Parabole du semeur.
Quelle sorte de terrain notre coeur offre-t-il à la prédication de la Parole de Dieu? Nous l'entendons annoncer du haut de la chaire; nous la possédons, nous la lisons chaque jour et nous en méditons un passage : à quel trait de la parabole du semeur nous reconnaissons-nous?
A l'égard de certaines gens, on peut être presque assuré d'avance que la Parole sainte glissera sur eux comme de l'eau sur du marbre, sans laisser la moindre trace: quel chemin parut jamais propre à être ensemencé? Fût-il bordé de fleurs, ombragé par de beaux arbres, passât-il même entre des ruisseaux d'eau courante, un chemin est sec, durci par les passants, la semence qu'on y jette ne pénètre pas au delà de la surface, et encore n'y reste-t-elle pas longtemps, car les oiseaux s'en emparent vite. Jésus compare à ces oiseaux Satan, que l'on a, non sans raison, appelé le voleur de sermons, et qui, lorsqu'il voit un auditeur distrait, a soin de lui faire promptement oublier jusqu'à la vague impression qu'a pu produire sur lui la Parole qu'on lui annonce.
Quelle prise a-t-on sur des personnes qui se sont laissé endurcir par la légèreté, l'insouciance, l'habitude de plaisanter de tout, même de leur âme et de leur salut, et qui, quelque aimables et séduisantes qu'elles puissent être d'ailleurs, sont pour le démon une proie facile? D'autres offrent plus de ressources et donnent plus d'espoir au premier abord, parce qu'on les voit désireuses de suivre Jésus et de le servir. Mais, hélas! cette résolution, prise avec entraînement peut-être, et sous l'empire d'émotions passagères, est peu raisonnée et peu profonde.
Essayent-ils de vivre selon l'Evangile, ils se voient en butte aux railleries du monde; peut-être leurs parents et leurs amis leur témoignent-ils de la froideur; et parce qu'ils ne sont pas bien affermis dans la foi, ils cèdent et reviennent en arrière. Ce sont les gens que Jésus compare au terrain pierreux ou rocailleux. Quant au soi dans lequel les ronces et les épines croissent en même temps que le bon grain, le Sauveur nous apprend que si nous voulons concilier le service de Dieu et le service du monde, aimer les choses de Dieu, la Bible, la prière, la société des chrétiens, sans renoncer toutefois aux plaisirs du monde, à la séduction des richesses, au « siècle présent, » en un mot, à tant de choses dont l'amour est naturel à notre coeur, ce sont ces choses-là qui y reprendront bientôt la première place, paralyseront nos meilleures résolutions et les feront même évanouir.
Voilà trois mauvaises sortes de terrain; hélas! pour trois mauvaises, il n'y en a qu'une de bonne dans la parabole; il n'y a qu'une classe de gens sérieux, droits, croyants, qui serrent la Parole de Dieu dans leur coeur, l'arrosent par la prière, la présentent aux rayons du soleil de justice, arrachent résolument de leur coeur tout ce qui pourrait nuire à son développement, et, « mettant la Parole en pratique, » abondent en fruits de sanctification à la gloire de Dieu. Pourquoi ceux-là sont-ils trop rares? La faute n'en est pas à la semence, mais à la terre dans laquelle elle tombe. « Prenons donc garde comment nous écoutons. »
PRIÈRE.
Pour que nous écoutions bien, et que ta Parole sainte ait sur notre coeur la bienheureuse influence que tu la destines à avoir, Seigneur notre Dieu, daigne nous l'appliquer toi-même par ton Saint-Esprit, et nous préserver du malheur d'être des auditeurs légers et oublieux. Nous avons bien souvent pris des résolutions dont tu sais la valeur et les résultats : ah! que nous renoncions à en prendre en comptant sur notre bonne volonté; que nous venions à Jésus pour qu'il produise en nous la volonté et l'exécution, faisant lui-même en nous ce qui lui est agréable ! Voici, Seigneur, nous nous remettons entre tes mains, daigne cultiver toi-même le terrain de notre coeur, et fais-nous porter des fruits de sainteté à la gloire de ton Évangile. Amen.