MATTHIEU, XII, 13.

La main sèche.

(Lire Hébr., XI.)

 

Dans ces quelques mots si courts et si pleins, dans ce commandement de Jésus « Étends ta main,» et cette réflexion du narrateur sacré « Et il l'étendit, et sa main devint saine comme l'autre, » nous avons l'abrégé de tout ce que l'Évangile nous apprend sur la foi et son oeuvre : l'homme incapable de rien faire pour se sauver: un Sauveur puissant qui veut accomplir pour lui ce qui lui est impossible à lui-même; une délivrance offerte, entièrement gratuite, et pourtant un effort à faire pour se l'approprier; enfin le bienheureux résultat qui suit l'acceptation cordiale de cette délivrance. Si tout autre que Jésus avait dit au pauvre malade : « Étends ta main, » qu'aurait-il répondu avec raison?

Je ne puis pas, car ma main est desséchée par la paralysie; mais puisque c'est Jésus qui lui parle, cette même réponse prouverait un manque de foi et par là même le priverait de la grâce que Jésus veut lui faire : c'est au moment même où il tente d'obéir au commandement du Sauveur qu'il en reçoit le pouvoir. Voilà ce que. nous aurons souvent l'occasion de nous rappeler et de mettre en pratique dans le cours de notre vie chrétienne. Il nous arrive fréquemment de nous trouver en présence de devoirs, de tentations, d'épreuves, de sacrifices, qui nous paraissent au-dessus de nos forces, et auxquels cependant nous savons pour certain que le Seigneur nous appelle; cette conviction doit nous donner la paix et la confiance qu'elle donna à l'homme dont la main était sèche.

Dieu ne commande rien à ses enfants sans leur accorder en même temps le pouvoir de lui obéir; mais comme il veut que nous regardions à lui non pas une fois pour toutes, mais jour après jour et moment par moment, il ne nous donne son secours qu'à l'instant où il nous est nécessaire, jamais avant. Apprenons à vivre de sa force comme les Israélites vivaient de la manne dans le désert, recevant chaque jour ce qu'il en fallait pour le jour même, ne pouvant rien réserver pour le lendemain, mais paisiblement convaincus que le lendemain aurait soin de ce qui le regarderait. Vienne alors le moment d'accomplir une chose difficile, de surmonter une tentation qui paraît insurmontable, nous ne nous inquiéterons de rien, nous ne dirons pas : Je ne le puis, nous ne regarderons pas à nous-mêmes, mais nous regarderons à Jésus, et sans hésitation, sans défaillance de foi, nous étendrons notre main sèche. Que d'obstacles tombent ainsi, que de difficultés s'aplanissent sur le chemin des enfants de Dieu au moment précis où ils ont besoin de la délivrance du Seigneur! Oui, cette parole est vraie : « Je t'ai exaucé au temps favorable.

Marchons donc , dans la force du Seigneur Éternel. »

 

PRIÈRE.

Oui, Seigneur, que nous marchions dans ta force; que nous n'ayons recours qu'à elle, mais que nous nous reposions sur elle absolument et paisiblement. Donne-nous par l'exemple de cet homme dont nous venons d'étudier la guérison, un exemple de foi dont nous profitions et que nous ne perdions pas de vue lorsqu'il pourra nous être utile. Quand tu nous donnes un commandement quel qu'il soit, fais-nous la grâce d'attendre aussi de toi la force de l'accomplir, et de ne pas nous arrêter à considérer notre faiblesse ou notre impuissance; que nous ne disions pas comme Moïse : Je ne suis qu'un enfant et j'ai la parole empêchée. Tu nous appelles à marcher par la foi et avec foi; fais de notre vie la vie de la foi, pour ta gloire et pour le développement de ton oeuvre en nous. Exauce-nous, Seigneur, parce que nous te prions au nom de Jésus. Amen.


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