Les similitudes de Jésus. (Lire Ésaïe, LV.)
N'avons-nous jamais été tentés de dire au Seigneur avec les disciples : « Pourquoi leur parles-tu par similitudes » ? Il semble parfois étonnant qu'au lieu. de donner à ses auditeurs des enseignements formels et précis, Jésus ait si souvent employé un langage figuré que nous-mêmes, plus avancés qu'ils ne l'étaient dans la connaissance des choses du royaume des cieux, avons besoin d'examiner de près pour le comprendre. Mais cet étonnement disparaît lorsque, partant de l'idée que Jésus a dû avoir en agissant ainsi un but d'amour et de miséricorde, on se rappelle que les Orientaux ont pour cette forme de langage une prédilection très-marquée, en sorte que les similitudes de Jésus n'avaient pas pour les Juifs ce quelque chose d'étrange et d'inusité qu'elles ont pour nous; bien plus, des allégories qui obligeaient à réfléchir et à chercher leur sens caché, parlaient plus vivement à l'esprit des auditeurs de Jésus que des exhortations on des enseignements proprement dits.
Ce fut, en effet, à cause de cela que Jésus eut recours aux paraboles; il nous l'explique lui-même dans sa réponse à ses disciples : «Parce qu'il vous est donné de connaître les mystères du. royaume des cieux; mais cela ne leur est point donné. » Il avait déjà à plusieurs reprises parlé d'une manière très-sérieuse et très-directe; son sermon sur la montagne, son discours sur sa divinité après la guérison de l'impotent, étaient certes parfaitement simples et clairs; il changeait maintenant la forme de son enseignement, pourquoi? à cause de l'incrédulité de ses auditeurs. Ceux-ci voyaient avec curiosité des miracles et des prodiges, mais ils écoutaient avec insouciance les appels du Sauveur et ne se convertissaient pas. Voilà pourquoi Jésus voulut leur présenter la vérité sous son aspect le moins connu et le plus attrayant.
Contemplons avec amour ce nouveau trait de sa condescendance, de sa patience infinie, et apprenons de plus en plus à expliquer par cette condescendance, par cette patience, par ce long support qui dépasse et confond notre imagination, tout ce qui nous paraît mystérieux dans la vie de notre adorable Sauveur. Apprenons aussi à imiter son exemple, à pratiquer la charité qui ne se lasse point, qui «supporte tout » parce qu'elle « espère tout; apprenons à employer tous les moyens que nous connaissons, à multiplier ces moyens, en multipliant tout d'abord notre amour et notre zèle pour mettre la sainte vérité de Jésus à la portée de tous ceux qui ne la possèdent pas.
Pendant que l'incrédulité aveugle l'esprit de ceux dont elle ferme le coeur, c'est le privilège des croyants de « connaître les mystères, » c'est-à-dire les choses cachées, de la vérité chrétienne. Parce qu'ils ont ouvert leur coeur à l'Esprit qui « conduit dans toute la vérité, » ils voient en quelque sorte se dérouler devant eux ces choses merveilleuses qui ont fait « l'objet des recherches et de l'exacte méditation des prophètes.» Quel privilège, en effet! Ah! sentons-nous réellement tout ce qu'il y a de bénédiction à pouvoir 'se dire : Il m'a été donné de connaître ces choses?
PRIÈRE.
Fais-nous sentir, ô notre Dieu, combien est immense et précieux notre privilège de connaître ces choses; mais donne-nous aussi de les aimer et de les pratiquer. Que ta vérité pénètre jusqu'à notre coeur, qu'elle le touche et le vivifie, afin qu'il se donne à Jésus sans réserve et sans partage. Quel amour que le tien, Seigneur Jésus! Nous savons qu'il est insondable et que nous n'en connaissons qu'une faible partie; fais-le nous mesurer, aide-nous à le reconnaître dans toutes tes dispensations à notre égard, même dans celles qui nous étonnent au premier abord. Que nous comprenions que nous ne savons rien et ne pouvons juger de rien, et que cette conviction nous porte à nous sur toi de tous nos soucis. Seigneur Jésus, reçois notre prière, et présente-la toi-même à ton Père et notre Père, à ton Dieu et notre Dieu. Amen.