MATTHIEU, XII, 43-45.

Les appels négligés.

(Lire II Pierre, II, 17-fin.)

 

Il ne faut pas croire que tout soit dit lorsqu'on a repoussé un appel du Seigneur ou fermé son coeur à l'influence de quelque moyen. de grâce. Dans les choses qui appartiennent à la piété, il n'en est pas dont les résultats soient indifférents; il n'est pas de moyen terme, pas de juste milieu; ce qui pouvait sanctifier et ne sanctifie pas, fait devenir pire. Nous en avons un exemple dans l'histoire des Juifs. Pendant un temps ils possédèrent Jésus au milieu d'eux; sa prédication et ses miracles ébranlèrent le pouvoir du Prince des ténèbres, et l'on put croire que ce pouvoir allait être détruit. Satan alors, ainsi que nous le dit Jésus, chercha à conquérir sur les païens l'empire qu'il croyait perdre sur le peuple de Dieu; il parcourut « les lieux arides, » pensant y avoir plus d'influence que sur un terrain arrosé par la grâce divine. Mais qu'est-il arrivé?

« Le désert et les lieux arides se sont réjouis; » les païens ont reçu plus fidèlement que les Juifs la prédication de l'Évangile, et de nouveau Satan a vu ses plans déjoués. Alors il est revenu à son ancienne maison, et il l'a trouvée balayée et ornée, comme préparée pour son retour; les Juifs avaient repoussé le Sauveur, et le démon pouvait reprendre son empire sur eux avec d'autant plus de puissance qu'ils étaient, plus endurcis, « Il en sera de même pour cette méchante génération; » pour les auditeurs de l'Évangile qui l'admirent et veulent même, dans une certaine mesure, suivre ces préceptes, mais qui ne commencent pas par l'indispensable commencement, et ne se convertissent pas.

Ils font d'abord quelques progrès et l'esprit immonde se retire; mais quand plus tard il revient, Jésus n'est pas lui-même dans le coeur, le remplissant de sa présence et le vivifiant de sa vie, la maison est vide, balayée, ornée par des pratiques religieuses auxquelles on se fie pour se croire en sûreté, et bientôt le pécheur est devenu l'ennemi de la vérité pour n'en être pas devenu le disciple réel et fervent. C'est ce qui nous explique une chose malheureusement assez fréquente : que les gens qui connaissent quelque chose de la piété, s'ils ne sont pas réellement convertis, se montrent plus implacables dans leur opposition à l'Évangile pris au sérieux que les incrédules eux-mêmes. Prenons garde, en ce qui nous concerne personnellement, de ne pas dire « paix, paix, là où il n'y a point de paix ! »

Rappelons-nous que si Christ lui-même n'habite pas dans notre coeur par la foi, ce coeur est ou livré sans contrôle à l'action de Satan, ou vide, et Satan ne laisse pas longtemps vide la maison dans laquelle il projette d'établir sa demeure. Soyons donc « des temples du Saint-Esprit, » et saisissons avec un sérieux empressement, avec une sainte frayeur de n'en pas profiter assez, tous les moyens que Dieu nous offre de « croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. »

 

PRIÈRE.

Que les paroles de notre bouche et la méditation de notre coeur te soient agréables, ô Éternel, notre Rocher et notre Rédempteur! et que les enseignements que nous donne ton Saint Livre, au lieu de glisser sur notre coeur sans y laisser de traces, y pénètrent profondément, y germent et y produisent des fruits bénis. Qu'il n'en soit pas de nous comme de cet homme que les démons abandonnèrent momentanément pour reprendre ensuite leur empire sur lui avec plus de puissance! Tu as commencé ta bonne oeuvre en nous, poursuis et achève-la selon ta miséricorde et selon ta promesse ; fais que nous la secondions de tout notre pouvoir en étant dociles à tes appels, empressés à te suivre, joyeux et reconnaissants de ce que tu fais pour nous! Nous t'en supplions au nom de Jésus, ce Sauveur qui a paru pour détruire les oeuvres du diable. Amen.


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