LUC, VII, 36-fin

Simon et la pécheresse.

 

Le pharisien Simon, tout en témoignant à Jésus de certains égards et en l'invitant à prendre un repas dans sa maison, n'éprouvait pour lui que la plus complète indifférence, et le montrait bien en négligeant d'observer à son égard les plus simples coutumes de l'hospitalité chez les Juifs. Sa conduite n'est-elle pas une image frappante du froid, indifférent, cérémonial hommage qui trop souvent s'adresse au Sauveur? Beaucoup de gens prétendent admirer ses enseignements et sa vie, tiennent même à être appelés chrétiens, qui n'ont conscience ni de leurs péchés, ni de l'oeuvre expiatoire de Jésus, ni de rien de ce qu'ils lui doivent. Quelle différence avec ce qu'éprouvent ceux qui ont fait une expérience personnelle de la grâce de Jésus, qui se sont humiliés dans le sentiment de leur indignité et ont reçu dans leur coeur, par le Saint-Esprit, l'assurance que la foi les a sauvés et que leurs péchés sont pardonnés! Que ceux qui n'ont pas fait cette expérience bénie en contestent la réalité et appellent ces choses mysticisme ou illusions, cela n'a pas lieu de nous surprendre; mais il n'en est pas moins certain que c'est là la vérité, la simple, mais immuable et puissante vérité.

Apprenons de la parabole des deux débiteurs à regarder le péché comme une lourde dette que tous, qui que nous soyons, nous avons contractée envers Dieu. Cette dette est certainement, pour ceux qui commettent les péchés les plus graves et les plus scandaleux, plus grande et plus lourde encore que pour les autres; mais qu'elle le soit plus ou moins, elle l'est toujours trop pour que nous puissions la payer. Quand nous vivrions dans le plus profond repentir, quand nous multiplierions nos efforts d'obéissance, nous ne ferions que ce que nous sommes obligés de faire et ne parviendrions pas à expier le passé. Mais Dieu est toujours prêt à pardonner; il attend pour faire grâce en ce Jésus, qui « a déchiré l'obligation qui nous était contraire, et l'a entièrement annulée en l'attachant à la croix. »

Que notre repentance et notre impuissance nous amènent à Christ, notre transgression est quittée, notre péché est couvert; et quelle reconnaissance pleine d'amour que celle d'un coeur ainsi mis au. large 1 Plus le poids du péché s'est fait lourdement sentir, plus vive est la joie de la délivrance, plus profonde la gratitude et plus intense le besoin de la témoigner. Les péchés de cette femme sont nombreux et elle en reçoit le pardon : voilà pourquoi elle aime beaucoup, elle aime de tout son coeur et de toutes ses forces, le Sauveur qui l'a aimée le premier; tandis que « celui « à qui il a été moins pardonné aime moins. » Mais pourquoi lui est-il moins pardonné? Parce que son orgueil l'empêche de se voir tel qu'il est et de demander grâce. Qu'il s'humilie, qu'il supplie le Seigneur de lui ouvrir les yeux sur sa propre misère, et lui aussi apprendra à aimer Jésus!

 

PRIÈRE.

Seigneur Jésus, donne à chacun de nous, nous t'en supplions, un vif et profond sentiment de son état de péché, afin que dans notre reconnaissance pour ce que tu as fait pour nous, nous t'aimions comme nous devons t'aimer! Béni sois-tu de ce que nous savons que tu as payé notre dette ! Que nous ne nous bornions pas à le savoir, que nous le sentions, et qu'ainsi la connaissance de ton amour pour nous nous rende ardents dans notre dévouement et dans notre zèle pour ta gloire. Tu nous as rachetés à grand prix; nous savons que nous ne sommes plus à nous-mêmes, nous t'en bénissons, et nous reconnaissons que notre service raisonnable est de te glorifier dans nos corps et dans nos esprits qui t'appartiennent. Donne-nous de marcher sans broncher jusqu'au jour de ton avènement, étant remplis par toi des fruits de la justice, qui servent à ta gloire et à ta louange. Reçois notre prière, et exauce-la, Seigneur Jésus , notre Sauveur. Amen.


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