Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XIV

L'occident

(1790-1890)

Thomas Campbell. - « Déclaration et Adresse ». - Alexandre Campbell. - Église à Brush Run. - Baptisme. - Sermon sur la Loi. - Les méthodistes républicaine prennent le nom de «chrétiens» - Les baptistes prennent le nom de «chrétiens». - Barton Warren Stone. - Étranges scènes de réveil. - Le Conseil presbytéral de Springfield formé et dissous. - L'Église de Cane Ridge. - Association chrétienne. - Les réformés se séparent des baptistes. - Union de l'Association chrétienne et des réformés. - Nature de la conversion. - Walter Scott. - Baptême pour la rémission des péchés. - Témoignage d'Isaac Errett.




1. Thomas et Alexandre Campbell

En 1807, un pasteur d'une des branches scissionnaires de l'Église presbytérienne, Thomas Campbell, quitta son foyer au nord de l'Irlande, pour des raisons de santé, et se rendit en Amérique (106). Il fut bien reçu par le Synode, qui était alors en session à Philadelphie, et envoyé en Pensylvanie occidentale, où il se fit apprécier par ses dons remarquables et son caractère spirituel. Quelques-uns, cependant, doutèrent de sa loyauté vis-à-vis du «Témoignage de la Scission» en l'entendant enseigner que les Écritures sont suffisantes comme vraie base de la foi et de la vie, et déplorer l'esprit de parti prédominant dans les églises.

Étant en visite dans un district pauvrement peuplé des montagnes de l'Alleghany, il admit à la Ste-Cène des croyants qui, tout en étant presbytériens, n'appartenaient pas à ce groupement spécial. Il fut censuré pour cette action et, lorsqu'il essaya de démontrer qu'il avait agi selon l'enseignement de l'Écriture, il fut traité avec un tel esprit d'hostilité qu'il décida de quitter le corps des «scissionnaires».

Beaucoup de chrétiens de diverses dénominations continuèrent à Jouir de son ministère, car ils étaient mécontents de l'état de divisions religieuses qui régnait, et sympathisaient avec son enseignement. Campbell prêchait que l'union des chrétiens pouvait s'obtenir par un retour à la Bible, et qu'une meilleure compréhension de la différence entre foi et opinion produirait un esprit de tolérance qui mettrait un frein aux divisions.

En 1809, dans une maison entre Mount-Pleasant et Washington, se tint une réunion où les participants conférèrent sur les meilleurs moyens d'appliquer les principes de Campbell. Il y parla du tort que causaient les divisions et montra qu'elles n'étaient pas inévitables, puisque Dieu avait donné dans sa Parole un modèle et un guide s'adaptant aux besoins des églises de tous les temps. C'est l'élaboration de théories et de systèmes religieux en dehors des Écritures qui provoquent les luttes et les dissensions. Ce ne sera donc qu'en retournant aux enseignements de la Parole de Dieu que l'unité vraie sera retrouvée. Comme règle directrice il proposa aux assistants: «de parler là où les Écritures parlent et de garder le silence là où elles gardent le silence». Un presbytérien objecta alors: «Si nous adoptons cette base, il ne peut plus être question de baptiser les enfants», à quoi Thomas Campbell répondit: «Si ce mode de baptême ne se trouve pas dans l'Écriture, nous ne sautions le pratiquer.» Un autre, ému jusqu'aux larmes, se leva en s'écriant: «J'espère ne jamais voir le jour où mon coeur reniera cette parole bénie: «Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.» Un frère indépendant en vue répartit: «Dans la portion de l'Écriture que vous venez de citer, il n'y a aucune référence au baptême des petits enfants.»

Malgré l'évidence bien nette de leur divergence d'opinions, la plupart des assistants s'unirent pour former l'«Association chrétienne de Washington», et ils désignèrent Thomas Campbell pour préparer un exposé de leurs principes. Cette décision prise à l'unanimité revêtit la forme d'une «Déclaration et Adresse» par laquelle ils exprimaient leur conviction que puisqu'aucun homme ne peut être jugé par son frère, aucun homme ne peut donc juger son frère; chacun doit juger pour lui-même et rendre compte de lui-même à Dieu. Tout homme est tenu d'obéir à la Parole de Dieu, mais non point à une interprétation humaine du texte biblique. Fatigués des luttes de parti, ces frères désiraient prendre et recommander des mesures propres à procurer du repos aux églises. Désespérant d'arriver à ce repos en laissant subsister l'esprit de parti et le choc continuel des opinions humaines, ils ne voyaient l'apaisement qu'en Christ et dans sa Parole immuable. Retournons donc, écrivaient-ils, au modèle original et que la Parole de Dieu soit notre norme. Ils n'avaient pas l'intention de fonder une église, mais simplement une société pour l'avancement de l'unité chrétienne et pour «une pure réformation évangélique par la simple prédication de l'Evangile et par l'administration de ce qui est ordonné, en se conformant exactement au modèle divin. »

Lorsqu'il s'était rendu en Amérique, Thomas Campbell avait laissé derrière lui sa famille, qui devait le suivre plus tard. Sa femme était d'origine huguenote et leur fils, Alexandre, se préparait au ministère de l'Église presbytérienne scissionnaire. Mais, à Glasgow, Alexandre Campbell vint en contact avec l'enseignement et l'oeuvre des frères Haldane. Ceci l'amena à douter que le gouvernement des églises par les synodes fût scripturaire, et à accepter le système congrégationaliste comme étant conforme à l'enseignement et à la pratique apostoliques. Cependant, son attachement à l'église scissionnaire et le désir de respecter les voeux de son père lui firent garder le silence sur sa nouvelle attitude; mais, de coeur, il était séparé du système presbytérien. Quand vint le moment de la communion semestrielle des scissionnaires, quoiqu'il eût passé l'examen requis et reçu l'autorisation de participer à la Ste-Cène avec un grand nombre d'autres communiants, il s'abstint de cet acte, ne voulant pas paraître approuver un système qu'il rejetait.

Lorsque vint le temps pour la famille de Thomas Campbell de traverser l'océan, Alexandre dut s'occuper de sa mère et des plus jeunes enfants. Arrivés à New-York, ils se dirigèrent vers l'intérieur en char, s'arrêtant dans les vastes et commodes auberges le long de la route. Sachant qu'ils approchaient, Thomas Campbell vint à cheval de Washington à leur rencontre. Ils voyagèrent alors ensemble, se racontant les uns aux autres ce qui s'était passé durant leur séparation.

Il n'y avait pas eu échange de confidences entre Thomas Campbell et son fils au sujet de leur séparation d'avec l'église scissionnaire. Chacun de son côté était donc anxieux de savoir comment la nouvelle serait reçue par l'autre. Quand ils apprirent comment, et l'un et l'autre, séparément et par d'autres voies, en était venu à la même conclusion, ils furent encouragés et remplis de gratitude envers Dieu pour ses directions manifestes. Quand Alexandre vit la Déclaration écrite par son père et apprit les principes selon lesquels il agissait, il constata qu'ils exprimaient les convictions auxquelles il était lui-même parvenu. Aussi résolut-il de se consacrer à cette grande cause: ramener l'unité de l'Église par un retour aux Écritures.

Craignant que l'Association chrétienne ne se développât en un nouveau parti, ou ne devînt une nouvelle église, Thomas Campbell s'adressa aux presbytériens dans l'espoir qu'ils accorderaient aux membres de l'Association de partager avec eux les privilèges de la communion chrétienne et pastorale. Lors du synode de Pittsburg, en octobre 1810, Campbell présenta donc sa requête, expliquant en même temps les principes de l'Association. Il demandait si le synode consentirait à une Union chrétienne sur des principes chrétiens. Cette demande fut repoussée et l'activité de l'Association fut sévèrement condamnée. Alexandre Campbell en profita pour donner une explication plus complète et pour défendre les buts de l'Association. Il voyait nettement que se joindre à un autre parti serait contraire au principe du retour aux Écritures.

En 1811, Alexandre Campbell se maria et se joignit à son beau-père dans l'exploitation d'une ferme prospère. Thomas Campbell quitta aussi Washington pour prendre une ferme près du village de Mount-Pleasant. Cette entreprise fut plutôt entre les mains de voisins obligeants, car lui-même passait son temps à visiter et à prêcher. Toutefois son fils était si capable et énergique qu'il put continuer à entretenir sa famille du produit de sa ferme, sans abandonner ses travaux spirituels.

L'hostilité de tous les milieux religieux contre l'Association chrétienne convainquit enfin les membres de cette dernière, qu'à moins de former une congrégation de croyants, ou église du N. Testament, ils ne pourraient ni jouir des avantages d'une église, ni en accomplir les tâches. Incapables de transformer les églises existantes, ils espéraient que l'exemple d'une église en dehors de tous partis et appliquant les principes du N. Testament mettrait plus effectivement en relief la vérité de l'unité obtenue par un retour aux Écritures.

En 1811, cette église fut solennellement fondée à Brush. Run. Un ancien, un évangéliste et des diacres furent élus. La Ste-Cène fut distribuée chaque premier jour de la semaine. L'église se composait d'une trentaine de membres. Rejetant toute prétention à la succession apostolique, ils constatèrent que, dans toute église du N. Testament, il y avait plusieurs anciens (ou évêques ou surveillants) et des diacres (ou serviteurs) pour l'édification de l'église, ainsi que des évangélistes envoyés dans le monde pour y prêcher la vérité. La forme de la consécration n'était pas regardée comme conférant une autorité, mais plutôt comme le témoignage que ceux qui étaient consacrés la possédaient déjà. Il n'y avait aucune distinction entre clergé et laïques. La question du baptême avait été écartée. Thomas et Alexandre Campbell pensaient tous deux que le baptême des enfants était si bien établi qu'il fallait le laisser subsister. Pourquoi ceux qui appartenaient à l'église en sortiraient-ils «simplement dans le but d'y rentrer par la voie régulière et instituée?» Les croyants qui le désiraient étaient baptisés par immersion. Mais la naissance du premier enfant d'Alexandre Cambell amena une solution pratique de cette question, lorsque le père se mit à étudier soigneusement les Écritures à cet égard. Il dut conclure que le N. Testament ne parlait que du baptême par immersion des croyants, que c'était un commandement du Seigneur observé par les apôtres et de telle importance qu'on ne pouvait le mettre de côté.

Dans une eau profonde de Buffalo-Creek, où plusieurs membres de l'église de Brush-Run avaient déjà été baptisés, Alexandre Campbell et sa femme, son père, sa mère, sa soeur et deux autres personnes furent baptisés (1812).

Tandis que cet acte accroissait encore l'animosité de la plupart des dénominations religieuses, il fit plaisir aux baptistes, qui proposèrent à l'église de Brush-Run de s'unir à eux. Les baptistes de ce district avaient formé une union d'églises appelée «Redstone». Malgré leur principe de congrégations indépendantes, l'activité des églises associées était strictement surveillée par les pasteurs baptistes. Or ces derniers avaient une si grande influence que l'église de Brush» Run craignait pour son. Indépendance en s'unissant étroitement à ces frères. Et puis, l'Union baptiste avait adopté une confession de foi - formulée en 1747 par l'Association baptiste de Philadelphie - qui contenait des théories inadmissibles pour l'église de Brush-Run. Cependant ces baptistes étaient des gens pieux, qui aimaient la Parole, et ils insistaient pour qu'Alexandre Campbell vint travailler parmi eux. Après réflexion, l'église de Brush-Run envoya à l'Union de Redstone un exposé détaillé de leur position, «de leur opposition à tous les credos humains comme liens de communion ou d'union entre églises chrétiennes». Elle exprimait son désir de travailler avec les baptistes si elle pouvait garder la liberté d'enseigner et de prêcher tout ce quelle apprenait des Stes-Ecritures. Cette proposition fut acceptée par une majorité; mais la minorité fit une assez vive opposition.

Cette opposition s'affirma plus nettement lors d'une réunion de l'Association à Cross-Creek (1816), où Alexandre Campbell prêcha un «sermon sur la loi». Il montra clairement la différence entre les deux dispensations et déclara que nous ne sommes plus sous la loi, mais soumis à Christ, qui «est la fin de la loi, pour la justification de tous ceux qui croient». Il montra que beaucoup des pratiques de la chrétienté sont dérivées de I'A. Testament, précurseur du N. Testament et par lequel il a été remplacé. C'est dans ce dernier que se trouve l'Evangile et l'enseignement pour notre dispensation. Ces paroles étaient si contraires à une partie de la doctrine ayant cours chez les baptistes qu'un certain nombre de chaires furent dès lors refusées à Alexandre Campbell.


2. Barton Warren Stone

Au début du dix-neuvième siècle, plusieurs mouvements spirituels furent provoqués par un désir de se libérer des systèmes théologiques et des formes traditionnelles qui avaient si longtemps régné, ainsi que par la persuasion, qu'en revenant aux Écritures, on découvrirait qu'elles contiennent tout ce qu'il faut pour la foi et pour la marche. qu'il s'agisse d'individus ou d'églises.

Un de ces mouvements se développa parmi les méthodistes. Par l'Acte d'indépendance américain, ils avaient été libérés de tout contrôle venant de l'étranger et lorsqu'ils examinèrent la question du gouvernement de l'Église, la plupart se décidèrent en faveur du système épiscopal. D'autres préférèrent le système congrégationaliste et désirèrent que leurs églises se conformassent au modèle du N. Testament. Cette minorité, ne pouvant obtenir satisfaction, se sépara (1793) de la majorité. James O'Kelly et d'autres prédicateurs de la Caroline du Nord et de la Virginie entreprirent la formation de ces églises, qui prirent d'abord le nom de Méthodistes républicains, mais l'abandonnèrent bientôt pour celui de Chrétiens tout court. Ils ne reconnaissaient pour l'Église aucun autre chef que Christ, ne formulaient ni credo, ni organisation, mais acceptaient les Écritures comme leur seul guide.

Peu après, un mouvement similaire se déclara parmi les baptistes. Un docteur, Abner Jones et un prédicateur baptiste, Elias Smith, fondèrent, dans les États de l'Est, des églises qui avaient pour base de réception des membres la foi et une marche pieuse, et non l'appartenance à quelque secte particulière (depuis 1800). D'autres prédicateurs baptistes se joignirent à ces églises, d'où sortirent des hommes doués qui portèrent l'Evangile au loin. Tous ceux-ci prirent le nom de «Chrétiens» et acceptaient les Écritures comme leur seul guide, tout suffisant.

A Cane Ridge, Kentucky, dans la dernière décade du dix-huitième siècle, les premiers colons presbytériens élevèrent un bâtiment en bois comme local de réunion. En 1801, leur pasteur était Barton Warren Stone (107) (1772-1844).

Il raconte ainsi sa propre expérience: «Vers cette époque, mon esprit était continuellement ballotté par les vagues de la théologie spéculative, le sujet le plus absorbant retenant alors l'attention des communautés religieuses... A cette époque, je croyais et enseignais que l'humanité était tellement corrompue qu'elle ne pouvait rien faire d'agréable à Dieu, jusqu'à ce que l'Esprit, par quelque force physique toute-puissante et mystérieuse, eût vivifié, éclairé et régénéré le coeur, préparant ainsi le pécheur à croire en Jésus pour être sauvé. je voyais aussi clairement que si Dieu n'accomplissait pas pour tous cette oeuvre régénératrice, cela devait être parce qu'il Lui plaisait de le faire pour les uns et non pour les autres, et que cela dépendait de sa souveraine volonté et de son bon plaisir... Cette doctrine est inséparablement liée à la réprobation sans condition... Les deux ne sont au fond qu'une; c'est pourquoi, ayant admis la doctrine de la totale dépravation, j'admettais aussi les décrets de l'élection et de la réprobation. Ils sont inséparables.

Souvent, quand je cherchais à persuader les perdus de se repentir et de croire à l'Evangile, mon zèle se refroidissait soudain à la pensée de cette contradiction. Comment pourraient-ils croire? Ou se repentir? Comment feraient-ils l'impossible? Pourquoi seraient-ils coupables de ne pas faire l'impossible?... Un certain soir, tandis que je priais dans le secret et lisais ma Bible, mon esprit fut spécialement rempli de paix et de réconfort. je ne me rappelle pas avoir jamais éprouvé tant d'ardent amour et de tendresse pour toute l'humanité, ni un si grand désir de la voir sauvée... je passai plusieurs jours et nuits à prier presque continuellement pour un monde perdu... J'exprimai mes sentiments à une personne pieuse et lui dis un peu étourdiment: «Mon amour pour les pécheurs est si grand que, si je le pouvais, je voudrais tous les sauver». Cette personne parut horrifiée et me demanda: «Les aimez. vous donc plus que Dieu? Alors, pourquoi ne les sauve-t-Il pas? Il est certainement tout puissant.» je rougis de confusion et gardai le silence; puis je me retirai dans les bois silencieux pour y prier et y méditer.

Je me demandais. Dieu aime-t-Il le monde - le monde entier? Si oui, tous doivent être sauvés, car qui saurait résister à sa puissance?.... J'étais fermement convaincu que, selon l'Écriture, tous n'étaient pas sauvés. Il n'y avait alors qu'une conclusion: Dieu n'aimait pas tous les hommes; donc, l'esprit qui était en moi et me poussait à aimer si ardemment le monde ne pouvait être l'Esprit de Dieu, mais un esprit d'égarement... je me prosternai devant Dieu dans la prière mais, immédiatement, il me fut suggéré: Tu pries dans l'incrédulité. Or, «tout ce qui n'est pas le produit de la foi est péché». Si tu ne crois pas, tu ne peux recevoir aucun bien de la main de Dieu. - Mais je suis aussi incapable de croire que de créer un monde. - Alors tu es damné, car «celui qui ne croira pas sera condamné». - Mais le Seigneur me condamnerait-il au châtiment éternel pour n'avoir pas pu faire l'impossible? je réfléchis... mon coeur fut porté à blasphémer contre un tel Dieu, et ma langue était sur le point de prononcer le blasphème. Je transpirais abondamment, par tous les pores de ma peau, et le feu de l'enfer m'environnait... je restai deux ou trois jours dans ce triste état; puis j'en fus délivré par la précieuse Parole de Dieu. En la lisant et en la méditant, je fus convaincu que Dieu aimait le monde entier et que, s'Il ne sauvait pas tous les hommes, c'était à cause de leur incrédulité. S'ils ne croyaient pas, c'était, non point parce que Dieu n'exerçait pas sa force physique et toute-puissante pour les amener à la foi, mais bien parce qu'ils négligeaient et repoussaient le témoignage de la Parole concernant son Fils. «Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom». je compris que l'obligation de croire au Fils de Dieu était raisonnable, parce que le témoignage donné était suffisant pour produire la foi chez le pécheur; les invitations et les encouragements de l'Evangile étaient suffisants pour amener celui qui les accepte au Sauveur, à l'Esprit promis, au salut et à la vie éternelle. Cette lueur de foi, de vérité fut le premier rayon de lumière divine qui conduisit mon âme angoissée hors du labyrinthe du calvinisme et de l'erreur, dans lequel J'avais si longtemps été emprisonné. C'est ainsi que je fus conduit dans les gras pâturages de la liberté évangélique».


3. Réveils puissants; restauration du témoignage

A cette époque, Stone se rendit dans les États du Kentucky et du Tennessee pour juger par lui-même du réveil dont il avait eu des échos. Les gens étaient jetés à terre et passaient par une grande angoisse ou une profonde joie spirituelles. Toutes les classes étaient touchées. Après un examen attentif et prolongé des circonstances, Stone fut convaincu que le réveil venait de Dieu. De retour à Cane Ridge, sa prédication fut suivie des mêmes résultats. Lors d'une réunion, environ 20.000 personnes s'assemblèrent et campèrent pendant quatre jours. Des prédicateurs presbytériens, méthodistes et baptistes prêchèrent en même temps en diverses parties du camp. L'esprit de parti s'évanouit. Environ mille personnes de tous genres eurent d'étranges manifestations. De bons résultats demeurèrent après que la grande excitation fut passée. Des esclaves furent libérés et les églises gagnèrent en nombre et en zèle.

Avec Stone, plusieurs ministres presbytériens prêchèrent alors la suffisance de l'Evangile pour le salut des hommes, démontrant que le témoignage de Dieu était destiné à produire la foi et capable de le faire. Stone écrit. «Les gens semblaient s'éveiller d'un sommeil séculaire et voir, pour la première fois, qu'ils étaient des êtres responsables et, qu'en refusant d'employer le moyen préparé par Dieu, ils commettaient un péché irrémissible».

Au bout de quelque temps, l'esprit de parti se raviva et le conseil des anciens de Springfield, Ohio, fit comparaître l'un de ces prédicateurs devant le Synode de Lexington. Ceci provoqua la démission de cinq ministres, qui, formant le conseil des anciens de Springfield, déclarèrent abandonner toutes les confessions et tous les credos pour n'accepter que les Écritures seules comme guide de la foi et de la marche.

Stone réunit sa congrégation et lui communiqua que, désormais, il ne soutiendrait plus aucun système religieux, mais travaillerait pour l'avancement du royaume de Christ et non pour un parti quelconque. Il renonça à son traitement et travailla dur sur sa petite ferme, tout en continuant à prêcher.

Au bout d'une année, durant laquelle il agit en accord avec le conseil des anciens de Springfield, ils conclurent tous ensemble que cette organisation n'était pas scripturaire et ils l'abandonnèrent. Leurs raisons sont rapportées dans un document intitulé: «Dernière volonté et testament du Conseil des anciens de Springfield». Ils prirent le nom de «Chrétiens» qu'ils estimaient avoir été donné par ordre de Dieu aux disciples d'Antioche.

Ainsi ces croyants se réunissant à Cane Ridge, en 1804, pensèrent qu'ils formaient la première église selon les principes apostoliques originaux, depuis qu'on les avait abandonnés au temps de Constantin.

Des églises semblables ne tardèrent pas à se multiplier, chaque congrégation étant considérée comme une église autonome. On y enseignait le baptême des croyants, lequel fut adopté et devint leur pratique.

Le mouvement prit une rapide extension dans les États de l'Ouest. Il entra en contact avec les mouvements de l'Est et du Sud; puis les trois s'unirent pour former une «Association chrétienne», tous étant d'accord pour abandonner la servitude des credos humains, ne prendre que l'Écriture comme guide et marcher selon la simplicité des églises primitives.

Ces mouvements, nés indépendamment les uns des autres et ne se découvrant que plus tard, avaient beaucoup de points communs avec les églises sous la direction des Campbell. Les églises de l'Association chrétienne étaient surtout actives dans l'évangélisation, aussi s'accrurent-elles plus rapidement que les autres qui s'occupaient plutôt d'enseignement et firent davantage de progrès dans la connaissance.

Les talents exceptionnels et l'inlassable activité d'Alexandre Campbell, comme éditeur, auteur, docteur, prédicateur, prenant part à des discussions publiques, enseignant, révisant le N. Testament et s'occupant d'autres choses encore: tout contribua à une large diffusion de son enseignement.

Il influença grandement les communautés baptistes. Mais celles d'entre elles qui ne voulurent pas accepter la réforme organisèrent graduellement une opposition, qui commença à se montrer en divers lieux par une séparation entre baptistes et réformés. Finalement, une des associations baptistes exclut plusieurs prédicateurs éminents de la réforme qui travaillaient avec eux, puis elle conseilla aux églises d'exclure de leur communion tous les réformateurs. Ceci amena une séparation générale, en 1832.

En même temps, il y eut un rapprochement entre des congrégations et des individus se rattachant à l'oeuvre de Campbell et d'autres, associés au mouvement plus ancien où Stone était actif. Ces frères découvrirent que, sur tous les points essentiels, leurs buts et leurs principes étaient semblables et que, même leurs divergences, loin de les diviser, suppléaient à quelque lacune chez les uns ou les autres. Ils commencèrent donc à collaborer. Des deux côtés on pensait qu'une fusion formelle de ces deux corps de croyants, serait nuisible. Toutefois, en 1832, il fut reconnu que toutes ces églises étaient en communion.

Dans ces milieux on avait longtemps discuté sur la nature de la conversion. L'opinion générale avait été que l'homme ne peut absolument rien faire pour son propre salut, pas même croire sans une opération du St-Esprit. On attendait donc longtemps quelque expérience spirituelle intime, démontrant l'oeuvre du St-Esprit dans le coeur. Alors quelques-uns se mirent à objecter que la volonté humaine doit s'exercer; que, lorsque l'homme entend l'Evangile, il est responsable de l'accepter par la foi, et que s'il le refuse ou le néglige, il est responsable de cet acte et de la perte durable qui en résulte.

Cette question troubla profondément Walter Scott, l'un des évangélistes les plus dévoués et les plus bénis travaillant avec Thomas et Alexandre Campbell, et qui, auparavant, avait été étroitement uni à des amis de Barton Warren Stone dans le travail d'évangélisation. Il réalisait que beaucoup de prédications semblaient rester stériles parce qu'elles n'avaient pas assez souligné la responsabilité des auditeurs d'accepter, par la foi, Christ comme leur Sauveur, leur foi s'appuyant sur le témoignage de l'Écriture, et non sur des sentiments qu'ils pourraient considérer comme une évidence de l'opération du St-Esprit. Scott remarqua que, dans le N. Testament, ceux qui croyaient étaient baptisés; ils ne craignaient pas de faire ce pas décisif. Il s'arrêta aussi aux paroles de Pierre dans Actes 2. 38: «Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du St-Esprit», et il commença à appeler ses auditeurs à s'avancer et à être baptisés «pour la rémission des péchés». Lorsqu'il baptisait, il ajoutait ces paroles au commandement du Seigneur, dans Matt. 28. 19. Ceci devint sa pratique habituelle. Scott décrivait la conversion en ces termes: 1) La foi, 2) la repentance, 3) le baptême, 4) la rémission des péchés, 5) l'effusion du St-Esprit.

Il est certain que beaucoup de gens furent conduits à l'obéissance de la foi par cet essai de résumer l'Evangile en formant une liste des exhortations contenues en Actes 2. 38, lorsque Pierre, à la Pentecôte, prêcha pour la première fois aux Juifs et aux prosélytes à Jérusalem. Cependant, si l'on avait choisi comme exemple la première prédication de Pierre aux Gentils de Césarée (Actes 10. 43-48), l'ordre eût été:
1) La foi,
2) la rémission des péchés,
3) l'effusion du St-Esprit,
4) le baptême. Il est difficile de réduite à une formule les réactions mutuelles de l'Esprit Saint et de la volonté humaine produisant la conversion.

La prédication de l'Evangile fut vivifiée par l'union d'un grand nombre d'églises, toutes attachées aux Écritures. Des hommes de toutes classes furent suscités et qualifiés pour ce service. Ils prêchèrent Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié et leur parole fut efficace. Des milliers d'âmes se convertirent et furent ajoutées aux églises qui se développèrent très rapidement. Leurs adversaires se plaisaient à les nommer «stonettes», ou «campbellistes», mais eux rejetaient tous noms sectaires. Ils aimaient à s'appeler «chrétiens», «disciples», «églises de Christ».

Isaac Erret (1820-1888), un de leurs conducteurs de la seconde génération, les décrit comme suit: «Pour nous, là divinité et la messianité de Jésus est plus qu'un article de doctrine, c'est la vérité centrale du système chrétien, et, en un sens, le credo du christianisme. C'est la seule vérité fondamentale que nous défendons jalousement contre tout compromis. Si les hommes sont au clair sur Christ, Christ. les mettra au clair sur tout autre chose. C'est pourquoi nous prêchons Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. Pour le baptême et pour l'admission d'un membre, nous ne demandons pas d'autre foi que la foi du coeur qui accepte Jésus comme le Christ, le Fils du Dieu vivant. Nous n'avons pas d'autre terme ou lien de communion que la foi et l'obéissance au divin Rédempteur. Tous ceux qui se confient dans le Fils de Dieu et Lui obéissent sont nos frères, si même en quelque autre chose ils ne sont pas dans le vrai. Mais ceux qui ne croient pas en ce divin Sauveur pour leur salut, quand même ils observeraient ses commandements, ne sont pas nos frères, si intelligents et si excellents qu'ils puissent être à d'autres égards... Dans les jugements purement déductifs, nous arrivons à des conclusions aussi unanimes que possible. Si nous ne le pouvons, nous usons de tolérance, dans la confiance que Dieu nous amènera finalement à un accord. Dans les questions d'opinion - celles sur lesquelles la Bible est ou silencieuse, ou si obscure que l'on ne peut parvenir à des conclusions définitives - nous permettons la plus grande liberté, pour autant que nul ne Juge son frère ni ne cherche à imposer ses vues aux autres, ou n'en fait une cause de discorde.»

Ces églises prirent une grande extension en Australie, s'établirent dans les Iles britanniques et en plusieurs autres pays. Naturellement, il y eut de temps en temps des tendances vers le développement d'un système de dénomination. Quelques-unes furent en faveur de l'oeuvre «missionnaire» dépendant d'une organisation centrale. D'autres se ressentirent de l'influence du rationalisme, alors en faveur. Parfois, des discussions sur l'interprétation, ou l'application de l'Écriture produisirent des divergences dans la marche pratique. Toutes ces expériences illustrent tour à tour l'importance d'un témoignage de restauration conforme à «ce qui était au commencement», car retourner aux Écritures est le seul chemin qui conduise à la vraie unité des églises et à la puissance de leur dissémination dans le monde Par la proclamation de toute la Parole de Dieu.


106) «Memoirs of Alexander Campbell», Richardson. The Standard Press, Cincinnati, Ohio.

107) «Autobiography of B. W. Stone» (The Cane Bridge Meeting House, James R. Rogers). The Standard Publishing Co, Cincinnati, Ohio.

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