Le roseau cassé et le lumignon fumant. (Lire Esaïe, XLIII, 1-13.)
Partout où Jésus voit un peu de foi, un peu de vrai désir de l'aimer et de le servir, il n'agit pas à la manière des hommes; il ne commence pas par se demander si ce peu vaut la peine d'être développé, s'il y a lieu d'en attendre quelque chose; il ne méprise pas « les petits commencements,» au contraire, il les encourage, il en prend soin, il les cultive, parce qu'il est amour et patience bien au delà de ce que nous croyons.
Que ceux donc qui désirent, faiblement encore, mais sincèrement, aller à lui et devenir ses disciples, ne se laissent pas arrêter par leur peu de foi et par la crainte d'être repoussés. Ce faible désir, fût-il inaperçu ou dédaigné des hommes, est déjà à lui seul une grâce de Dieu, une oeuvre du Saint-Esprit; et le Seigneur promet que « Celui qui a commencé sa bonne oeuvre en nous la continuera jusqu'au jour de Jésus-Christ. » « Il rendra la justice victorieuse; » victorieuse de nos langueurs, de notre incrédulité, de l'indifférence que nous opposons souvent aux efforts du Seigneur pour nous sauver.
N'avons-nous pas lieu, quand nous «nous examinons nous-mêmes pour voir si nous sommes dans la foi,» d'être comme effrayés de notre peu de progrès « dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » ? Et en énumérant nos péchés de chaque jour, nos infidélités, nos désobéissances, ne devrions-nous pas nous demander si Dieu petit encore nous regarder d'un oeil favorable et prendre patience envers nous?
Combien souvent il nous faut reconnaître qu'au lieu d'être de fermes appuis de l'oeuvre du Seigneur autour de nous, de vives lumières brillant devant les hommes à la gloire de notre Dieu, nous ne sommes que des roseaux froissés et des lumignons fumants ! Eh bien! par la bonté, la patiente bonté du Seigneur, ce sentiment de notre indignité, tout en nous humiliant de plus en plus, ne doit pas nous décourager comme il le ferait si Jésus n'était pas ce qu'il est, le doux et miséricordieux Sauveur qui ne se lasse pas de pardonner et qui « sait bien de quoi nous sommes faits. »
Si, malgré nos péchés et nos misères, il voit en nous un coeur vraiment repentant, vraiment désireux de mieux répondre à son amour et de le mieux glorifier, il acceptera ce désir, il le bénira, et le faible lumignon, au lieu de diminuer et de s'éteindre, deviendra une flamme vive qui rendra témoignage au fidèle amour du Sauveur. Mais pour cela tenons-nous près, bien près de lui; il est « le soleil de justice, » et ce n'est qu'en nous exposant à ses bienfaisants rayons que nous serons « éclaires par sa clarté » et rendus capables de la refléter à notre tour. « L'a-t-on regardé? on en est illuminé. »
PRIÈRE.
Béni sois-tu, Seigneur Jésus, de ce que tu ne repousses pas les plus faibles, les moins avancés dans la foi, de ceux qui pourtant désirent sincèrement t'appartenir. Que deviendrions-nous si, pour demeurer dans ton amour, il fallait toujours avoir une foi vive et un zèle ardent! Tu es venu appeler à la repentance non les justes, mais les pécheurs; tu daignes nous dire toi-même que ce ne sont pas ceux qui sont en sablé qui ont besoin de médecin, mais bien ceux qui se portent mal : Seigneur Jésus, nous avons tous droit à tes soins et à ton amour, parce que nous sommes par nous-mêmes malheureux, misérables, pauvres, aveugles et nus. Mais puisque tu veux être toi-même notre portion et venir faire en nous ta demeure, nous sanctifier et nous enrichir de tes dons, nous nous remettons entre tes mains; accomplis en nous, de jour en jour, ton oeuvre de grâce, au nom de tes compassions infinies; fais toutes choses nouvelles et glorifie-toi par tes disciples. Amen.