JEAN, V, 40-fin.

La résistance du coeur.

(Lire Ésaïe XLII, 18-fin.)

 

S'il est une parole de Jésus qui ait dû être prononcée avec douleur et découragement, c'est bien celle-ci : «Vous « ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie.» Combien il fallait, pour dire cela, que le Sauveur eût souffert de l'incrédulité et de l'endurcissement de ceux pour lesquels il avait quitté les cieux et s'apprêtait à donner sa vie! Qu'est-ce qui s'opposait à ce que les Juifs crussent en lui? Était-ce leur attachement à la loi de Moïse ? Mais alors ils auraient étudié plus soigneusement les Écritures, comme le firent plus tard les Béréens (1), et auraient été amenés à comprendre que Jésus était venu «non pour abolir la loi et les prophètes, mais pour les accomplir. » Étaient-ce leurs préjugés?

Mais Nathanaël en avait aussi, et il reconnut pourtant en Jésus « le Fils de Dieu et le roi d'Israël. » Non; l'opposition que les Pharisiens firent à Jésus, et qui détermina celle de la multitude, venait de leur coeur et n'avait pas d'autre cause que leur volonté. Ils sentaient que, se donnant à Jésus, ils devraient renoncer à la considération dont ils étaient entourés. à l'ascendant qu'ils avaient pris sur le peuple, à eux-mêmes, en un mot; et cela sans pouvoir attendre de récompense terrestre, puisque « le Fils de l'homme n'avait pas où reposer sa tête. » Voilà pourquoi ils restaient dans l'incrédulité, ne se demandant ni ce que Dieu voulait qu'ils fissent, ni vers quelle issue ils se précipitaient, ainsi résolus à fermer les yeux et à se boucher les oreilles. C'est ce qui nous explique la sévérité avec laquelle Jésus leur parlait et les traitait d'hypocrites. Ah ! ce qu'il leur dit ne s'adresse-t-il pas à tous ceux qui le repoussent? « Vous ne voulez pas venir « à moi pour avoir la vie. »

Quelle est la vraie raison pour laquelle tant de pécheurs auxquels il offre son salut ne le reçoivent pas ? Faut-il les croire lorsqu'ils disent qu'ils ne peuvent arriver à la foi, recevoir le témoignage des chrétiens, admettre que pour être sauvé, il faille absolument croire en Jésus et se convertir? Non; car s'ils voulaient, ils ne refuseraient pas de demander au Seigneur de venir à leur secours dans ce qu'ils ne peuvent accomplir eux-mêmes, et le Seigneur le ferait; mais ce Dieu « qui sonde les coeurs et les reins » les voit en réalité rebelles et hostiles. Ils repoussent Jésus et sa grâce « parce qu'ils aiment mieux la gloire qui vient des hommes que la gloire de Dieu; » parce qu'ils comprennent que le service du Sauveur les obligerait à abandonner le monde., ses convoitises et ses plaisirs; c'est leur attachement avoué ou caché à ces vanités,, à ces pièges du démon, à tel ou tel péché, à telle habitude coupable, à telle source de dissipation, qui les domine et les retient. Ou bien ils ne veulent pas être chrétiens, ou bien, s'ils s'appellent chrétiens, ils ne veulent pas s'assurer qu'ils ont en effet le droit de porter ce beau nom; ils n'ont pas en eux-mêmes, Jésus le dit, ils n'ont à aucun degré « l'amour de Dieu. »

Peut-il y avoir une condamnation plus justement méritée que celle des pécheurs auxquels Jésus dira un jour : «Vous « n'avez pas voulu venir à moi » ?

 

PRIÈRE.

Nous te bénissons, Seigneur notre Dieu, de ce que tu triomphes du coeur le plus endurci, et en particulier de ce que tu as vaincu la résistance de notre propre coeur; ce que tu as commencé, tu l'achèveras; après nous avoir révélé Jésus comme notre Sauveur, tu nous feras marcher en lui sous ton regard, et tu nous feras arriver par lui à la possession de la vie éternelle. Seigneur, nous t'en supplions, accorde la même grâce à tous ceux qui ne la possèdent pas; soumets les coeurs les plus rebelles; amène captifs à la croix du Calvaire ceux qui cherchent un autre moyen de salut, et hâte la venue du glorieux jour où il n'y aura plus qu'un seul troupeau sous la conduite d'un seul Berger. Nous voulons venir à toi, Seigneur Jésus, prends-nous à loi pour le temps et pour l'éternité. Amen.


Table des matières
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1. Act., XVII, 11,