Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XVIII

Conclusions

Les églises peuvent-elles encore suivre l'enseignement et l'exemple du N. Testament? - Réponses diverses. - Églises ritualistes. - Rationalisme. - Réformateurs. - Mystiques et autres. - Réveil évangélique. Frères qui, à travers les siècles, ont fait du N. Testament leur guide. Diffusion de l'Evangile. - Missions étrangères. - Réveil dû à un retour aux enseignements bibliques. - Tout chrétien est un missionnaire, toute église est une société missionnaire. - Différence entre une institution et une église. - Unité des églises et diffusion de l'Evangile. - Églises du N. Testament pour tous les hommes, sur la même base. - Conclusion.




1. Est-il possible de se conformer à l'enseignement du Nouveau Testament

La question, de savoir si nous pouvons et devons continuer à appliquer l'enseignement et l'exemple du N. Testament, quant à l'organisation des églises, a été envisagée de bien des manières:

1. La théorie du «développement» rend la chose indésirable car - au dire des églises ritualistes, l'Église romaine, l'Église orthodoxe grecque et d'autres - on est parvenu à quelque chose de meilleur que ce qui fut pratiqué au début, et les Écritures ont été modifiées, voire supplantées par la tradition.

2. Le rationalisme donne la même réponse; il considère comme un mouvement de recul le retour au modèle original, puisqu'il refuse d'accepter la Bible comme autorité permanente.

3. Quelques réformateurs d'églises existantes ont essayé d'un compromis. Luther, Spener et d'autres sont revenus en partie seulement à «ce qui était au commencement».

4. D'autres ont abandonné toute tentative, tels les mystiques qui se vouèrent entièrement à la recherche de la sainteté personnelle et de la communion avec Dieu; entre autres Molinos, Madame de Guyon et Tersteegen. Puis les Amis, qui délaissèrent l'observance du baptême et de la Ste-Cène pour s'occuper davantage du témoignage de la lumière intérieure, que de celui des Écritures. Enfin Darby et ses disciples, qui rejetèrent cette obligation et la remplacèrent par le témoignage rendu à «la ruine de l'Église».

5. Le réveil évangélique considéra la question comme sans importance et concentra ses efforts sur la conversion des pécheurs et sur l'organisation des moyens répondant le mieux aux besoins pratiques. Ainsi agirent les sociétés méthodistes de Wesley et l'Armée du Salut.

6. Mais il y a eu de tout temps, des frères répondant «oui» à cette question. On leur a donné des noms nombreux: cathares, novatiens, pauliciens, bogoumiles, albigeois, vaudois, lollards, anabaptistes, mennonites, stundistes, et d'autres encore. Puis, plusieurs congrégations de baptistes et d'indépendants, ainsi que les assemblées des Frères: tous ont été fidèles dans leur effort d'obéir au N. Testament et de suivre l'exemple des églises primitives.


2. L'Église et l'évangélisation

Il est une autre question étroitement associée à la première: Est-il possible aujourd'hui de prêcher l'Evangile comme au début, et, si on le faisait, l'Evangile ne se répandrait-il pas beaucoup plus rapidement? De fait, la question grandit et s'impose à nous. N'est-ce pas seulement par un retour aux Écritures que l'unité des enfants de Dieu peut se manifester et l'évangélisation du monde, s'accomplir?

Au début de la prédication de l'Evangile, il n'y avait aucune différence entre la mission «intérieure» et la mission «extérieure». Peu à peu, la dissémination spontanée des églises, indépendamment du pays ou de la nationalité, changea d'aspect. Leur caractère d'églises primitives, apostoliques évolua sous l'effet de l'organisation qui s'opéra dans leur sein. On commença à envoyer des «missions», représentant une autorité centrale. A mesure que se multipliaient les dénominations chrétiennes organisées, augmentaient les missions en pays étrangers. Chacune prêchait Christ, mais représentait aussi son propre plan d'action et son développement particulier du christianisme, introduisant ainsi chez les païens cette confusion de sectes opposées, dont souffre la chrétienté. Au début, l'église ne dépendait pas du pouvoir que confèrent les biens matériels, mais de la puissance du St-Esprit; elle était toujours caractérisée par la pauvreté. Les méthodes adoptées sont coûteuses parce qu'on ne reconnaît pas les dons du St-Esprit qui habite chez le plus jeune croyant et pourvoit aux nécessités du témoignage requis de la plus faible assemblée de disciples. On établit une «station missionnaire» qui doit subvenir à tous les besoins. Mais pour cela il faut des fonds pour alimenter la caisse centrale, et souvent faire des appels d'argent. Si ce procédé est jugé indigne de la foi, on cherche à éveiller de l'intérêt pour l'oeuvre en publiant des incidents émouvants ou des cas de détresse. De cette manière, la direction et l'entretien de la mission - dépendant largement du siège missionnaire, ou de ses représentants - l'oeuvre reste une institution étrangère au pays où elle se poursuit, et la propagation de l'Evangile en est grandement entravée.

Suivre Christ et renoncer à soi-même pourrait bien inclure la volonté de couper les liens tant aimés nous attachant à nos diverses organisations d'églises et de pratiquer une heureuse communion avec tous les enfants de Dieu, en exerçant les uns envers les autres le support rendu nécessaire par notre faiblesse présente. Si nous-mêmes nous observions les enseignements scripturaires, nous pourrions placer la Parole entre les mains d'hommes de toutes nations et leur montrer, par le précepte et par l'exemple, qu'elle leur est adressée comme à nous, ayant l'assurance que Dieu veut les garder, les guider, et leur donner une place comme églises indépendantes, ce qui est leur héritage parmi les saints.

Nous ne savons pas quels dons le St-Esprit pourrait susciter en des lieux hors du domaine des activités missionnaires modernes et dans des circonstances échappant manifestement à notre pouvoir de diriger. Les églises russes persécutées font des expériences supérieures aux nôtres. Elles sont animées d'un zèle et d'un dévouement auxquels la plupart des chrétiens de profession, placés dans des circonstances plus faciles, restent étrangers. On verra peut-être s'accomplir parmi elles des miracles d'unité et de témoignage tel que nous n'avons jamais été capables d'en produire. Dans le monde païen Dieu pourrait susciter des conducteurs spirituels si remplis de l'Esprit qu'ils abandonneraient bientôt les divisions et les capitaux des Missions européennes et américaines et verraient leurs compatriotes se convertir, et des églises de Dieu se former - églises qui peut-être s'instruiraient par leurs propres erreurs, mais seraient exemptes des nôtres. Rien n'est impossible à Dieu. Même d'entre les musulmans Il peut appeler des disciples du Christ soumis et dévoués qu'Il pourra employer au service de leur peuple. Tout ceci ne peut faire oublier la valeur inestimable du service dévoué qu'ont rendu et que rendent encore au monde les sociétés et les institutions missionnaires. Mais il faut envisager les multitudes non atteintes encore - et qui le resteront au faux actuel du progrès. Il faut proclamer que le seul moyen de réveil est un retour à la méthode de la Parole.

Dieu s'est manifesté en Christ par le St-Esprit, comme Celui qui aime, cherche, sauve et garde l'humanité perdue. Aucune révélation n'est plus touchante que celle-ci. la nature de Dieu est telle que la misère de l'homme déchu l'a contraint à se dépouiller de sa gloire céleste pour devenir homme, pour porter notre péché et, plus encore, toutes nos douleurs; pour vaincre la mort par la mort et pour donner à des pécheurs perdus la vie divine et éternelle. Quiconque reçoit cette vie par la foi est sous la même obligation que s'est imposée Celui dont la vie découle. Pour cette raison, tout chrétien est, par définition, un missionnaire. Dans son âme retentit le commandement impérieux : «Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute créature.» Le N. Testament ne fait aucune distinction entre le clergé et les laïques: tous les saints sont sacrificateurs. Il ne fait pas non plus de différence entre les missionnaires et les non missionnaires. Tout croyant est un «envoyé», qui a une «mission»: être dans ce monde le témoin du Christ. La formation d'une classe missionnaire à part, groupée en sociétés missionnaires, soutenue par des fonds spéciaux, et travaillant dans des stations missionnaires, a certainement fait beaucoup de bien. Mais ce bien est chèrement acheté, puisqu'il admet que la majorité des chrétiens ne sont pas missionnaires, et qu'il obscurcit la vision de chaque croyant, qui, en toute circonstance et du commencement à la fin, est censé appartenir au Seigneur et le servir pleinement. L'Evangile a pour but de transformer des pécheurs en saints et d'assembler ces derniers en églises. Puisque chaque membre d'une église est appelé à être un missionnaire, un témoin de Christ, chaque église est une «société missionnaire», une société de personnes s'employant collectivement au témoignage de l'Evangile.

La différence entre une station missionnaire et une église est que la première, avec la société dont elle est une branche, devient le centre auquel regardent les indigènes du pays évangélisé pour être dirigés et aidés. D'autre part, l'église, dans le sens que lui donne le N. Testament, est, dès son début - lorsque deux ou trois sont assemblés au nom du Seigneur Jésus - sur le même fondement que l'église la plus anciennement établie, ayant le même centre et les mêmes principes. Elle peut différer, il est vrai, par les dons et par l'expérience, mais elle participe à la même grâce, s'alimente à la même source. En cuire, cette église est l'instrument le mieux adapté à la propagation de l'Evangile parmi le peuple auquel elle appartient, dont elle connaît parfaitement la mentalité, la langue, les coutumes et les besoins. Une station missionnaire peut être de grande valeur, mais elle ne doit jamais devenir le centre auquel se rattache une église: ce centre est Jésus-Christ.

Il y a aussi une différence entre une église et une institution, telle qu'un hôpital ou une école. Ceux-ci peuvent être très utiles, en faisant apprécier l'Evangile, en gagnant la confiance du public. Mais si un hôpital, ou une école, d'origine étrangère, arrivent à être considérés comme le centre auquel se rattache et duquel dépend une église, cette dernière ne peut se développer selon le modèle du N. Testament. Elle demeure une religion étrangère, dépendant d'une aide extérieure. Peut-être même adoptera-t-elle le système des «évangélistes indigènes» salariés, qui détruit la dépendance de Dieu et empêche l'âme d'apprendre à le toujours mieux connaître.

L'Écriture ne nous autorise pas à attendre la conversion du monde entier par le triomphe de l'Evangile. Elle nous enseigne au contraire que les hommes s'éloigneront toujours plus de Dieu et attireront de terribles jugements sur toute la terre. L'espérance placée devant l'Église est le retour en gloire du Seigneur Jésus-Christ. En attendant ce grand événement, nous nous rappelons la dernière prière du Seigneur pour ses disciples:

«Afin que tous soient un...
Et que le monde croie que tu m'as envoyé.»

Ces deux choses: l'unité du peuple de Dieu et faire con. naître le Sauveur dans le monde: voilà le désir de tous ceux qui sont en communion avec le Seigneur. L'histoire de l'Église démontre que le réveil vient par un retour à l'obéissance à la Parole de Dieu. Cette prière du Seigneur est en même temps une promesse; ce qu'Il a demandé s'accomplira certainement. Elle s'accomplira sans doute pleinement à son retour; mais il se pourrait que le dernier grand réveil fût l'avant-coureur, ici-bas même, de ce qui ne tardera pas à se manifester dans les cieux comme sur la terre.

Que les disciples du Seigneur se repentent et abandonnent les voies qui les éloignent de sa Parole. Qu'ils forment des églises dépendant immédiatement de Lui, libres de la servitude des fédérations et organisations humaines, et recevant tous ceux qui Lui appartiennent! Alors ils expérimenteront sa grâce suffisante, comme l'ont fait les croyants qui les ont précédés; ils seront délivrés, d'une part, de l'union avec les inconvertis et, d'autre part, de la séparation d'avec les frères en la foi.

De plus, en portant l'Evangile aux hommes de toute nation et de toute race, ils comprendront que la Parole de Dieu est pour les autres autant que pour eux-mêmes; que tous ceux qui croient sont amenés à une même relation avec Lui, et qu'aucune différence de nationalité ne peut changer la position d'une église aux yeux de Dieu. L'Esprit de Dieu manifestera en tous la vérité qu'avait apprise Pierre, lorsqu'il disait: «Dieu, qui connaît les coeurs, leur a rendu témoignage, en leur donnant le St-Esprit comme à nous; Il n'a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs coeurs par la foi... C'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, de la même manière qu'eux.»


3. L'Église en pèlerinage

En jetant un regard rétrospectif sur la longue route déjà parcourue par l'Église «en pèlerinage», certains points saillants apparaissent. S'élevant au-dessus de la masse des détails si poignants pour ceux qui alors jouèrent un rôle actif, ces points réclament l'attention, car ils font de l'expérience du chemin parcouru une orientation utile pour le reste du voyage.

L'un d'eux, c'est que l'Église, dans son pèlerinage, a possédé dans les Écritures, dès la Pentecôte jusqu'à nos jours, un guide sûr et suffisant, et qui lui suffira jusqu'à ce que la clarté de cette lampe, brillant en un lieu obscur, pâlisse devant la gloire de la présence de Celui qui est la Parole vivante (2 Pierre 1. 19).

Le second point est que l'Église en pèlerinage est séparée du monde; bien que, dans le monde, elle n'en fasse pas partie. Elle ne devient jamais une institution terrestre. Elle est ici-bas un témoin et une bénédiction. Mais le monde qui a crucifié Christ ne change pas et, puisque le disciple accepte d'être comme son Maître, les pèlerins s'exhortent les uns les autres par ces paroles: «Sortons donc pour aller à Lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n'avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir» (Hébr. 13. 13, 14).

Troisièmement enfin, l'Église est une. Du moment que nous nous savons être nous-mêmes membres de l'Église en pèlerinage, nous reconnaissons comme «co-pèlerins» tous ceux qui marchent sur le chemin de la Vie. Les divergences passagères, si pénibles momentanément, perdent leur acuité lorsque nous cherchons à avoir la vision complète du pèlerinage placé devant nous. Profondément humiliés en pensant à la petitesse de notre propre effort, et nous réjouissant cordialement en nos compagnons de route, saluons-les comme tels. Leurs souffrances sont les nôtres, leur témoignage, le nôtre; car leur Sauveur, leur Chef, leur Seigneur est aussi Celui que nous adorons. Éclairés par le Saint-Esprit, nous avons appris avec eux à nous réjouir avec le Père, lorsqu'Il dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui J'ai mis toute mon affection» (Matth. 3. 17). Avec eux aussi nous nous réjouissons à la perspective de ce jour où le Fils nous fera paraître devant Lui comme «une Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable» (Eph. 5. 27).


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