MATTHIEU, XIII, 24-30, 36-43.

La bonne semence et l'ivraie.

 

Ici, la semence, ce sont les enfants de Dieu; frappante image de l'oeuvre qui leur est confiée et dont ils auront à rendre compte quand viendra le jour de la grande moisson. Semblables aux grains que la main du semeur répand en pluie dans le sillon ouvert, afin que dispersés ils couvrent d'épis un terrain considérable, les chrétiens, témoins de Jésus-Christ, sel de la terre, lumière du monde, sont disséminés de manière à pouvoir, malgré leur petit nombre, porter la connaissance de l'Évangile sur tous les points de ce monde où Dieu les a placés.

Les fruits qu'ils doivent porter, ce sont des grains semblables à eux-mêmes; en effet, la grande mission des enfants de Dieu est d'amener des âmes à la foi qu'ils professent, et par elle au salut qui sera leur partage dans le grenier de Dieu. Mais pendant que sans bruit ils poursuivent leur oeuvre bénie sous le regard du Père de famille dont les serviteurs surveillent leurs progrès, hélas! une influence contraire à la leur, celle du grand ennemi des âmes, s'exerce auprès d'eux, parmi eux, même. Satan a semé de l'ivraie parmi le bon grain, puis il s'en est allé... Ah! il pouvait bien le faire sans craindre pour le succès de son oeuvre de destruction ! Il dit vrai, ce proverbe répandu dans le monde: la mauvaise herbe pousse vite et sans culture; quand une semence de Satan, si petite soit-elle, tombe dans notre coeur, elle y trouve un terrain bien plus propre à son développement qu'à celui de la bonne graine, elle y croit et y exerce de terribles ravages.

N'est-il pas humiliant de penser que lorsque le Dieu de bonté, de vérité, de sainteté, a répandu sa grâce dans un coeur, il a besoin de la cultiver sans cesse,, de la faire arroser par ses serviteurs et de lui donner l'accroissement, tandis qu'il suffit au prince de ce monde de jeter négligemment dans une âme quelque grain de malice, d'irritation, de méchanceté, d'orgueil, pour que son oeuvre se fasse sans qu'il s'en soucie davantage? Ce qui se passe dans notre coeur se passe aussi dans l'Église, où le mal, l'erreur., l'iniquité se glissent si facilement. Pourquoi en est-il ainsi? Pourquoi Dieu ne permet-il pas que l'ivraie soit dès maintenant séparée du bon grain ? Nous ne le comprenons pas; mais Dieu le sait, et Dieu nous dit qu'« il est nécessaire qu'il arrive des scandales. » Il faut, pour l'épreuve et l'affermissement des chrétiens, pour qu'ils aient l'occasion de lutter et d'exercer les grâces que Dieu leur accorde, qu'ils se trouvent aux prises avec le mal. D'ailleurs, ce mal n'est pas seulement autour d'eux, il est en eux-mêmes; comment donc l'arracher sans causer quelque dommage au bon grain?

Dieu nous donnera plus tard la raison de ces mystères; en attendant, soyons fidèles, et pensons au jour, terrible pour Satan et les siens, mais glorieux pour les enfants de Dieu, où le péché sera détruit, et où « ceux qui en auront amené plusieurs à la justice luiront comme les étoiles, à toujours et à perpétuité. »

 

PRIÈRE.

Rends-nous vigilants et fidèles, Ô notre Dieu, nous qui sommes entourés de tant de périls que nous ne soupçonnons même pas. Ce n'est pas contre la chair et le sang que nous avons à combattre, c'est contre les malices spirituelles qui sont dans les airs. Nous avons recours à toi, Seigneur Jésus, qui es plus puissant que le monde et qui, par la puissance qui agit en nous avec efficace, peux nous garder du péché et nous faire paraître sans tache en ta glorieuse présence. Combats pour nous notre ennemi que tu as déjà vaincu, empêche-le de faire son oeuvre en nous, et partout où il jette un grain d'ivraie, détruis ce grain dans son germe. Et puisque liens, qui avons le bonheur de te connaître comme notre Dieu Sauveur, sommes appelés à être dans ce monde de péché comme une semence de sainteté et de vie, donne-nous de répondre fidèlement à cette glorieuse vocation. Que nous portions beaucoup de fruit, un grain cent, un autre soixante et un autre trente. Amen.


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