MATTHIEU, XII, 46-fin.

La mère et les frères de Jésus.

(Lire Ésaïe, LVI, 1-8.)

 

Pendant que Jésus parlait, sa mère et ses frères n'étaient pas au nombre de ses auditeurs: quelle leçon dans ce simple fait! Il nous apprend que les personnes à la portée desquelles Dieu a mis le plus de bénédictions et de grâces, sont souvent celles qui font le moins de progrès dans la piété, parce qu'on n'apprécie pas toujours à sa juste valeur ce qu'on se croit sûr d'avoir dès qu'on le voudra.

Combien souvent il arrive que des enfants élevés d'une manière chrétienne par des parents pieux ne parviennent pas à la foi, et, livrés à eux-mêmes, se conduisent plus mal que d'autres ! C'est que la vraie piété n'est pas une chose qui se donne de père à fils ou qui s'apprenne de maître à élève; et pourtant beaucoup d'enfants, beaucoup de gens appartenant à des familles pieuses, croient qu'il va presque sans dire qu'on ne peut manquer d'être chrétien et d'aller au ciel lorsqu'on porte tel nom honoré parmi les chrétiens. Probablement, la mère et les frères du Sauveur pensaient n'avoir pas grand'chose à apprendre de lui, autrement ils se seraient joints avec empressement à ceux qui l'écoutaient. Saint Marc nous apprend que leur but en le faisant appeler était de l'emmener avec eux «parce qu'on disait qu'il tombait en défaillance(1).»

Ce dessein prouvait leur affection pour lui; mais il prouvait en même temps que cette affection était mal entendue et qu'ils « ne croyaient pas en lui; » car s'ils avaient cru, ils auraient compris que sa nourriture était de faire la volonté de son Père, et surtout ils se seraient fait scrupule d'entraver son oeuvre en troublant ses auditeurs. Que de fois des frères, des parents, des amis, dont on ne peut mettre en doute l'affection et la sincérité, placent des pierres d'achoppement sur le chemin des enfants de Dieu, soit en leur prenant un temps précieux, soit en leur représentant qu'ils poussent le zèle jusqu'à l'exagération, qu'ils n'ont pas besoin de s'occuper de tarit de choses, ni de dépenser leur temps, leurs forces, leur fortune, comme ils croient devoir le faire! Que de fois la pensée de l'impression défavorable que ceux qu'ils aiment recevraient de telle détermination prise en vue du Seigneur et de l'avancement de son règne, a refroidi l'ardeur de chrétiens dévoués mais timides! Le démon n'avait pas réussi à arrêter Jésus par les calomnies des Scribes et des Pharisiens, il se servait maintenant pour y parvenir d'une visite peu opportune, mais au fond bien intentionnée, de ses plus proches parents.

En présence de deux devoirs dont l'un empêcherait l'accomplissement de l'autre, on doit choisir le plus grand. Jésus aimait sa mère; mais la gloire de Dieu et le salut de ses disciples passaient pour lui avant toute autre, chose. Quel encouragement pour les disciples que ce touchant amour de leur Sauveur! De tous les purs et vrais sentiments d'affection qui peuvent trouver place dans un coeur d'homme, il n'en est pas un seul qui ne se trouve aussi dans celui de Jésus pour ses rachetés, et cet amour est aussi puissant que le nôtre l'est peu!

 

PRIÈRE.

Oui, Seigneur Jésus, ton amour pour nous, ton merveilleux amour, qui nous confond et nous humilie parce que nous y répondons si peu et si mal, est pourtant notre joie, notre paix, notre seule espérance; c'est sur ton amour que nous nous reposons, c'est sur ton amour que nous comptons, pour la vie présente, pour l'heure de la mort et pour l'éternité. Fais-nous entrer avec toi dans cette douce et intime relation de membres d'une même famille; préside à notre vie, prends place à notre foyer, et 'que chacun de nous t'ouvre la porte de son coeur pour que tu y établisses ta demeure. Daigne délivrer de leur aveuglement spirituel tant d'âmes qui restent éloignées de toi par l'endurcissement de leur coeur ou par leur confiance en elles-mêmes, et donne-leur, donne à tous les nôtres, donne-nous à nous-mêmes, de recourir à toi toujours avec plus d'ardeur. Amen.


Table des matières
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1. Marc, Ill, 20, 21.