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EXAMINEZ TOUTES CHOSES; RETENEZ CE QUI EST BON !

(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

 JUILLET

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1 JUILLET.

 

Pour moi, m'approcher de Dieu, c'est tout mon bien; j'ai assis ma retraite sur le Seigneur, l'Eternel, afin que je raconte tous ses ouvrages. (PS. LXXIII, 28.)

 

Tout notre bien est compris dans un bien unique dont il faut s'approcher. S'en détourner, c'est se détourner après des choses de néant, qui ne nous apportent aucun profit et qui ne nous délivrent point, parce que ce sont des choses de néant. La pente de notre nature déchue nous entraîne vers ces choses, et il faut bien des travaux de Dieu pour retourner notre coeur vers la vérité et vers la vie. Il ne suffit même pas de nous approcher de Dieu, il faut que notre retraite soit assise sur lui sans varier. Sommes-nous des âmes ainsi fondées? Peut-être avons-nous eu déjà bien des secousses, peut-être en aurions-nous encore; mais quel sera le résultat final de tout cela? On n'est heureux que quand on est fermement assis en Dieu ; aussi le juste est-il comparé à un fondement perpétuel. La vraie fermeté est plus qu'une confiance naturelle ; elle consiste dans le témoignage du pardon de nos péchés et dans l'assurance de notre salut. L'indécision, les fluctuations de la vie, viennent du vague dans lequel on vit sur l'article du péché. Ce n'est que par un miracle qui, pour n'être pas sensible à la vue, n'en est pas moins miracle, qu'une âme commence à être travaillée et à sentir qu'elle n'a rien de ferme parce qu'elle n'a point de paix. Il faut l'influence d'un esprit nouveau pour que nous nous approchions de Dieu d'une manière véritable. Mais dès que le péché devient vivant, Jésus-Christ devient vivant aussi. Nos mauvais fondements sont ébranlés, notre justice propre reçoit un coup de mort, et la foi devient en nous la puissance de Dieu et la victoire sur le monde. Approchons-nous de Dieu jusqu'à ce que nous puissions dire : Il est tout mon bien; j'ai assis ma retraite sur le Seigneur, l'Éternel, afin que je raconte tous ses ouvrages.

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2 JUILLET.

 

Celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c'est Dieu, qui nous a aussi marqués de son sceau, et nous a donné dans nos coeurs les arrhes de son Esprit. (2 Cor. I, 21, 22.)

 

Les enfants de Dieu sont marqués. Ils ont reçu dans leur coeur le commencement d'une vie nouvelle. Ce signalement spirituel est l'avant-goût, les arrhes de leur héritage céleste; ce n'est pas encore la gloire qui doit être manifestée en eux. Mais où il y a une oeuvre de l'Esprit, quelque faible qu'elle soit, il y a aussi une oeuvre de croissance. Le développement des apôtres s'est fait comme le nôtre : Dieu, qui les avait oints, les affermissait comme nous en Christ. La sanctification n'est donc pas autre chose qu'une mesure toujours plus abondante de la vie de Christ, notre chef. Semblable à cette huile précieuse qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe et découle sur le bord des vêtements, l'onction de Dieu se répand dans l'homme intérieur et fait croître et avancer, pour la vie éternelle, tous les germes divins qui sont en lui. Dieu seul, il est vrai, voit ce qui s'affermit et ce qui est en croissance. Un vrai chrétien ne sait pas qu'il grandit; il conserve toute sa vie le sentiment de sa pauvreté spirituelle, mais parce que Christ est descendu dans ce fond de néant, - Dieu l'affermit en Christ et fait parvenir ce pauvre pécheur à l'état d'homme fait et à la mesure de la stature parfaite de Christ. Laissons-nous affermir, et nous serons affermis; jugeons en nous l'esprit du monde, l'esprit du péché et tout ce qui résiste à Dieu. Quand Dieu aura la main libre, il nous fera sentir l'infinie grandeur de sa puissance envers ceux qui croient, il nous sanctifiera parfaitement, de sorte que, tout ce qui est en nous, l'esprit, l'âme et le corps, sera conservé irrépréhensible pour l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ.

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3 JUILLET.

 

Pères, n'aigrissez point vos enfants. (Ephés. VI, 4.)

 

Le meilleur système d'éducation est de n'en pas avoir. Il n'y a pas deux enfants qui se ressemblent, et si nous arrivons avec une méthode toute faite, il se trouvera que notre théorie sera ordinairement insoutenable au moment de l'application. Les circonstances atténuantes ou aggravantes sont si nombreuses que l'on est obligé, selon les cas qui se présentent, de modifier sans cesse les déterminations qu'on avait prises. Mieux vaut donc ne rien préciser d'avance. Le grand point dans l'éducation, c'est de rester maître de soi-même et de ne point aigrir les enfants. Soyons alternativement doux ou sévères, suivons à leur égard la marche que Dieu suit à notre propre égard, mais possédons-nous toujours. Un enfant voit très bien quand son père se passionne, et un homme qui s'emporte a toujours tort. Il y a un discernement spirituel qui nous vient de l'Esprit de Dieu et qui vaut mieux que tout un catalogue de règles. Remettons-nous tous les matins sous la verge de cet Esprit; il est l'Esprit de sagesse et d'intelligence, l'Esprit de conseil et de force, l'Esprit de science et de crainte de l'Éternel. Les directions de l'Esprit sont bien nombreuses, quoiqu'il n'y ait qu'un seul Esprit. Suivons ces directions, cherchons-les dans la Parole et dans l'oeuvre de la Parole en nous. De cette manière nous discernerons l'Esprit de Dieu de notre propre esprit, et dans le champ si vaste de l'éducation, nous serons préservé de l'arbitraire. Nos enfants nous voyant agir avec un esprit d'autorité où la bonté se rencontre avec la vérité, où la paix et la justice s'entre-baisent, céderont à cette influence qu'ils trouveront toujours la même, malgré la variété des circonstances.

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4 JUILLET.

 

Ne vous inquiétez d'aucune chose, mais exposez vos besoins à Dieu en toutes occasions, par des prières et des supplications avec des actions de grâces. (Phil. IV, 6.)

 

L'Évangile ne prêche point l'incurie dans les affaires, mais pour avoir des vues claires sur toutes choses, et pour trouver la vraie fidélité, il est nécessaire que l'esprit qui nous domine ne soit pas un esprit d'inquiétude. Tenons Dieu au courant de tout ce qui nous concerne, cherchons sincèrement sa volonté, puis abandonnons-lui le reste. Nous ne gagnons rien par nos inquiétudes; nous ne changeons rien à notre avenir et nous nous gâtons le moment présent. Une fois que les inquiétudes ont pris le dessus, elles ajoutent à nos soucis réels mille soucis chimériques. On rencontre des caractères qui sont toujours inquiets, qui voient tout en noir, et qui ne sortent pas de leurs mauvaises prévisions. Il vaut mieux ne pas être né que d'avoir toujours peur. Exposons nos besoins à Dieu en toutes occasions. Si les circonstances où nous sommes viennent de Dieu, elles seront pour nous de vrais gains; nous le reconnaîtrons plus tard. Si nos embarras nous viennent de nous-mêmes, humilions-nous sous la puissante main de Dieu, mais n'abandonnons point notre confiance. Dieu peut se servir de tout pour se glorifier. Que notre seule inquiétude soit de ne pas être incrédule. Puis, en toutes occasions, rappelons-nous aussi d'ajouter à nos prières et à nos supplications des actions de grâces. Nous avons six afflictions derrière nous; repassons les miracles de la bonté de Dieu à notre égard, avant de nous inquiéter de la septième. La reconnaissance nourrit la confiance. et la confiance ôte les inquiétudes. Souvent aussi les inquiétudes viennent d'une inquiétude plus profonde et qu'on ne s'avoue pas. Faisons notre paix avec Dieu, et nous ne nous inquiéterons plus de rien. Cette première montagne une fois franchie, les autres ne seront plus que des collines. Une âme justifiée par la foi, et qui a la paix avec Dieu par le Seigneur Jésus-Christ, ne craint rien même quand la terre se bouleverserait et que les montagnes se renverseraient au milieu de la mer. Qui craint Dieu, et qui est réconcilié avec lui, sort de tout.

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5 JUILLET.

 

Ne vous arrêtez pas à l'homme. duquel le souffle est dans ses narines; car quel cas eu peut-on faire? (Esaïe II, 22.)

 

Un souffle peut nous renverser; un souffle petit aussi renverser notre meilleur ami. Un rien encore suffit pour renverser nos pensées, nos résolutions, nos affections naturelles. Ne comptons donc jamais sur nous, puisque nous sommes sujets à des hausses, à des baisses, à des inégalités continuelles. Le caractère inégal est peut-être aussi ce qui nous fait souffrir le plus dans autrui; mais il nous enseigne à ne pas nous arrêter à l'homme .dont le souffle est dans ses narines. La fidélité n'est qu'en Dieu. Confions-nous en l'Éternel à perpétuité, car le rocher des siècles est en l'Éternel, notre Dieu Cherchons Dieu dans ses promesses, et appuyons-nous .sur ces biens et sur cette miséricorde qu'il a déposés dans sa Parole. Les promesses de Dieu sont aussi des puissances; rendons-nous plus indépendants des hommes et plus dépendants de Dieu, et nous ne serons arrêtés ni par ce qui est haut ni par ce qui est profond. Mais pour s'appuyer sur Dieu, il faut une affection spirituelle. L'homme naturel ne peut point demeurer ferme, comme voyant celui qui est invisible. Passons donc par la porte étroite, dépouillons-nous de nous-mêmes, et les promesses de Dieu agiront. Ce dépouillement nous ouvrira tous les trésors de Dieu, nous sentirons que Celui qui a fait les promesses est fidèle. Au lieu de nous appuyer sur des roseaux cassés, nous pourrons dire: Mon Dieu est ma force. Donnons-nous à lui, et il se donnera à nous. Ces inégalités dont nous nous plaignons et que nous trouvons soit en nous, soit dans les autres, feront place à une force permanente en qui il n'y aura point de variation, ni aucune ombre de changement. Le monde passe, les hommes changent et notre coeur nous abandonne, mais prenons notre plaisir en l'Éternel, et il nous accordera les demandes de notre coeur. Rompons avec nos mauvais soutiens, et la joie de l'Éternel sera notre force. Les richesses et la gloire, ,les biens permanents et la justice sont avec lui.

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6 JUILLET.

Ils n'ont point connu le chemin de la paix. (Rom. III, 17.)

 

C'est un spectacle bien douloureux que celui d'une âme qui n'a point de paix. On voit de ces visages sans joie et sans bonheur, qui n'osent 'pas avouer ce qui leur manque. Souvent même, plus on cache ce profond malaise de l'âme, plus il paraît. On fait des efforts pour paraître content et en règle avec Dieu, et, sous ces apparences trompeuses, il y a un ver qui ronge et qui n'est point tué. Les chagrins domestiques passent dans le monde pour être les plus durs à supporter, mais de mauvais rapports avec Dieu creusent le coeur bien plus profondément. Cependant cet état se prolonge souvent pendant des années, il dure quelquefois toute la vie. Les circonstances extérieures, l'âge, l'entourage changent, mais le fond ne change point : l'âme ne connaît point le chemin de la paix. Pourquoi se condamner à vivre et à mourir ainsi? Quand Dieu heurte, à la porte de notre coeur et nous dévoile, dans de certains moments décisifs, le véritable état de notre âme, pourquoi refuser de changer? Vous ne voulez point venir à moi pour avoir la vie, disait Jésus-Christ. Certes nous ne pouvons pas nous donner la paix, mais nous pouvons du moins soupirer après elle nous pouvons nous abattre devant Dieu et lui dire Seigneur, tout mon désir est devant toi, et mon gémissement ne t'est point caché. Mais on ne prie point, ou, ce qui revient au même, il n'y a point de vérité dans la prière. On ne veut pas rompre avec le passé, et Dieu ne peut pas nous y forcer. Mais ne désespérons de personne; la repentance peut venir, les larmes peuvent couler, et un nouvel enfant prodigue peut retrouver les bras de son père.

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7 JUILLET.

 

Il leur donna puissance et autorité sur tous les démons. (Luc IX, 1.)

 

Cette puissance, cette autorité, nous l'avons aussi, si nous croyons. Il faut si peu de chose pour qu'un mauvais esprit nous domine! Notre âme se laisse enchaîner si facilement! Toute mauvaise disposition est un mauvais esprit, et l'homme souffre tout entier quand l'esprit qui est en lui souffre, ou qu'il n'est pas le véritable esprit. Souvent un rien, une crainte, une idée rixe, prend puissance et autorité sur nous et nous poursuit jusque dans nos prières. Que ces mouches importunes ne nous effrayent pas. Tous les démons sont enchaînés à la croix du Sauveur; cette croix a brisé leur sceptre et les a dépouillés de leur armure; retirons-nous en silence au pied de cette croix, quand les mauvais esprits viennent nous tourmenter. Nous avons reçu puissance et autorité sur tout ce qui veut enchaîner notre âme; tenons-nous ferme dans la liberté dans laquelle Christ nous a mis; croyons que Satan est écrasé sous nos pieds, résistons-lui et il s'enfuira loin de nous. Nous avons des armes puissantes par la vertu de Dieu, pour renverser les forteresses; que faisons-nous de ces armes? Les manions-nous comme un bon soldat de Christ? Comment prions-nous? Comment combattons-nous? Sommes,nous l'ennemi de nos ennemis, ou sommes-nous leur allié? Il est clair que nous n'aurons point de puissance, point d'autorité sur les démons, si nous faisons cause commune avec eux; mais si nous gémissons de nous voir captif, si nous crions après notre délivrance; alors courage, nous sommes déjà libre, aussi véritablement que Christ est libre et qu'il règne sur tous ses ennemis.

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8 JUILLET.

 

Ton peuple sera un peuple plein de franche volonté. (Ps. CX, 3.).

 

Une franche volonté est une volonté bien décidée, une volonté qui sait ce qu'elle veut et qu'aucune puissance au monde ne peut forcer à vouloir autre chose. C'est un précieux trésor! Voilà des volontés comme Dieu les cherche pour sa cause et pour son règne. Malheureusement, la volonté est ce qu'il y a de plus malade en nous. Il y a des volontés endurcies dans le mal, et l'homme naturel donnerait plutôt ses biens, sa santé, sa vie, qu'il ne donnerait sa volonté. Il y a d'autres volontés qui sont toujours flottantes; elles veulent et elles ne veulent pas; elles se donnent au plus offrant et sont toujours sous l'influence du moment. Si le peuple de Dieu était ainsi composé, ce serait un peuple de déserteurs, au jour où il s'agirait de marcher à enseignes déployées au nom de notre Dieu. Il y a, d'autres volontés qui veulent, mais qui ne veulent que demain, et qui ne sont point décidées pour aujourd'hui. Tel était Félix. Demain, disait-il, une autre fois, quand j'aurai la commodité, je te rappellerai. Au lieu de dire tout net : Je ne veux pas ! ces volontés disent : Je ne peux pas; ce qui n'est pas si cru, quoiqu'au fond ce soit la même chose. Il y a enfin des volontés qui, après bien des amertumes et des combats, arrivent à une conclusion et se décident pour Dieu. C'est une volonté ainsi disposée que Dieu donne quand on la lui demande avec sérieux, et ce n'est qu'avec elle qu'on peut conduire les guerres de 1'Eternel. Faisons une étude sérieuse de notre volonté. Que voulons-nous? Quand voulons-nous? Pour qui voulons-nous? La force, du péché, aussi bien que la force de la grâce, réside, quant à nous, dans la volonté.

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9 JUILLET.

 

Mais il leur répondit : Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée, sera déracinée. (Matth. XV, 13.)

 

Quelles sont ces plantes? Elles sont bien diverses et bien nombreuses : c'est en général tout ce qui est nature, affaire de chair et de sang, tout ce que nous tirons de nos propres forces. La grâce seule a des racines éternelles et produit de ces arbres qui rendent leur fruit clans leur saison et dont le feuillage ne se flétrit point. Ce qui est nature a toujours un caractère forcé et fatigant. Il y a des hommes qui sont chrétiens à la sueur de leur front, et qui produisent eux-mêmes en eux la volonté et l'exécution. lis se battent les flancs, et n'en sont pas moins des mercenaires. Tout ce qui, sur le terrain chrétien, est affaire de tête, de haute convenance, de justice propre, de point d'honneur, de bonté naturelle, entre dans la catégorie des plantes que le Père céleste n'a point plantées. On sent tout de suite, par l'esprit stérile dans lequel toutes ces productions nous laissent, par le peu de joie qu'elles nous donnent, par l'affaiblissement insensible des résultats, par le manque de progrès réels, si nous n'entrons pas dans une meilleure voie, on remarque aisément, dis-je, à de tels symptômes, que le terrain où nous sommes est celui de notre nature déchue, et que nous ne sommes pas encore fondés, enracinés dans le sol de Dieu. Que faire pour remplacer la nature par la grâce? Se dépouiller franchement de soi-même. Nous sommes encore trop sages, trop capables, trop vertueux à nos propres yeux; quand nous serons à notre propre jugement le dernier des pécheurs, nous serons à même de discerner ce qui est grâce de ce qui est nature, et nous serons un vaisseau honorable, sanctifié, propre au service du Seigneur, et préparé pour toutes sortes de bonnes oeuvres.

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10 JUILLET.

 

0 fontaine des jardins ! ô puits d'eau vive, et ruisseaux découlants du Liban ! (Cant. des Cant. IV, 15.)

 

Heureux ceux qui savent prendre ce que Dieu donne à tous, libéralement, sans rien reprocher! Nous avons tout reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce, dit saint Jean. Mais tous ne viennent pas, tous n'ouvrent point la bouche. Il y en a qui s'obstinent à tout tirer de leur propre fonds ; d'autres ont un christianisme suffisant; d'autres encore perdent la tête quand ils se voient à sec et que leur fontaine ne coule plus. Ce n'est pas ainsi que Christ veut nous voir. L'épouse du Sauveur, son Église, c'est-à-dire tout pauvre pécheur qui se reconnaît tel, mais qui croit en Celui qui justifie le pécheur, est une fontaine de jardin, un puits d'eau vive, un ruisseau qui découle du Liban. Quand nous sommes arides et pauvres, est-ce parce que la plénitude du Seigneur n'est plus la plénitude? Les grâces que nous avons consumées, les mauvaises dispositions dans lesquelles nous nous surprenons encore, ce coeur mort, ce coeur incrédule, change-t-il le moins du monde le coeur de Christ et diminue-t-il son abondance ? Ce n'est pas nous qui sommes naturellement le puits d'eau vive, c'est Christ; puisons à cette fontaine des jardins, à ces ruisseaux découlants du Liban, et nous serons rafraîchis, fertilisés, abreuvés aux fleuves de ses délices. N'ayons pas peur qu'aujourd'hui ou demain le fleuve tarisse. Nous avons un Sauveur qui nous conduira continuellement, qui rassasiera notre âme dans les grandes sécheresses, et qui engraissera nos os. Il nous fera devenir comme un Jardin arrosé et ,comme une source dont les eaux ne déraillent point. Souvent la vie spirituelle s'affaiblit jusqu'à n'être plus que comme un faible filet d'eau, mais elle n'en est pas moins la vie éternelle. La quantité n'y fait rien, c'est la continuité qui doit nous réjouir. Il y a des eaux qui coulent sous terre et qui n'en coulent pas moins; ne nous tâtons pas sans cesse, ce que nous sentons n'est pas toujours la vérité. Tenons-nous-en à ce que Christ nous a acquis avec abondance et pour l'éternité.

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11 JUILLET.

 

Je. connais un homme en Christ, qui fut ravi jusqu'au troisième ciel. (2 Cor. XII, 2.)

 

Nous passons souvent bien machinalement sur des expressions scripturaires bien riches, bien profondes, et qui pourraient nous ravir jusqu'au troisième ciel. Telle est entre autres l'expression : être en Christ. Nous signons souvent nos lettres: Votre dévoué en Christ; nous rendons-nous compte alors de ce que nous disons? Un homme en Christ est premièrement un élu, un de ceux que Dieu, avant la fondation du monde, avait vus et tenus pour justifiés, sauvés et glorifiés par l'amour de Christ. Sommes-nous certains d'être des hommes en Christ? Quand on a cette assurance, on est du nombre de ceux qui croient en Jésus-Christ et qui l'ont reçu comme la lumière du monde et la vie éternelle. Un homme en Christ est donc, en second lieu, un homme uni à Christ par un lien que rien ne peut détruire et qui unit son âme à celle du Sauveur aussi intimement que le Fils est uni au Père. on peut dire : Christ est ma vie, ce n'est plus moi qui vis. Là où ce lien existe, il y a aussi croissance et sanctification. fin homme en Christ est donc aussi un homme en qui Jésus se glorifie de plus en plus, qu'il dépouille de sa conduite précédente et qu'il revêt de la nature divine, en lui faisant fuir la corruption qui règne dans le monde par la convoitise. Tout cela est réuni, si nous sommes en Christ. Notre existence, dès lors, n'est plus isolée ni déliée de la vie de Dieu et de ses promesses; le pécheur qui est en Christ est mie créature perdue, mais gagnée 'pour la vie éternelle, aimée du même amour que le Fils de Dieu, conforme, aujourd'hui à l'abaissement, et demain à ]'image glorieuse du Bien-Aimé du Père. On petit dire du pécheur en Christ qu'il est, par rapport à son Sauveur, la splendeur de sa gloire et l'image empreinte de sa personne. Réfugions-nous dans la personne de Christ, si notre propre personne nous fait horreur. Il n'y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Lui, et il y a bien de quoi être ravi jusqu'au troisième ciel, comme saint Paul, quand les yeux de notre esprit sont éclairés et que nous connaissons quelle est l'espérance à laquelle nous sommes appelés, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints.

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12 JUILLET.

 

Servez l'Éternel avec allégresse; venez devant lui avec des chants de joie. (Ps. C, 2 .)

 

L'homme est une créature qui a un coeur à donner. Si nous vivons pour nous-mêmes, la jouissance de notre personne sera aussi la source de nos ennuis ; mais si nous servons l'Éternel avec allégresse, nous entrerons dans l'intention de notre maître, et nous aurons compris notre vocation terrestre. L'indépendance, comme nous l'entendons, est le plus cruel des esclavages. Nous voudrions être à nous, et en nous servant nous-mêmes, nous nous mettons sous le joug de nos moindres caprices. Plaçons notre coeur dans sa direction normale ; tournons-le vers Dieu, convertissons-nous. Quelque chose que nous lassions, faisons-le de bon coeur, comme pour le Seigneur, et non pour les hommes, non pour nous-mêmes. Cette consécration de notre coeur et de notre vie est aussi la source de l'allégresse et des chants de joie. Servir Dieu est la seule chose qui donne du prix à notre existence. Dans ce service se déploient nos vrais besoins et nos vraies joies. La recherche de nous-mêmes nous fait dépérir, le service du Seigneur est la meilleure médecine d'une âme malade, et le meilleur retour à l'allégresse. Mais avant de, travailler pour le Seigneur, laissons-nous travailler par lui. Il faut à la bonne semence un sol bien labouré il faut au service de Dieu un coeur bien préparé. La vie chrétienne ne commence point par les oeuvres, elle commence par la faim et la soif de la justice. On ne sera jamais qu'un automate ou qu'un mercenaire, si l'on l'ait des oeuvres avant que le Seigneur ait fait son oeuvre en nous. Ce n'est pas qu'il faille attendre, les bras croisés. qu'on ait été rendu capable de faire quelque chose ; le Seigneur nous prépare, en nous ouvrant les yeux sur notre vie journalière. Laissons-le venir à nous quand nous sommes sans témoin ; il nous indiquera les vrais côtés pour nous rendre propres à son service. Avançons sans lui résister, et notre activité prendra un autre caractère. D'un coeur sans joie et sans bonheur sortira une allégresse nouvelle ; il y a des chants de joie que les larmes ni les ingrats ne peuvent faire cesser.

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13 JUILLET.

 

La femme peut-elle oublier son enfant qu'elle allaite, et n'avoir pas pitié du fils de ses entrailles? Mais quand les femmes les auraient oubliés, encore ne t'oublierai-je pas, moi. (Esaïe XLIX, 15.)

 

Une mère sauverait son enfant des flammes et l'arracherait de la gueule d'un lion; et ce n'est là qu'une faible image de la tendresse du Seigneur à notre égard. S'il nous voit souffrir, il souffre bien plus ; s'il nous voit pauvres et misérables, il a des soupirs que nous ne pouvons exprimer et que lui arrache son éternel amour. Si nous avions deux yeux bien ouverts et un coeur qui ne fût pas un rocher, nous verrions que ses compassions sont toujours nouvelles, et que sa fidélité est toujours la même. Repoussé, maltraité de toute manière, il se tient cependant à la porte de notre coeur et frappe ; ses mains sont étendues dès le matin vers un peuple rebelle, mais qu'il veut recueillir sous ses ailes comme une poule recueille ses poussins. Il est jaloux de nos faveurs, lui qui n'en a point besoin, et nous crie : 0 Israël, ne m'oublie point! Quand, au lieu de pitié, il reçoit de nous de nouveaux outrages, il se met encore à nos pieds, Lui, le maître du monde, pour nous laver et nous purifier, et pour nous répéter avec persévérance : Mon enfant, donne-moi ton coeur, et que tes yeux prennent garde à mes voies ! Il y a une joie qui lui est proposée et qui est éternelle comme lui ; nous seuls lui manquons pour que cette joie soit parfaite. Nous connaîtrons l'enfer quand nous connaîtrons notre ingratitude. et nous connaîtrons le ciel quand nous connaîtrons le coeur de Christ. L'éternité ne sera pas trop longue pour nous donner cette double connaissance; mais la première sera absorbée par la seconde ; nous verrons Celui que nous avons percé, et nous verrons sa face en justice ; nous serons rassasiés de sa ressemblance quand nous serons réveillés.

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14 JUILLET.

 

Vous aussi, mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes morts au. péché, et que vous vivez à Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur. (Rom. VI, 11.)

 

Le péché a reçu le coup de mort sur la croix de Christ; et, devant sa tombe ouverte, nous voyons, nous, la puissance d'une vie qui ne doit point finir. Entrons en rapport avec Jésus-Christ, et ce que nous voyons devant nous s'accomplira aussi en nous; je parle de la mort du vieil homme et de la naissance du nouveau. Dans la foi au Sauveur, nous ferons l'expérience que notre vieille vie, celle qui se corrompt par les convoitises qui séduisent, a été frappée au coeur. Le péché petit encore nous surprendre, mais il n'est plus notre état dominant. Cela vient d'une force nouvelle que Christ a mise en évidence par son Évangile. Nous avons part à sa résurrection, parce que l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en nous. Cet Esprit de vie a transformé notre existence et l'a rendue productive pour Dieu, comme le péché l'avait rendue productive pour la mort. Il faut que nous nous mettions bien cela dans l'esprit; saint Paul nous le recommande. et nous l'oublions tous les jours. Si nous ne nous rappelons pas que nous sommes morts au péché, la vue de nos péchés nous ôtera tout courage, elle pourra même nous jeter dans le désespoir : et si nous ne nous rappelons pas que nous vivons à Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur, nous perdons le stimulant le plus actif de la vie chrétienne. Les crucifiés de Christ se demandent sans cesse : Ma vie est-elle à Dieu ? L'Esprit de Dieu ne tolère plus de l'aux repos, plus un atome, d'égoïsme dans le coeur uni à Christ. Les deux conseils de saint Paul sont le fondement de notre espérance et de notre avancement spirituel. Le péché est tué pour nous, quels que soient nos souvenirs et nos tourments; notre véritable vie est en Jésus-Christ; elle appartient à Dieu, Dieu la fera croître, Dieu la protégera ; ce que Dieu possède, personne ne le lui prendra.

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15 JUILLET.

 

La prudence de l'homme retient sa colère, et c'est son honneur que de passer par-dessus le tort qu'on lui fait. (Prov. XIX, 11.)

 

Qui ne connaît les blessures de l'amour-propre? Quand pourrons-nous enfin supporter quelque chose? La propre justice est susceptible, et rien ne, sert de montrer un visage chrétien, si Dieu voit au dedans de nous un homme qui retient à peine sa colère. Cependant on est bien clément envers nous, tant qu'on ne nous cloue point à une croix; le serviteur n'est pas plus grand que le maître; considérez bien Celui qui a souffert une si grande contradiction de la part des Pêcheurs! Jamais le coeur ne se montre si subtilement, rusé que quand on nous fait tort et que l'amour-propre blessé cherche à nous persuader que nous ne pouvons point passer par-dessus l'offense qui nous est faite. Nous nous persuadons que, élans l'intérêt même de celui qui nous a blessé, il nous importe de lui faire sentir son injustice. Il est vrai que le Seigneur a dit : Si ton frère a péché contre toi, reprends-le; mais il a dit .aussi : Bénissez ceux qui vous maudissent, et s'il est déjà si difficile d'oublier, il est plus difficile encore de bénir. Il est plus facile peut-être à un martyr de prier pour ses bourreaux, qu'il ne l'est à un chrétien ordinaire de passer par-dessus une bagatelle. Un mot piquant, un petit manque d'égards, un visage un peu froid, sont des souffrances plus grandes qu'on n'ose se l'avouer. Que de prétentions n'avons-nous pas quand nous taxons nos droits 1 et que de raisons subtiles ne trouvons-nous pas pour nous soustraire aux mêmes droits, quand il s'agit des autres 1 Il y a prudence de retenir notre colère et honneur de passer par-dessus le tort qu'on nous fait. L'occasion, de montrer de la magnanimité est rare, mais celles de montrer un esprit de support et un coeur libre de toute amertume sont journalières. C'est cependant la seule disposition où le chrétien puisse vivre sans interdit et sans que ses prières soient interrompues.

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16 JUILLET.

 

Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point de péché, mais maintenant vous dites : Nous voyons; c'est à cause de cela que votre péché subsiste. (Jean IX, 41.)

 

Pour qui Jésus-Christ est-il la lumière du monde? Ce n'est que pour ceux qui reconnaissent leur aveuglement et qui soupirent après une délivrance. Mais pour un aveugle qui se reconnaît tel, il y en a mille autres dont les ténèbres deviennent toujours plus épaisses. Ce sont ces chrétiens qui savent tout, qui connaissent tout, et auxquels on ne peut, plus rien dire de nouveau, mais dont l'indifférence grandit, dont la volonté s'endurcit, de façon que leur connaissance, loin de leur servir, est leur plus grand obstacle. Ce n'est point sur les têtes que Jésus-Christ veut régner, c'est sur les coeurs et sur notre vie intime. Mais il y a un aveuglement plus dangereux encore que celui des gens du monde ou que celui d'une foi morte : c'est celui des chrétiens réveillés. Vous trouvez des chrétiens qui, parce qu'ils ont un commencement de grâce, croient avoir le monopole de la vérité. Ils ne reçoivent rien, ne reconnaissent rien, et leur raideur est à leurs yeux un enseignement de Dieu. Ce sont encore des hommes dont les péchés demeurent jusqu'à ce qu'ils s'humilient et que la vraie lumière leur arrive. Il y a enfin un aveuglement qui peut être celui d'une âme sincère. Le coeur est un gouffre dont la profondeur ne nous est pas manifestée d'un seul coup d'oeil; nous ne supporterions pas la vue de la vérité entière, mais quand le coeur est droit, les découvertes se multiplient, et dans dix ans nous nous étonnerons de notre aveuglement d'aujourd'hui. La lumière luit dans les ténèbres, pour qui que ce soit; Dieu fournit à chacun des occasions de voir clair sur lui-même. Une ignorance grossière, sans connaissance de Dieu, de sa Parole, de son salut, n'est pas encore de l'endurcissement. Si les Pharisiens avaient été aveugles ainsi, ils n'auraient point eu de pêche ; mais voici la cause de la condamnation, c'est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. Que faites-vous des lumières qui vous viennent et qui sont à votre portée? Le serviteur qui a connu la volonté de son maître, et qui n'aura pas fait cette volonté, sera battu de plus de coups que celui qui ne l'a point connue et qui a fait des choses dignes de châtiment. Il sera beaucoup redemandé à quiconque il aura été beaucoup donné et on exigera davantage de celui à qui on aura beaucoup confié.

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17 JUILLET.

 

Approchons-nous de lui avec an coeur sincère, et avec une confiance pleine et parfaite. (Hébr. X, 22.)

 

Le coeur n'est pas toujours sincère, et encore moins la confiance est-elle toujours pleine et parfaite, an moment de la prière. Une mauvaise disposition qu'on laisse entrer dans la prière est déjà un manque de sincérité. Un parti déjà pris, au moment où l'on demande conseil à Dieu, est encore un acte d'un coeur qui n'est pas sincère. Toutes les grâces qu'on demande, et qu'on recherche sans faim et sans soif de les obtenir, sont aussi des prières qui ne sont pas sincères. Mais le manque de confiance est encore plus fréquent que le manque de sincérité. On prie au hasard; on ne rejette pas l'usage de la prière, mais on n'y compte pas trop non plus. Hésiter ainsi c'est être semblable au flot de la mer, et se priver soi-même du résultat de la prière. Ces hésitations paraissent surtout dans les situations difficiles ; on peut prier avec foi un jour ordinaire : l'âme est fortifiée, retrempée; mais dans les grandes perplexités ou dans les luttes contre nature, la confiance pleine et parfaite nous abandonne trop souvent. Nous regardons à la difficulté des choses, nous ne regardons pas à la toute-puissance de Dieu. Souvent aussi on entre en prière sans avoir le véritable esprit de la prière; on est préoccupé, agité, et l'on ne se fie point alors à des prières faites dans un esprit semblable ; on les croit trop mauvaises pour être dignes d'être exaucées. Mais tous ces états sont moins à craindre que l'interruption des rapports avec Dieu. Un homme qui prie mal vaut toujours mieux qu'un homme qui ne prie pas, ou qui, pour prier, veut attendre qu'il soit bien disposé. Qu'est-ce qui doit donner la disposition de la prière ? Ce n'est que la prière. Pour arriver à posséder un coeur sincère et une confiance pleine et parfaite, il faut demander, chercher, heurter. Dieu est riche pour tous ceux qui l'invoquent, et il est près de ceux qui l'invoquent en vérité. Donnez votre coeur à Jésus-Christ, c'est le meilleur moyen d'apprendre à prier et de triompher de toute mauvaise disposition.

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18 JUILLET.

 

Vous les reconnaîtrez à leurs fruits; cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? (Matth. VII, 16.)

 

L'Écriture ne connaît pas la distinction que beaucoup de catéchismes font entre le dogme et la morale. Le dogme renferme aussi la morale, et la morale tire sa force du dogme, comme les fruits viennent de la sève de l'arbre. On peut dire du dogme et de la morale : Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Si dans un sermon ou dans un livre religieux quelconque, on vous présente le dogme comme une théorie sèche et aride, on ne vous présente pas le vrai dogme, ou celui qui vous en parle n'en est pas pénétré. Et de même, si l'on vous expose une belle morale, qu'on vous parle éloquemment des devoirs chrétiens, sans vous indiquer la source où se puise la force de les accomplir, on ne vous a pas présenté la vraie morale; dans l'un et dans l'autre cas, on a tenté de vous faire cueillir des raisins sur des épines ou des figues sur des chardons. Il faut la vie, et la vie est en Jésus-Christ : Jésus-Christ est le dogme personnifié et la morale personnifiée. Saint Paul ne veut savoir autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ; voilà le dogme de saint Paul ; mais dans ce dogme est aussi la morale de saint Paul, car le même apôtre dit: Il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. Notre foi est de l'histoire ou de la morale en action; si l'on vous donne autre chose, n'y croyez pas.

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19 JUILLET.

 

Je connais tes oeuvres; tu n'es ni froid ni bouillant. (Apoc. III, 15.)

 

Qu'est-ce qui rend tiède? car c'est là l'état que le Seigneur signale dans ce texte. Si nous allons au fond du mal, nous y trouverons toujours ou un manque de droiture ou du relâchement. On essaye de faire croire à Dieu qu'on vient, quand on ne vient pas; qu'on veut, quand on ne veut pas; qu'on lui donne, quand on ne lui donne pas. Ayons nos yeux ouverts sur nos rapports réels avec lui, et conservons le mystère de la foi dans une conscience pure; de cette manière nous ne tomberons pas dans le laodicéisme ; mais ce sont aussi nos relâchements qui nous rendent tièdes. Il s'infiltre dans l'âme un esprit de paresse qui vient de l'affection charnelle, et une fois envahis par cet esprit, nous nous relâchons pour tout, et nous devenons tièdes comme les Laodicéens. Ce relâchement se fait sentir d'abord dans la prière; elle se remplit de pensées errantes, de désirs vagues, et le goût des choses divines diminue. De la prière, ce relâchement gagne la foi à la Parole. On ne s'intéresse plus à ce qu'on lit, on ne croit plus, on est trop plein d'autre chose. Et quand l'influence de la prière et de la Parole de Dieu déclinent dans l'âme, les pratiques religieuses se refroidissent bientôt aussi et deviennent des oeuvres mortes. Ne nous étonnons pas si, en nous affaiblissant ainsi spirituellement, nos rapports avec le monde souffrent aussi et nous attirent peut-être des désagréments. Mais au lien de nous en prendre à nous, à nos manques de droiture intérieure et à notre paresse spirituelle, nous incriminons les circonstances ou les personnes qui nous entourent. La tiédeur est aussi la source de la mauvaise humeur, des caprices, des mésintelligences, et, à la longue, des interdits. C'est un opium dont la moindre dose peut énerver et rendre impropre à toute bonne oeuvre. Surveillons-nous donc bien à cet égard ; le vrai chrétien ne se sent jamais si malheureux que quand il se sent tiède; c'est un bienfait de l'Esprit de Dieu que ce malaise ; ne laissons point diminuer ces mouvements de l'Esprit, sachons nous procurer quelques moments de recueillement, jetons-nous tels quels dans la prière; si la prière se rétablit, tout se rétablira avec elle: la ferveur reviendra, car les ruisseaux, de Dieu sont pleins d'eau.

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20 JUILLET.

 

Heureux celui qui prend son plaisir en la loi de l'Éternel; tellement qu'il médite jour et nuit en sa loi. (Ps 1, 2.)

 

La méditation est cet intérêt du coeur qui nous fait chercher, creuser et nous appliquer tout ce qui regarde la vie et la piété. C'est par la méditation de la Parole sainte que. nous sommes rendus participants de la nature divine ; l'âme s'amaigrit, si elle n'est pas nourrie suffisamment de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Une méditation sincère de la Parole de Dieu peut avoir deux résultats. Tantôt nous sommes fortifiés et nourris par un passage isolé, qui, comme une flèche de Dieu, entre dans la conscience, ou par une de ses glorieuses promesses. Tantôt aussi, ce ne sont pas des passages isolés qui agissent sur nous, c'est l'ensemble et en quelque sorte l'air que nous avons respiré. Ne nous tourmentons pas si, après avoir lu un chapitre avec une âme bien disposée, nous n'emportons dans notre mémoire aucune impression distincte de ce que nous avons lu; nous avons reçu une bénédiction générale et comme un bain spirituel. Dans le courant de la journée, dans une occasion quelconque, l'Esprit de Dieu nous remettra en mémoire ce que nous croyons avoir oublié il y a de ces traits de lumière, de ces impulsions divines qui viennent de l'Esprit qui surveille la parole reçue. Cela peut arriver de jour ou de nuit, et plus ces expériences se multiplient, plus on prend plaisir à méditer cette loi sainte qui, en se communiquant à notre âme et à notre volonté, nous fait croître, comme un arbre planté près des ruisseaux d'eaux courantes, et nous rend accomplis et parfaitement propres pour toute bonne oeuvre.

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21 JUILLET.

 

Où est ton Dieu? (Ps. XLII, 3.)

 

Adressons-nous souvent cette demande dans le courant de nos journées. Réveillons en nous le sentiment de la présence de Dieu, c'est un bon moyen d'avancer, si notre Dieu est le Dieu vivant. Le vrai Dieu est souvent loin de nous, parce que nous sommes loin de lui et que notre esprit naturel est assujetti à la vanité. Notre Dieu réel est tout ce qui nous domine : quel est notre intérêt suprême? Quel sera-t-il aujourd'hui? Ce sera là notre Dieu. On est effrayé de se surprendre dans un état d'éloignement de Dieu, qui manifeste toute la profondeur de notre chute. Un rien peut nous dominer et remplacer pour nous le vrai Dieu. On peut passer des heures entières dans les soucis du matériel de la vie ou dans les pauvres joies du monde, sans qu'il nous vienne au coeur de nous demander : Où est ton Dieu? C'est de cet oubli que l'Éternel se plaint avec douleur dans ses rapports avec le peuple juif : La vierge, disait-il, oubliera-t-elle son ornement, et l'épouse ses atours? Et, cependant, mon peuple m'a oublié durant des jours sans nombre... Où sont tes dieux que tu t'es faits ? Qu'ils se lèvent. Te délivreront-ils au temps de ton affliction? Car, ô Juda, tu as eu autant de dieux que de villes! Il est bon que, dans les moments importants de la vie, nous nous demandions non seulement : Où est ton Dieu ? Mais : Où sont les dieux que tu t'es faits ? Pauvres idoles du coeur, que devenez-vous, quand pour nous rassurer il faut un rocher et une haute retraite? C'est alors que l'on sent qu'on aurait deux maux, l'un d'avoir abandonné la source des eaux vives, et l'autre de s'être creusé des citernes, même des citernes crevassées, qui ne peuvent contenir les eaux. Que cet aveu, du moins, nous conduise à n'avoir nul autre au ciel que Dieu, à ne prendre plaisir sur la terre qu'en lui.

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22 JUILLET.

 

Je me lèverai et m'en irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. (Luc XV, 18.)

 

Le premier péché de l'enfant prodigue fut de quitter la maison de son père; il le reconnaît; ses autres égarements ne furent que la conséquence de ce premier. La repentance est vraie dès qu'elle remonte à la vraie source de nos misères. S'il est tant d'existences qui ne peuvent arriver à la paix, c'est parce qu'on refuse de confesser ce qu'il faudrait avant tout reconnaître. On se sent fautif, on avoue volontiers toutes sortes de torts particuliers, mais on repousse la véritable humiliation. Le péché initial n'est pas encore reconnu. Il y a souvent dans notre vie tel fait, ou dans notre nature déchue tel côté, qui ont amené peu à peu toute une suite de misères, et que malgré cela on ne veut pas voir. La conscience, si nous l'écoutions, nous le dirait clairement, et l'Esprit de Dieu aiderait la conscience. Bienheureux ceux qui jugent l'esprit de fraude, et qui en viennent à une bonne rupture avec eux-mêmes! C'est l'unique chemin de la paix ; ce pardon du père, cette réintégration de l'enfant prodigue dans la famille qu'il avait délaissée, est l'avenir d'une âme qui a pu s'humilier à fond, et qui, au lieu des misérables lambeaux de la justice propre, a trouvé une vie refaite par grâce et une éternité de pardon et de joie.

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23 JUILLET.

 

Nous savons que le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné l'intelligence pour connaître le vrai Dieu. (1 Jean V, 20.)

 

Un aveugle ne peut point parler des couleurs, et un homme ordinaire ne peut point dire qu'il connaît le vrai Dieu. Nul ne vient au Père, dit Jésus-Christ, que par moi. C'est le Fils de Dieu qui nous donne cette intelligence spirituelle qui, seule, nous ouvre les yeux. C'est l'organe de l'homme nouveau et comme un sixième sens, qu'on ne peut décrire à personne. C'est de ce don du Saint-Esprit que vient l'évidence de la foi; quand on le possède on ne raisonne plus, on possède et on prie. Il y a de grands disputeurs que personne ne peut convertir; tous les arguments du monde ne les feraient pas avancer de la largeur d'un cheveu. Il faut que le Fils de Dieu vienne et qu'il donne à ces hommes l'intelligence pour connaître le vrai Dieu. Mais tout n'est point fini quand on a cette intelligence; elle peut se fausser. On peut tomber dans des bizarreries et dans des obscurités partielles si l'on s'éloigne de la simplicité qui est en Christ. Une imagination désordonnée, un tempérament' passionné ou une dose d'orgueil spirituel, peuvent tellement troubler la clarté intérieure, qu'on ne comprend pas ce qu'un enfant comprendrait, et que, se croyant sage, on redevient fou. Pour les commençants comme pour les avancés, la grâce est la grâce; nous ne la produisons pas, nous ne la méritons pas, et dès qu'elle nous devient ordinaire, elle n'est plus la grâce. Un aveugle-né qui s'imagine marcher dans la lumière, est un triste spectacle ; mais une intelligence spirituelle qui se fausse parce qu'elle est mal entretenue, est bien plus douloureuse à rencontrer. C'est un véritable jugement de Dieu.

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24 JUILLET.

 

Jésus leur dit: Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son oeuvre. (Jean IV, 34.)

 

Notre vie, notre pardon, notre éternel salut viennent de la bonne volonté de Dieu à notre égard. Si Dieu se manifeste à nous, c'est par bonne volonté ; s'il nous donne la nourriture avec abondance et qu'il remplisse vos coeurs de joie, c'est par bonne volonté encore; car personne ne peut rien recevoir s'il ne lui a été donné du ciel. Le secret d'être heureux, c'est d'entrer dans la bonne volonté du Dieu et d'en faire la nôtre. C'est ce qu'a fait Jésus-Christ. Il ne cherche point sa volonté, mais il cherche la volonté du Père qui l'a envoyé. On peut faire trois usages différents de la volonté de Dieu. Les uns la repoussent insolemment et s'endurcissent dans le chemin de la rébellion; d'autres l'acceptent dans un esprit légal, sans joie, sans amour, et en s'y résignant après toutes sortes de murmures; d'autres enfin, après avoir goûté combien le Seigneur est doux, entrent dans l'esprit de Christ et font de cette volonté leur nourriture. Quand l'âme est pleine, quand ses besoins sont satisfaits, quand la foi prend de nouvelles forces et que les ailes lui reviennent, comme aux aigles, c'est qu'on a eu le courage d'entrer dans la volonté de Dieu, sans transiger. Etre persuadé que la volonté de Dieu peut seule nous rendre heureux, ne sert à rien pour nous dépouiller de notre volonté propre. Il faut combattre et résister jusqu'au sang, en combattant contre le péché car si nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous ayons eu du respect pour eux, ne serons-nous pas beaucoup plus soumis au Père des esprits, pour avoir la vie?

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25 JUILLET.

 

La colère de Dieu se déclare du ciel contre toute impiété et injustice (les hommes, qui retiennent injustement la vérité captive. (Rom. I, 18 )

 

La colère de Dieu n'est pas autre chose que l'énergie de sa justice. Dieu ne serait point Dieu si ses jugements ne se déclaraient du ciel contre toute impiété, contre toute injustice, et surtout contre ceux qui suppriment injustement la vérité. Le dieu du monde est un dieu plongé dans la mollesse et dans l'apathie; le Dieu vivant et véritable rugit, rompt les ares, brise les lances et brûle les chariots par le feu. Ceux qui se révoltent quand on leur parle de la colère de Dieu prouvent qu'ils sont eux-mêmes sous le poids de cette colère, et qu'ils luttent en vain contre l'aiguillon. La colère de Dieu n'a pas toujours un caractère éclatant, elle agit souvent d'une manière cachée et silencieuse. Si vous vous appliquez à étudier les coeurs, vous trouverez souvent des hommes qui ne se plaignent pas, qui continuent à vaquer à leur besogne, mais qui portent avec eux quelque chose qui leur pèse et qu'ils ne peuvent enlever. C'est la colère de Dieu. Le soleil se lève, le soleil se couche, et le fond de leur âme reste le même, la vraie réconciliation leur manque. Dieu voit toutes sortes d'impiétés et d'injustices. et, parce qu'on retient la vérité captive, ses jugements avancent en silence et sont comme un feu qui couve sous les cendres. Les méchants ne subsisteront point en jugement, ni les pécheurs dans l'assemblée des justes. Cela se voit dès à présent. L'homme sur qui demeure la colère de Dieu, ne subsiste point quand il rencontre sa conscience, quand il est dans une réunion d'enfants de Dieu ou qu'il doit prendre part à un entretien religieux. Ses traits ont quelque chose d'inquiet, ses yeux se tournent vers la porte, il serait heureux de pouvoir s'échapper. Mais Dieu n'est-il Dieu que de près? N'est-il pas aussi Dieu de loin? Prenez les ailes de l'aube du jour et allez demeurer à l'extrémité de la mer, la colère de Dieu vous y suivra. C'est pourquoi soyons réconciliés avec Dieu. Il vous donne un Sauveur, mais il faut aller à lui comme un homme perdu. Mettons-nous sous le glaive de la loi, et quand nous nous serons jugés nous-mêmes, nous ne serons point jugés par le Seigneur. Dieu ne veut point la mort du pécheur, il veut qu'il se détourne de son mauvais train et qu'il vive.

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26 JUILLET.

 

Celui qui n'aime point n'a point connu Dieu, car Dieu est amour. (1 Jean IV, 8.)

 

Connaître, c'est aimer; qui n'aime pas, ne connaît rien. En religion nos idées ne sont pas des connaissances ; les idées les plus justes sur Dieu ne nous rapprochent point de lui; nos yeux ne sont ouverts que quand nous éprouvons que Dieu est amour. Quand nous aurons trouvé les traces de Dieu dans les souffrances de notre nature, dans nos larmes et dans nos abîmes quand Dieu lui-même nous aura parlé et nous aura consolés de sa bouche, nous pourrons dire que nous le connaissons. Toute autre connaissance n'est qu'erreur et illusion. Il y a des hommes qui s'enferment dans leur cabinet et qui font de superbes dogmatiques; mais quand on les aborde, ce sont des êtres arides, on sent sur-le-champ qu'ils ne se nourrissent que de poussière. Qui n'aime point n'a point connu Dieu, quoi qu'il dise ou quoi qu'il écrive. Plaçons-nous en idée dans un paradis, entourons-nous de toutes les merveilles du monde, prêtons l'oreille aux concerts des anges; si notre coeur est sans amour, nous ne connaîtrons rien, la clef d'or nous manque, elle n'est donnée qu'à un coeur rendu capable d'aimer. Pour comprendre Dieu. il faut nous résoudre à nous donner à lui. L'amour est le sacrifice de nous-mêmes; c'est en ceci que consiste l'amour, que Christ a mis sa vie pour nous. Étudions l'amour sous la croix, et apprenons à renoncer à nous-mêmes. Donnons-nous à celui qui s'est donné à nous, et nous le connaîtrons d'une manière divine. Au lieu d'idées. nous aurons des réalités, et au lieu de définir Dieu, nous en posséderons un qui sera notre retraite, qui nous garantira de la détresse et qui nous environnera de chants de délivrance.

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27 JUILLET.

 

Ne te laisse point surmonter par le mal, mais surmonte le mal par le bien. (Rom. XII, 21.)

 

Le réveil et l'avancement chrétiens sont une affaire de combats. Il s'agit de repousser une vie passée, et de revêtir une vie nouvelle, et ces deux vies sont opposées l'une à l'autre et ont des désirs contraires l'une à l'autre; tout dépend alors de ces moments de crise où les deux volontés s'entre-choquent et où l'une des deux aura nécessairement le dessus. Pour bien combattre et pour ne point nous laisser surmonter par le mal, n'attendons pas le moment du combat. Souvent on est déjà sous une mauvaise influence, quand les occasions qui peuvent nous faire tomber se présentent. Il faut nous préparer d'avance, et nous faire un esprit bien discipliné. Les athlètes, avant d'en venir aux mains les uns avec les autres, s'y préparaient par un régime particulier et en traitant durement leur corps; faisons-en de même dans notre vie chrétienne. Nous devons bien connaître nos penchants dominants et les mouvements intérieurs qui, plus que tous les autres, peuvent nous jeter dans le péché ; ayons l'oeil ouvert sur eux et gardons-nous de tout ce qui pourrait réveiller ces lions qui dorment. Surveillons notre disposition générale ; soyons sobres, possédons-nous en toutes occasions; si les forces de notre âme sont maintenues dans l'activité, nous aurons beaucoup plus de pouvoir moral au moment où il faudra combattre. Le péché aura perdu son aiguillon, et nous manierons avec une plus grande assurance les armes dont Dieu nous a pourvus. Cependant, ne comptons pas sur nos préparations ; la grâce seule soutient et donne la victoire. Le bien par lequel nous surmontons le mal, c'est le bien qui nous sera donné, ce n'est pas le bien que nous aurons produit. Mais si nous y apportons tous nous soins, Dieu y apportera aussi les siens ; de cette réunion naîtra le triomphe.

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28 JUILLET.

 

Jetterais-tu les yeux sur ce qui bientôt ne sera plus? car, certainement, il se fera des ailes; il s'envolera aux cieux comme un aigle. (Prov. XXIII, 13.)

 

Nos yeux s'arrêtent sur bien des choses, et quand l'Ecriture dit nos yeux, elle dit aussi notre mémoire, notre coeur, nos convoitises ; et toutes ces choses, prises au point de vue de l'éternité, ne sont que des vanités. Elles se feront des ailes, elles s'envoleront comme un aigle. Si nous y tenons trop, nos regrets n'en seront que plus amers. Usons donc de ce monde comme n'en usant pas - servons-nous de toutes choses, mais ne nous rendons esclaves de rien. Je suis crucifié avec Christ, disait saint Paul ; heureux ceux qui le sont! Les âmes les plus heureuses sont les âmes détachées du monde. Quand on a renversé les grandes idoles, les petites restent encore : le vrai détachement nous manque plus que nous ne le pensons. On donne, et l'on voudrait garder; ce que l'on donne aujourd'hui, on est tenté de le reprendre demain. Nous donnerions plus volontiers ce qui est à nous, si nous nous donnions plus volontiers nous-mêmes. Saint Paul dit des églises de Macédoine, au sujet d'une contribution qu'elles avaient faite pour les pauvres chrétiens de Jérusalem : Ils n'ont pas seulement fait ce que nous avons espéré d'eux, mais ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur. Ce premier sacrifice rend tous les autres faciles. Pourquoi sommes-nous si tenaces quand il s'agit de nous donner? C'est que nous ne comprenons pas nos véritables intérêts et que nous ne voulons pas les comprendre. Le Seigneur se charge de remplir la place que nous lui faisons, et sans aucun doute, ce qu'il nous donne vaut mieux que ce qu'il reçoit de nous. S'il nous en coûte de ne pas jeter les yeux sur ce qui bientôt ne sera plus, consultons un moment nos besoins intimes. Il nous faut plus que des biens qui se font des ailes et qui s'envolent aux cieux comme un aigle. Donnons donc sans balancer nos perles ordinaires pour la perle de grand prix, pour cette bonne part qui, une fois possédée, ne peut être ravie.

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29 JUILLET.

 

0 Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis pécheur ! (Luc XVIII, 13.)

 

Rien de si complet que cette courte prière. C'est le cri d'une âme malheureuse que le sentiment de sa misère pousse à la prière ; mais il faut que ce sentiment ne se renferme pas en nous, il faut qu'il monte à Dieu, qu'il soit un lien entre nous et lui; car le vrai lien entre notre âme et Dieu n'est point un sentiment de satisfaction, c'est un sentiment de dépendance, de pauvreté absolue et de culpabilité. Le cri du péager est le cri d'une âme à qui toutes les autres choses échappent, et qui donnerait volontiers toutes les autres choses pour Dieu. C'est qu'en effet ce qui forme en nous de vraies prières, c'est le sentiment du prix de la paix de Dieu, et la faim et la soif d'obtenir ce bien suprême. Mais pour le posséder, il faut préalablement nous juger nous-mêmes comme le péager. Sa prière est un cri de repentance. Une âme malheureuse n'est pas toujours une âme brisée; pour pouvoir prier comme le péager, il faut que les convoitises, que l'amour-propre, que tout le vieil homme aient reçu un coup de mort; ce n'est que de la repentance que sort aussi la confiance. Le péager sait à qui il s'adresse ; c'est à ce Dieu qui ne brise point le roseau froissé, et qui n'éteint point le lumignon qui fume encore. 0 Dieu ! sois apaisé veut dire aussi : Éternel! tu es pitoyable, miséricordieux, lent à la colère et abondant en grâce. Tu ne contestes point à perpétuité, et tu ne gardes point ta colère pour toujours. Tu ne nous fais point selon nos péchés, et tu ne nous rends point selon nos iniquités. Où il y a repentance, il y a aussi confiance, et dans la confiance, il y a déjà paix, renfort d'amour, sanctification. Le péager n'avait que le temple, nous avons la croix de Jésus-Christ; tous les éléments de la prière du péager seront doublement clairs, forts et agissants, si nous pouvons dire sous la croix du Rédempteur: 0 Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur !

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30 JUILLET.

 

Mon âme, pourquoi t'abats-tu, et pourquoi frémis-tu au dedans de moi? Attends-toi à Dieu, car je le célébrerai encore; il est la délivrance à laquelle je regarde; il est mon Dieu 1 (Ps. XLII, 11.)

 

Il faut si peu' de chose pour nous abattre et pour nous faire frémir! Et quand nous sommes abattus, nous croyons ordinairement que nous le serons bien longtemps; nous regardons notre disposition comme, trop profonde, et notre situation comme trop douloureuse pour espérer d'en sortir facilement. Mais si l'on nous disait dans ces moments : En effet, le Seigneur vous a rejeté pour toujours, il ne continuera plus à vous avoir pour agréable, nous changerions aussitôt de langage. Nous dirions à notre âme : Quoi qu'il en soit, attends-toi à Dieu, car je le célébrerai encore; il est la délivrance à laquelle je regarde; il est mon Dieu! Dans les moments de découragement, nous sommes donc plus croyants que nous ne le pensons; nous sommes endormis, mais notre coeur veille et entend la voix de son bien-aimé qui heurte. Mais n'attendons pas les moments de découragement, pour croire; rien n'est grand, rien n'est petit devant Dieu; nos plaies les plus profondes sont aussi guérissables pour lui que ce que nous appelons des bagatelles, et nos situations les plus désespérées seront demain des bénédictions, elles le sont déjà aujourd'hui même, si nous croyons. Questionnons les chrétiens qui ont été misérables comme nous et qui ont passé dans le même chemin, ils nous diront : J'étais affligé, j'ai crié, et l'Éternel m'a exaucé, il m'a délivré de toutes mes détresses. Il a étendu la main d'en haut et m'a enlevé, il m'a tiré des grosses eaux. Ne nous laissons donc point abattre, et ne frémissons que devant le péché. Cet avenir, qui nous parait si noir, contient de nouvelles délivrances. Notre Dieu n'est-il plus notre Dieu ?

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31 JUILLET.

 

Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui augmente son éclat, jusqu'à ce que le jour soit en sa perfection. (Pro. IV, 18.)

 

Tout ce qui est humain décline; tout ce qui est divin augmente et va en grandissant. Demandons-nous dans quel sentier nous marchons : est-ce dans celui des justes, des âmes qui ont la paix et le témoignage de leur adoption? Ceux qui étaient autrefois ténèbres, mais qui aujourd'hui sont lumière dans le Seigneur, et qui marchent comme des enfants de lumière, ont une vie qui grandira jusqu'au jour de la perfection. Les premières grâces que nous avons reçues ne sont rien en comparaison de ce qui nous attend encore. Ces premières meurs ne sont pas encore une lumière resplendissante, mais marchons dans l'intégrité avec notre Dieu, et il nous conduira de vérité en vérité et de victoire en victoire. Dans le sentier des justes, les besoins croissent, les impressions divines se multiplient, la paix est comme un fleuve la justice comme les flots de la mer. Mais, à côté de ce chemin étroit, il y a une voie large, resplendissante aujourd'hui, mais dont les issues sont la mort. Dans cette seconde voie, tout décline, tout s'affaiblit, tout échappe, les besoins diminuent, les impressions s'effacent, les joies et les espérances nous trompent comme les courants des eaux au pays du Midi. Et comme il y a une mondanité frivole, il y a une mondanité sérieuse Les lumières de l'esprit, les affections de famille, les entreprises communes sont de puissants stimulants; mais le monde est toujours le monde, rien ne subsiste que l'élément divin. Il y a plus d'ennui que nous ne le pensons dans les recherches les plus belles, quand elles sont poursuivies dans un esprit terrestre. Affectionnons-nous aux choses qui sont en haut Les oeuvres de la foi, les travaux de la charité nous préserveront de l'ennui et nous feront devenir comme la lumière resplendissante qui augmente son éclat. Revêtons-nous de Christ, qui est lumière et vie, et nous serons transformés en la même image le corruptible sera englouti par l'incorruptible, et le mortel par l'immortalité.