Le péché irrémissible. (Lire Hébr., X, 19-fin.)
Parler contre le Père et le Fils, méconnaître l'amour du Père qui a envoyé son Fils dans le monde pour sauver le monde, et du Fils qui est mort pour nous sur la croix, c'est déjà un terrible péché. Mais ceux qui le commettent sont les incrédules, qui ne savent rien de la grâce du Seigneur; aussi, bien que leur condition soit effrayante puisqu'ils sont ennemis de Dieu et n'ont point la vie en eux-mêmes, on peut encore espérer que quelque circonstance bénie de Dieu ouvrira leurs coeurs à l'Évangile.
Mais supposons un homme qui, après avoir senti l'horreur du péché, après avoir cru et connu que le sang de Jésus est le seul espoir du pécheur, après avoir reçu le pardon de Dieu et le don du Saint-Esprit, en un mot, après avoir été converti, fermerait volontairement son coeur à l'influence du Seigneur, retournerait à son ancienne vie, et deviendrait de sang-froid et de parti pris l'ennemi du Maître au service duquel il s'était engagé... Oh! quelle ressource resterait-il encore pour cet homme? Quels appels pourraient encore faire impression sur lui et lui rendre le sentiment du péché? Son endurcissement serait devenu tel que rien ne pourrait fondre la glace de son coeur. Affreuse pensée!
Voilà ce que serait le blasphème contre le Saint-Esprit, c'est-à-dire le blasphème d'un homme qui aurait reçu et repoussé le Saint-Esprit; ce seul péché qui soit sans rémission, parce qu'il est sans repentance. Remarquons bien ceci: parce qu'il est sans repentance; « il est impossible,» dit saint Paul, « que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont été faits participants de la bonne parole de Dieu et des puissances du siècle à venir, s'ils retombent, soient renouvelés à la repentance (1).» Ce mot de repentance, quelle puissance il a dans ce passage!
Bien des âmes faibles et timides, dans un moment d'obscurité, d'abattement, de chute, hélas ! ont cru avoir commis le péché contre le Saint-Esprit, et se sont écriées : Il n'y a plus de pardon pour moi! Mais le fait même qu'elles gémissaient, qu'elles pleuraient, qu'elles regrettaient leur paix et leur joie perdues, qu'elles se repentaient, en un mot, prouvait qu'elles n'avaient pas commis ce péché. Quoi qu'il en soit, et dans quelque déplorable condition qu'une âme se trouve placée par sa propre faute, il est vrai, éternellement vrai, que quiconque va à Jésus est admis et non repoussé. « Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi. » Et toutefois, que celui qui est debout prenne garde qu'il ne tombe! « Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité,, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés. »
PRIÈRE.
Seigneur notre Dieu, tu nous dis à lotis : Veillez et priez; que celui qui est debout prenne garde qu'il ne tombe. Ah! nous avons besoin que tu graves toi-même ces sérieux avertissements dans notre coeur et que tu nous les remettes sans cesse en mémoire ! Préserve-nous de nous endormir dans un sentiment de propre satisfaction, de nous contenter du degré de foi ou de vie auquel nous sommes parvenus. Que nous fassions des progrès dans ta grâce, nous rappelant avec une sainte frayeur que sur le chemin de la vie éternelle quiconque n'avance pas recule, quiconque reste dans la tiédeur foule aux pieds le sang du Fils de Dieu et outrage l'Esprit de sa grâce. Garde-nous, Ô Dieu fort! car nous nous sommes retirés vers toi; mets-nous à couvert sous l'ombre de tes ailes; nous t'en supplions au nom du Seigneur Jésus. Amen.
1. Hébr., VI, 4, 5.