Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES SOUFFRANCES DU SAUVEUR

***

Préface

C’est une disposition commune de trouver du soulagement à sa peine dans la sympathie de ceux qui ont souffert aussi; mais c’est une disposition encore plus générale de croire notre souffrance plus complète que celle d’aucun autre, et de supposer que des circonstances particulières aggravent notre peine à un degré que personne ne saurait comprendre.

Cette seconde disposition nuit aux bons effets de la pitié; nous lui imputons toujours quelque méprise, soit oubli de notre position, soit ignorance de ce qui devrait être particulièrement l’objet de la compassion et des consolations qu’elle s’efforce de nous apporter. De là, des mécomptes qui en détruisent l’influence. Et, en effet, deux cœurs n’ont jamais été atteints d’une manière si complètement analogue, qu’ils puissent se plaindre, en se comprenant parfaitement.

Pour l’un ou pour l’autre, des circonstances extérieures, ou des dispositions intérieures, ont modifié l’impression reçue, bien qu’elle garde le même nom pour les indifférents. Rien n’est identiquement semblable sur la terre:

Deux feuilles nées le même jour, sur la même tige, ne sont pareilles que pour des yeux inattentifs.

Deux sœurs, élevées par la même tendresse maternelle, et unies par les habitudes comme par l’affection, ont à se raconter des impressions diverses, et leur sympathie même aura des limites.


Dieu seul comprend la douleur au-delà de ce qu’elle peut exprimer.

Le Sauveur, pendant sa vie terrestre, a voulu tout sentir pour tout plaindre.

Le caractère de consolateur des affligés, en tant QU’IL A ÉPROUVÉ TOUS LEURS MAUX, est donc un de ceux sous lesquels Jésus-Christ doit être considéré.

C’est en étudiant l’Évangile sous ce point de vue qu’une personne chrétienne, éprouvée par la réunion peut-être unique des douleurs les plus déchirantes, a trouvé du soulagement dans ses angoisses; et comme la charité d’une âme pieuse a besoin de communiquer tout ce qu’elle reçoit, cette personne a eu la pensée de réunir dans un extrait les passages qui ont rapport aux souffrances du Sauveur; non seulement aux grandes souffrances qui fixent l’attention et l’intérêt de tous les hommes; mais à ces peines de chaque jour qui usent le courage, parce qu’elles n’excitent pas d’effort pour les combattre ni d’enthousiasme pour en triompher.

Chacun pourra chercher dans ce recueil le secours de la sympathie divine; car ces passages prouvent que Jésus-Christ a voulu être soumis aux mêmes douleurs, aux mêmes misères que nous, même aux simples nécessités de la vie: il a eu faim, il a eu soif, il a senti la fatigue; enfin, il a tout souffert, hormis le péché, à un degré supérieur à ce que nous pouvons souffrir; et il a réuni sur lui seul toutes les peines, dont chaque créature a sa part. Cette part, qui est limitée par sa bonté, est illimitée pour sa pitié.

Allons donc au Sauveur avec toute confiance, dans nos angoisses, comme à CELUI QUI EST À LA FOIS L’HOMME DE DOULEUR ET LE TOUT-PUISSANT, à Celui qui a tiré des souffrances le trésor des consolations et qui a voulu descendre jusque dans chaque épreuve de misères possibles, afin de s’adresser à tous, lorsqu’il dit: Venez à moi, vous qui êtes fatigues et chargés, et je vous soulagerai.


MISÈRES DE LA VIE PHYSIQUE.


.... Elle mit au monde son fils premier-né, et elle l’emmaillota elle coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie (Luc, II, 7).

.... Joseph donc étant réveillé, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte (Matth. II, 14).

.... Et après qu’il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.... (Matth., IV, 2).

.... Jésus donc étant fatigué du chemin, s’assit près du puits; une femme Samaritaine étant venue pour puiser de l'eau, Jésus lui dit: Donne-moi à boire... (Jean, IV. 6. 7).

.... Les renards ont des tanières et les oiseaux de l'air ont des nids; mais le Fils de l'homme n’a pas où reposer sa tête.... (Matth., VIII, 20).

... Jésus dit: J’ai soif.... (Jean, XIX, 28).


ISOLEMENT MORAL.


.... Mais ils ne comprirent point ce qu’il leur disait (Luc, II, 50).

.... Jésus dit: Si vous ne voyez des signes et des miracles, vous ne croyez point (Jean, IV, 48).

.... Car le cœur de ce peuple est appesanti; ils ont ouï dur de leurs oreilles.... (Matth., XIII, 15).

.... Mais vous ne voulez point venir à moi pour avoir la vie.... (Jean, V, 40).

.... En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés.... (Jean, VI, 26).

.... Et il leur dit: Comment donc ne comprenez-vous point encore ma pensée (Marc, VIII, 21)

.... Ô race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous? Jusqu’à quand vous supporterai-je? (Matth., XVII, 17).

.... Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence?... (Matth., XV, 16).

.... Mais Jésus, se tournant, dit à Pierre: Retire-toi de moi, Satan; car tu ne comprends pas les choses qui sont de Dieu, mais seulement celles qui sont des hommes.... (Marc, VIII, 33)

Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n’avez point de pains? N’entendez-vous et ne comprenez-vous point encore? Avez-vous toujours un cœur stupide (Marc, VIII, 17)?

Voici, la main de celui qui me trahit est à table avec moi (Luc, XXII, 21).

Pierre, je te dis que le coq ne chantera point aujourd’hui, que tu n’aies nié trois fois de me connaître (Luc, XXII, 34).

Vous ne voulez point venir à moi pour avoir la vie (Jean, V, 40).


TENTATIONS.


Il fut au désert quarante jours, étant tenté par Satan (Marc, I, 13).

.... Le diable le mena encore sur une montagne fort haute, et lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire qui les accompagne; et lui dit: Je te donnerai toutes ces choses, si, en te prosternant, tu m’adores.... (Matth., IV, 8, 9 et suiv.).

Détourne cette coupe de moi (Marc, XIV, 36).


TRISTESSE.


Lorsqu’il fut proche de la ville, en la voyant, il pleura sur elle.... (Luc, XIX, 41).

Quand Jésus vit qu’elle pleurait, et que les Juifs qui étaient venus avec elle pleuraient aussi, il frémit en lui-même et fut ému.... Et Jésus pleura (Jean, XI, 33, 35).

Et ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à être fort triste et dans une amère douleur; et il leur dit: Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort; demeurez ici et veillez avec moi. Et étant allé un peu plus avant, il se jeta le visage contre terre, priant et disant: Mon Père, que cette coupe passe loin de moi, s’il est possible (Matth. XXVI, 37-39).


PRÉVISION DE SA MORT VIOLENTE, ET PERSPECTIVE INCESSAMMENT PRÉSENTE DU PLUS CRUEL SUPPLICE.


Et Jésus montant à Jérusalem, prit à part sur le chemin ses douze disciples, et leur dit: Nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes, et ils le condamneront à la mort, et ils le livreront aux Gentils, pour être exposé à la moquerie, et pour être fouetté et crucifié (Matth., XX, 17-19).

Pour vous, montez à cette fête; pour moi, je n’y monte pas encore, parce que mon temps n’est pas encore venu (Jean, VII, 8).

Je donne ma vie.... Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même;... j’ai reçu cet ordre de mon Père (Jean, X, 17 18).

Maintenant mon âme est troublée; et que dirai-je? mon Père, délivre-moi de cette heure; mais c’est pour cette heure même que je suis venu (Jean, XII, 27).

Je dois être baptisé d’un baptême; et combien ne suis-je pas pressé jusqu’à ce qu’il s’accomplisse? (Luc XII, 50).


ABANDON ET TRAHISON.


Et vous, ne voulez-vous point aussi vous en aller (Jean, VI, 67)?

Jésus lui dit: Viens et suis-moi; mais quand le jeune homme eut entendu cette parole, il s’en alla tout triste (Matth., XIX, 21, 22).

Dès cette heure-là plusieurs de ses disciples se retirèrent et n'allaient plus avec lui. (Jean, VI, 66).

Il vint vers ses disciples et les trouva endormis; et il dit à Pierre: Est-il possible que vous n’ayez pu veiller une heure avec moi (Matth., XXVI, 40)?

.... Et revenant à eux, il les trouva encore endormis.... (Matth., XXVI, 43).

.... Cependant Pierre était assis dehors dans la cour; et une servante s’approcha de lui, et lui dit: Tu étais aussi avec Jésus le Galiléen; et il le nia devant tous, disant: Je ne sais ce que tu dis (Matth., XXVI, 69, 70).

.... Et celui qui le trahissait leur avait donné ce signal: Celui que je baiserai, c’est lui; saisissez-le. Et aussitôt s’approchant de Jésus, il lui dit: Maître, je te salue; et il le baisa.... (Matth., XXVI, 48, 49).

.... Alors il se mit à faire des imprécations contre soi-même et à jurer, disant: Je ne connais point cet homme-là (Matth., XXVI, 74).


CALOMNIES, SOUPÇONS.


.... Les Pharisiens disaient: Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébul, le prince des démons... (Matth., XII, 24).

Quelques scribes disaient en eux-mêmes: Cet homme blasphème... (Matth., IX, 3).

.... Ils commencèrent à l’accuser, en disant: Nous avons trouvé cet homme séduisant la nation, et défendant de donner le tribut à César, et se disant le Christ, le roi. (Luc, XXIII, 2).

.... Plusieurs d’entre eux disaient: Il est possédé du démon, il est hors de sens; pourquoi l'écoutez-vous (Jean , X, 20)?

Ils disaient: Il soulève le peuple, enseignant par toute la Judée, ayant commencé depuis la Galilée jusqu’ici.... (Luc, XXIII, 5).

Ils disaient de ses disciples: Pourquoi votre Maître mange-t-il et boit-il avec les péagers et les gens de mauvaise vie (Marc, II, 16)?

.... Ils envoyèrent des gens qui contrefaisaient les gens de bien, pour le surprendre dans ses paroles, afin de le livrer au magistrat (Luc, XX, 20).

Les scribes et les pharisiens l’observaient pour voir s’il les guérirait le jour du sabbat, afin de trouver un sujet de l’accuser (Luc VI, 7).

.... Les pharisiens consultèrent pour le surprendre dans ses discours (Matth., XXII, 15).

Quelques-uns d’entre les pharisiens disaient: Cet homme n’est point de Dieu, puisqu’il ne garde pas le sabbat.... (Jean, IX, 16).

....Jésus voyant leur foi, dit au paralytique: Mon fils, tes péchés te sont pardonnés. Et quelques scribes qui étaient là assis, raisonnaient ainsi en eux-mêmes: Pourquoi cet homme prononce-t-il ainsi des blasphèmes? Qui peut pardonner les péchés que Dieu seul (Marc, Il, 5-7)?

....Les Juifs lui dirent: Nous voyons bien maintenant que tu es possédé du démon. Abraham est mort et les prophètes aussi, et tu dis: Si quelqu’un garde ma parole, il ne mourra jamais. Es-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort? Les prophètes aussi sont morts; qui prétends-tu être (Jean, VIII, 52, 53).

Le souverain sacrificateur déchira ses habits, disant: Il a blasphémé; qu’avons-nous plus besoin de témoins? Vous venez d’entendre son blasphème (Matth., XXVI, 65).

....Les Pharisiens lui dirent: Pourquoi tes disciples font-ils ce qui n’est pas permis dans les jours de sabbat? (Marc, II, 24)

D’où vient que les disciples de Jean et des Pharisiens jeûnent, et que tes disciples ne jeûnent point ?... (Marc, II, 13)


PERSÉCUTIONS, INSULTES, MAUVAIS
 TRAITEMENTS.


Un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et lui dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et t’enfuis en Égypte; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire mourir (Matth., II, 13).

Dès qu’ils le virent, ils le prièrent de se retirer de leurs quartiers (Matth.,VIII, 34).

Alors ils prirent des pierres pour les jeter contre lui; mais Jésus se cacha et sortit du temple (Jean, VIII, 59).

Quelques pharisiens vinrent lui dire: Retire-toi d’ici et t’en vas (Luc, XIII, 31).

....Les principaux sacrificateurs et les Pharisiens avaient donné ordre que si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin de se saisir de lui (Jean XI, 57).

... Jésus se tenait en Galilée; car il ne voulait pas demeurer dans la Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir. (Jean, VII, 1).

S’étant levés, ils le mirent hors de la ville, et le menèrent jusqu’au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, pour le précipiter. (Luc, IV, 29).

....Ils le saisirent et l’emmenèrent (Luc, XXII, 54),

.... Ils lui crachèrent au visage et ils lui donnèrent des coups de poing, et les autres le frappaient avec leurs bâtons, disant: Christ, devine qui est celui qui t'a frappé?.... (Matth., XXVI, 67, 68).

....Et l'ayant fait lier, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Ponce-Pilate (Matth., XXVII, 2).

Ils s’écrièrent tous ensemble: Fais mourir celui-ci, et nous relâche Barabbas. Or, Barabbas avait été mis en prison pour une sédition qui s’était faite dans la ville, et pour un meurtre (Luc, XXIII, 18, 19).

....Jésus, portant sa croix, vint au Calvaire (Jean XIX, 17).

Après avoir fait fouetter Jésus, Pilate le leur livra pour être crucifié (Matth., XXVII, 26).

.... Ils le revêtirent d'un manteau de pourpre, et lui mirent sur la tête une couronne d’épines qu'ils avaient entrelacées; et ils se mirent à le saluer, en disant: Je te salue, roi des Juifs, et ils lui frappaient la tête avec une canne; et ils crachaient contre lui, et se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui. Après s’être ainsi moqués, ils lui ôtèrent le manteau de pourpre, et lui ayant remis ses habits, ils l'emmenèrent pour le crucifier (Marc, XV, 17, 20).

....Et quand ils furent au lieu appelé Calvaire, ils le crucifièrent là, et les deux malfaiteurs, l'un à sa droite et l’autre à sa gauche (Luc, XXIII, 33).

.... Le peuple se tenait là et regardait; et les principaux se moquaient de lui avec le peuple, en disant.: Il a sauvé les autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ, l’élu de Dieu... (Luc, XXIII, 35).

.... Ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, branlant la tête (Matth., XXVII, 39).

.... Les brigands qui étaient crucifiés avec lui, lui faisaient les mêmes reproches (Matth., XXVII, 44).

.... Ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, hochant la tête et disant; Hé! toi, qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même et descends de la croix (Marc, XV, 29, 30).

.... Aussitôt, quelqu’un d’entre eux courut, et prit une éponge, et l’ayant remplie de vinaigre, il la mit au bout d’une canne et lui en donna à boire (Matth., XXVII, 48).


DOULEUR SANS ÉGALE.


.... Jésus s’écria à haute voix:

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?

(Matth., XXVII, 46)




- Table des matières -