MATTHIEU, XII, 1-12.

Le Sabbat.

 

Le Seigneur Jésus touche ici a un sujet qui, depuis dix-huit siècles, a été pour les chrétiens l'objet de controverses souvent assez vives. Si nous essayions d'observer le Sabbat comme les Juifs, non-seulement nous nous chargerions de préceptes minutieux qui ne sont pas dans l'esprit de l'Évangile, mais encore il nous faudrait lapider quiconque les viole; et si nous disions que le repos du Sabbat a dû disparaître avec l'économie mosaïque, nous rabaisserions ce jour au niveau des autres et il ne serait plus pour nous le jour du Seigneur; or, il est écrit : « Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier.»

Il y aurait une remarque bien simple à faire et qui satisferait aux exigences de la conscience de chacun. Aussi bien cette remarque résout la question de la meilleure manière, c'est-à-dire au nom de la Parole de Dieu. Les nombreuses ordonnances de la loi de Moïse qui n'étaient que temporaires, et parmi lesquelles se trouvaient mille prescriptions de détail pour l'observation du jour du repos, ont passé, parce qu'elles avaient fait leur temps; mais en a-t-il été ainsi du Décalogue? Non; le Décalogue tout entier reste la loi des chrétiens aussi bien que celle des Juifs, et cette importance toute spéciale lui vient de ce que le Décalogue a seul été « écrit du doigt de « Dieu» sur des tables de pierre, Dieu montrant par là la stabilité de ces commandements qu'il donnait à son peuple, et chargeant Moïse d'enfermer soigneusement les tables de la loi dans le lieu Très-Saint.

Il en résulte, pour nous en tenir au point qui nous occupe, que nous devons soigneusement distinguer entre ce que le Décalogue nous dit touchant l'observation du Sabbat, et les préceptes 'innombrables qui se trouvaient dans les autres parties de la loi mosaïque, et dont les minutieuses défenses allaient même jusqu'à celle d'allumer du feu ce jour-là. « Le Sabbat, » nous dit Jésus, « a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le Sabbat; » c'est-à-dire que nous devons l'observer de manière qu'il nous soit un secours et non une charge. En même temps, le Sabbat est le jour de Dieu, que Dieu a mis a part pour que nous le consacrions à son service et à nos intérêts spirituels: voilà ce qui doit être pour nous la principale règle. Que chacun examine ensuite sous le regard du Seigneur ce qu'il peut ou doit faire ce jour-là, et ce dont il doit s'abstenir. « Que chacun agisse selon qu'il est pleinement persuadé dans son esprit; tout ce qu'on ne fait pas avec foi est un péché (1). »

Le commandement demeure: « Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier; » et l'Écriture y ajoute une riche promesse : « Si tu appelles le Sabbat tes délices, et honorable ce qui est consacré à l'Éternel... alors tu jouiras de délices en l'Éternel (2).»

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu et notre tendre Père céleste, apprends-nous, nous t'en supplions, à aimer le jour du repos, et à l'observer de la vraie manière, en en faisant un saint usage. Préserve-nous de suivre nos voies et de chercher notre volonté au jour qui t'est consacré. Qu'il nous soit doux, au contraire, de l'employer de manière à rendre évident aux yeux de tous que tes enfants regardent le Sabbat* comme ton jour et non le leur. Bénis nos dimanches pour le. bien de notre âme; que nous ne nous laissions jamais entraîner à en abandonner la moindre partie aux choses du monde; que chacun d'eux, passé sous ton regard, nous prépare par ta grâce une bonne semaine, jusqu'à ce que nous arrivions à cette éternité qui sera pour ton peuple un doux et glorieux repos. Nous t'offrons notre prière au nom de Jésus. Amen.


Table des matières

1. Rom., XIV, 5, 23.

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2. Ésaïe, LVIII, 13, 14.