Les fausses imputations. (Lire Rom., VIII, 27-fin.)
«S'ils ont appelé le père de famille Béelzébul, combien plus appelleront-ils ainsi ses domestiques! » dit le Seigneur Jésus dans un autre endroit. Du temps de Jésus, on attribuait au démon les miracles du Sauveur; de nos jours, une piété décidée, conséquente avec elle-même et se manifestant par des oeuvres, est taxée de fanatisme, d'exagération, d'enthousiasme mal éclairé. L'accusation varie dans sa forme, mais elle provient du même principe : le désir de s'opposer à Jésus ou d'excuser son propre manque de foi, Il y a plus que de la lassitude, il y a une souffrance réelle, pour ceux qui, à l'exemple du divin Maître, s'efforcent de témoigner à tous un saint amour, à voir que si souvent une secrète malveillance les poursuit, que toutes leurs actions sont en butte aux critiques des uns et des autres, qu'on les soupçonne gratuitement de mauvais motifs, qu'on se défie de leurs meilleures intentions. Il faut alors aux chrétiens une ferme confiance que « leur oeuvre est devant l'Éternel et leur droit par devers leur Dieu, » pour qu'ils ne se laissent pas aller au découragement.
Mais comment se décourager, quand on voit Jésus lui-même aux prises avec ces difficultés et tenté comme nous en toutes choses? N'a-t-on pas poussé les fausses imputations à son égard jusqu'au mépris du plus simple bon sens? Lés Pharisiens pensaient-ils réellement que Jésus voulait faire l'oeuvre de Satan quand il ébranlait le pouvoir de Satan en chassant les démons hors des possédés ? Ils n'accusaient pas de la même manière ceux des leurs à qui Jésus avait donné la même puissance; pourquoi en voulaient-ils particulièrement au Sauveur? Il était de la plus claire évidence que pour pouvoir entrer dans la maison de l'homme fort, Satan, et piller son bien, c'est-à-dire lui ravir ses victimes, Jésus devait l'avoir auparavant lié, c'est-à-dire vaincu et soumis.
Mais, nous avons déjà eu lieu de le remarquer, voilà en quoi consiste la ruse infernale du grand adversaire: on accusait Jésus, on a quelquefois accusé ses disciples, de faire l'oeuvre de Satan, eux qui sont ses ennemis les plus acharnés et les plus redoutés; et pendant ce temps, « ceux dont le prince de ce monde aveugle l'esprit » et dont il se sert pour faire son oeuvre, sont égarés et trompés par lui au point de croire qu'ils s'opposent à lui et servent Dieu ! Les Pharisiens le croyaient, eux aussi! - Eh bien! Jésus s'est-il lassé, s'est-il rebuté devant la calomnie? N'a-t-il pas paisiblement essayé de convaincre ses ennemis, et de leur faire sentir à quel point ils se rendaient coupables en appelant « le mal bien et les ténèbres lumières » ? « Il nous a laissé un exemple afin que nous suivions ses traces. » « Il ne faut pas que le serviteur du Seigneur aime à contester, mais il doit être doux envers tous, propre à enseigner, patient; instruisant avec douceur ceux qui sont d'un sentiment contraire, afin devoir si quelque jour Dieu leur donnera la repentance pour connaître la vérité (1) »
PRIERE.
Seigneur notre Dieu, ce qui fait la paix de tes enfants au milieu des difficultés que leur suscite le monde, c'est la conviction que tu vois ces difficultés et que tu ne permettras pas qu'elles excèdent leurs forces. Tu sais que nous pouvons rarement faire un pas dans la voie de la fidélité à tes commandements sans nous heurter contre une opposition qui nous décourage, ou sans être assaillis de railleries ou de fausses imputations qui nous attristent trop profondément. Seigneur, que la paisible assurance que c'est à cela que nous sommes appelés, nous préserve d'attacher trop d'importance à ces jugements du monde, et nous encourage à marcher dans la force du Seigneur Éternel, sur les traces de ce Sauveur que le monde a toujours méconnu et repoussé ! Nous t'en prions pour l'amour de lui. Amen.
1. Il Tim., II, 24.