas, pour les bien entendre, d'en saisir le sens, de les admirer, de les trouver frappantes de justesse; il ne suffit pas de pouvoir dire avec assurance: La parabole du grain de moutarde et celle du levain étaient dans la pensée de Jésus des prophéties de la manière dont le christianisme s'établirait sur la terre, commençant petitement et gagnant peu à peu le monde entier.
Celle du trésor et celle de la perle de grand prix nous montrent combien l'Évangile est précieux pour l'âme qui y a vu son seul moyen de salut et l'a reçu avec empressement. Celle du coup de filet se rapporte, comme celle de l'ivraie, à la manière dont les enfants de Dieu et les enfants du malin sont mélangés ici-bas et le seront jusqu'au jour du jugement. Il faut que nous comprenions ces paraboles comme il est nécessaire de comprendre tout l'Évangile pour être rendu par lui sage à salut, c'est-à-dire du coeur plus encore que de l'intelligence. Et l'on ne comprend du coeur, on ne 'saisit d'une manière intime et profonde, que lorsque l'expérience personnelle rend témoignage à la vérité de ce que dit la Parole de Dieu.
La question de Jésus revient donc à nous demander si nous avons fait l'expérience de ces choses; demandons-le-nous après lui. Ayant reçu dans notre coeur la semence sainte, avons-nous senti l'influence du Saint-Esprit, semblable au levain qui « fait lever toute la pâte,» renouveler nos affections., nos pensées, nos désirs, s'étendre à nos actions et envahir notre vie tout entière? Dieu règne-t-il en nous comme autour de nous ?
Le contact journalier avec le péché, l'empire du péché sur nous, nous causent-ils une souffrance réelle? Jésus est-il pour nous, pour nous-mêmes, le précieux trésor, la perle de grand prix, auprès desquels aucun bien terrestre, aucune source de jouissance n'a de valeur ? Reconnaissons-nous dans le fond de notre coeur que ce trésor et cette perle méritent que pour les acquérir on vende tout ce qu'on a, c'est-à-dire qu'on renonce à. soi-même et qu'on se donne, à celui qui veut posséder ceux qu'il enrichit? Et si, par la grâce de Dieu, nous pouvons à la question de Jésus : «Avez-vous compris ces choses ?» répondre en paix : « Oui, Seigneur, » souvenons-nous que nous sommes dépositaires d'un trésor semblable à celui du père de famille. « Que la parole de Christ habite donc abondamment en nous; » méditons-la de manière à en tirer les richesses spirituelles qu'elle renferme, ajoutant sans cesse de nouvelles expériences à celles que nous avons déjà faites.
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, fais-nous sentir par ton Saint-Esprit qu'il est possible d'avoir l'esprit frappé sans avoir le coeur ouvert, et que cette persuasion nous excite à te demander avec toujours plus d'ardeur d'ouvrir toi-même notre coeur à l'influence de ton Évangile ! Fais-nous sentir le prix des choses du ciel, et que ces choses deviennent toujours plus les nôtres par ta grâce, Explique-nous ta Parole sainte et applique-la à notre âme, afin que notre vie intérieure et extérieure soit conforme à ta volonté et te glorifie. Donne-nous en particulier de comprendre et de mettre en pratique les enseignements que nous donnent ces diverses paraboles. Que pour chacun de nous ta race soit vraiment la perle de grand prix, et que, non contents de te posséder, nous éprouvions le besoin de faire partager notre bonheur à d'autres, et de te témoigner notre gratitude par notre amour et notre zèle. Exauce-nous, Seigneur Jésus, pour la gloire de ton nom. Amen.