Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

UNE TENTATION DE LA SOUFFRANCE.

***


Résistez donc au diable, en demeurant fermes dans la foi, sachant que les mêmes souffrances s'accomplissent dans la compagnie de vos frères qui sont dans le monde. (1 Pier. V, 9.)


L’apôtre Pierre écrivait son épître à des chrétiens souffrants et persécutés, et, d’un bout à l’autre, elle en porte l’empreinte.

Souffrir avec Christ en attendant la manifestation de sa gloire, et jusque-là recommander son âme à Dieu, le fidèle Créateur, voilà des pensées qui lui sont familières et qu’il aime à présenter à ses lecteurs comme des motifs d’encouragement et d'espérance.

La souffrance a des tentations spéciales, et l'apôtre, qui écrivait comme se préparant lui-même au martyre, montre une grande connaissance du cœur humain quand il met en garde ceux qui souffrent contre l'une des plus communes, celle qui consiste à dire: «Personne ne souffre autant que moi! Personne n’eut jamais une aussi lourde croix à porter!»

C’est un langage qui, d’une manière ou d’une autre, revient souvent sur les lèvres des personnes éprouvées, longtemps éprouvées.

Qui de nous ne l’a pas entendu?

C’est bien souvent le murmure ou l’orgueil qui arrache ce cri déchirant au cœur de l’homme; c’est, nous dit Pierre, une tentation du démon; «qui rôde autour de nous comme un lion rugissant.» (1 Pierre V, 8.)

Mais, pour faire justice de semblables pensées, nous n’avons qu’à jeter les yeux autour de nous, et nous trouverons encouragement et consolation dans la compagnie de ceux qui souffrent comme nous.


Arrêtons-nous aujourd’hui à cette pensée, mes bien-aimés, et demandons à Dieu son Saint-Esprit qui nous rende capables d’en faire notre profit.

1. Nous verrons d’abord que ceux qui souffrent forment toute une nombreuse famille;

2. Nous écouterons ensuite ce qu’ils ont à nous dire;

3. Nous entendrons aussi la voix de Jésus nous répéter: Combattez avec courage et avec foi!


Nos frères qui souffrent dans le monde sont «toute une compagnie:» il y en a tant qui souffrent, il y en a tant qui ont souffert! Il faut nous le répéter sans cesse afin que, «considérant cette grande nuée de témoins(Hébr. XII, 1.) nous ne nous croyions pas seuls, nous ne nous considérions pas comme dans une situation exceptionnelle, quand nous avons à souffrir, et que, «regardant à Jésus, nous ne succombions point en perdant courage(Voir Eph. III, 13; 2 Corinth. IV, 16.)

Oui, il y en a tant! Ouvrez la Bible, consultez l’histoire, regardez autour de vous, et vous en trouverez toujours qui sont dans une situation plus misérable que la vôtre.

Ce qui nous étonne, quand nous parcourons ainsi le martyrologe de ceux qui ont souffert, c’est que l’homme, faible créature et chétif ver de terre, soit capable de souffrir autant.

C’est une grande grâce de Dieu qu’on puisse s’habituer autant à la souffrance, s’acclimater pour ainsi dire avec elle, et que des douleurs, dont la seule idée nous effraie de loin, puissent nous devenir familières, quand nous sommes appelés à les porter chaque jour.

C’est aussi la gloire de l’homme de pouvoir souffrir autant; remarquez en effet que, dans l’échelle des êtres, les plus intelligents et les plus nobles sont ceux qui souffrent le plus. La plante ne souffre pas; l’animal inférieur souffre moins que l’animal domestique, et qu’est la souffrance toute physique de celui-ci à côté de la souffrance morale de l’homme?

Plus l'homme aime, plus il est sensible, plus il souffre de la haine qu’il trouve sur son chemin.

L’égoïste entoure son âme d’une cuirasse impénétrable qui le préserve de bien des souffrances, et pourtant nous ne l’envions pas!


Ouvrons notre Bible et, de David à Jérémie, de Paul à tous ces prophètes de la nouvelle alliance qui, comme lui, furent consacrés par l’affliction au service de Dieu, nous trouvons nos douleurs bien petites et nos plaintes bien injustes, quand nous les comparons aux leurs.

Nous ne nous arrêtons pas à cette idée qui vous est familière, et nous nous contentons de dire ici, avec un homme qui est si grand par son expérience de la douleur, avec A. Monod:

«Les apôtres, les prophètes, nous sont présentés partout dans l’Écriture, comme des hommes de douleurs, et de douleurs plus grandes que nous ne savons et que nous ne voyons, car l’Écriture nous laisse plus entrevoir qu’elle ne nous montre

N’y a-t-il pas pour nous quelque chose de touchant à recueillir les larmes de Jérémie, pour les mettre comme un baume sur notre douleur? et, en nous souvenant qu’en définitive il ne fut pas abandonné de son Dieu, que les compassions de l'Éternel se renouvelèrent pour lui chaque matin, ne pourrons-nous pas répéter aussi:

«Ah! les grands serviteurs de Dieu ont connu, ont savouré les amertumes de la souffrance; elles ne sont donc plus un mystère pour moi, et bénies soient la lumière et la consolation qui me viennent de leurs épreuves!» (Tholuck, Heures de recueillement.)


Ouvrons ensuite l’histoire de l’Église, et à côté de ces milliers de témoins obscurs et de héros inconnus, dont nous ne saurons les noms qu’en voyant resplendir leur couronne au royaume des cieux, que d’exemples touchants, que de vies de dévouement, que de souffrances saintes nous disent aussi: Combien toi tu as peu à souffrir!

Laissez-moi ici vous citer quelques noms:

Voici Robert Hall, pasteur dissident au commencement du siècle, qui, au milieu d’une vie de cruelles souffrances, trouvait assez de forces d’un dimanche à l’autre, durant cinquante années, pour prêcher le conseil de Dieu, à Bristol et ailleurs. C’est à lui qu’un auteur, qui n’était nullement prévenu en faveur de ses opinions, rendait ce beau témoignage, arraché à une sincère admiration: «Quoique son sort fût de souffrir continuellement, néanmoins une vive satisfaction était la compagne de son existence(Bulwer)

Plusieurs des hommes qui ont accompli les plus grandes choses dans le règne de Dieu, plusieurs dont la science ou le génie furent la gloire de l’Église de Christ, étaient assujettis à de vives, et souvent à d’incessantes souffrances: ainsi Robert Baxter, ainsi Pascal.

Lisez les biographies de l’aimable et pieux Gellert, de Henri Mœves de Magdebourg, du doux et puissant Louis Hofacker, et parmi nous souvenez-vous de Gonthier, de A. Rochat; et vous serez étonnés de voir combien d’hommes ont accompli, dans la souffrance ou l’infirmité, un ministère de bénédiction.

En lisant les discours d’un Vinet, pensez-vous avec assez de gratitude que souvent il se relevait, durant de pénibles insomnies, mettant ses douleurs au service de ses frères, et y puisant le secret d’une inspiration qui allait édifier le peuple de Dieu?

Ah! nous serions remplis d’admiration, d’une sainte épouvante peut-être, si nous pouvions savoir combien d’éminents serviteurs de Dieu lui ont joyeusement consacré leurs douleurs. Mais voici, nous nous souvenons que les mystères de la douleur sont les secrets de Dieu: c’est dans son amour que le Seigneur acceptait, sanctifiait, bénissait leurs souffrances, et c’est parce qu’il avait besoin de pierres ainsi taillées pour édifier sa maison.


Regardons enfin autour de nous, et nous n’aurons pas de peine à découvrir que nos compagnons de souffrance sont nombreux, très nombreux.

Que de douleurs du corps et de l’âme, connues ou cachées!

Que de plaies dont Dieu seul peut sonder la profondeur;

Que de blessures anciennes qu’il suffit d’un mot, jeté en passant, pour rouvrir; que de misères qui échappent à la sympathie la plus vigilante et à l’œil le plus exercé.

Un ami me citait un jour un de ses paroissiens qui, durant une cruelle maladie, pendant une année entière, n’avait presque pas connu le sommeil.

Un pasteur écossais raconte le trait suivant, où l’héroïsme de la souffrance brille dans tout son jour, et qui le remplit lui-même d’étonnement et d’admiration:

Un jeune matelot, la veille du jour où il devait se marier, fut victime d’un terrible accident: il eut, dans une manœuvre, la cuisse littéralement arrachée sur le pont de son bâtiment. Entouré de sa fiancée, de sa famille qui pleurait un fils unique, il supporta les trois jours de sa douloureuse agonie sans laisser échapper un murmure, ni même un signe d’impatience ou d’insoumission. Le calme serein de la foi planait sur cette demeure; la seule plainte du moribond fut cette parole touchante dite à son fidèle pasteur: Pardonnez-moi, si je m’endors pendant la prière..... et joyeux et calme, il expira en confessant son Sauveur.

Quelle patience et quelle foi! Eux, «dont le monde n’était pas digne, ils ont obtenu l’effet des promesses, fermé la gueule des lions, éteint la force du feu....» (Hébr. XI.) et nous, en serions-nous dignes comme eux?

Pour le savoir, écoutons ce que nos compagnons de souffrance ont à nous dire.

«Frères, prenez pour un exemple d'affliction et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur(Jacques V, 10.)

Ils nous rappellent tout d’abord que nous ne sommes pas seuls, et sont ainsi pour nous un modèle dans nos afflictions.


NON, NOUS NE SOMMES PAS SEULS À SOUFFRIR; regardons à ceux qui nous ont précédés; des jeunes ont souffert et des vieux ont souffert; «ils sont au premier rang et nous sommes au dernier; ils sont arrivés au port et nous y arriverons comme eux; ils nous ont en quelque sorte aplani le chemin et facilité la route(F. De Paris)

Et s’il n’y a pas dans cette pensée une consolation, ne nous inspirera-t-elle pas la reconnaissance et la compassion, puisque beaucoup sans doute ont souffert plus que nous, puisque tous ont réclamé et obtenu la même pitié?

La souffrance partagée a moins d’amertume; elle nous fait toucher du doigt la sainte loi de la solidarité. Mais ici vous m’arrêtez:

Quoi! parce que d’autres souffrent, je sentirais moins ma douleur?

Quoi! parce que d’autres ont souffert, l’aiguillon de la souffrance s’enfoncerait moins profondément dans mon cœur?

Avez-vous jamais parcouru lentement les salles d’un hôpital, où la douleur étale d’une façon si poignante sa cruelle monotonie?

Avez-vous traversé le préau d’une maison d’aliénés, où paraissent à vos yeux tant de misères sans remède et sans nom?

Allez-y, ô vous qui souffrez, et, si pesante que vous ait jusqu’ici paru votre croix, dites si, à la vue de ces douleurs que votre imagination n’eût pas même osé concevoir, elle ne vous semble pas plus légère?

Dites si, en voyant tout ce que Dieu vous a laissé et dont il a privé des malheureux, pourtant AUSSI DIGNES QUE VOUS, vous n’avez pas élevé un regard vers le ciel, peut-être avec une larme de reconnaissance et d’amour?

Ne pensez pas que ce soient des tableaux inventés à plaisir.

C’est dans un lieu pareil que je demandais un jour à un pauvre insensé: Connais-tu Jésus? il hésita un instant, puis, laissant là le rude travail auquel il se livrait avec l’insouciance d’un enfant, il finit par me dire, avec un rire hébété qui retentit douloureusement au fond de mon cœur: Jésus?... . c'est le soleil! Pauvre garçon! Je souffrais alors, mais à la vue de cette douleur morale plus grande que la mienne, moi qui avais un cœur pour sentir les bontés de l’Éternel, et la raison pour adorer Jésus, après que Jésus s’était donné à moi, je trouvai mon fardeau moins lourd.

C’est pourquoi, redisons-Ie:

il fait bon, quand on souffre, se rencontrer avec ceux qui souffrent,

il fait bon confondre nos larmes avec les leurs, sympathiser avec eux, nous intéresser à eux, et prier pour eux.

Sans doute, quand on souffre beaucoup, quand «nous sommes battus tous les jours et que notre châtiment revient tous les matins,» (Ps. LXXIII, 14.) il faut un effort pour sortir ainsi de soi-même, mais n’est-ce pas là le meilleur remède contre notre propre douleur?

Mais ici nous ferons un pas de plus, et «dans la compagnie de nos frères qui souffrent dans le monde» nous profiterons aussi de leurs expériences.


Or ils nous disent tout d’abord: SOYEZ PATIENTS!

Regardez la patience de Job, et souvenez-vous de l’issue que lui donna le Seigneur, qui est plein de compassion et de miséricorde. Soyons donc:

Patients à souffrir, à espérer, à prier;

Patients envers ceux qui nous entourent;

Patients dans la manière dont nous recevons les services de leur charité;

Patients en méditant les promesses du Seigneur et en nous souvenant que les temps appartiennent au Seigneur.

Ce n’est pas pour rien que Paul et Jacques mentionnent la patience comme le premier des fruits de l’affliction:

«Et non seulement cela, mais nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience.

Mais IL FAUT que la patience ait une œuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits et accomplis, de sorte que rien ne vous manque.» (Rom. V, 3; Jacques I, 2-4.)

C’est qu’en effet cette vertu, si humble, si modeste en apparence, est l’une des plus actives, des plus bénies, mais aussi des plus difficiles dont Dieu nous demande le service.


Être patient, c’est être fort; que le Saint-Esprit de notre Dieu y forme nos cœurs, y incline nos volontés, et nous donne ensuite d’en recueillir abondamment les doux fruits!


MAIS POUR ÊTRE PATIENTS, SOYEZ SOUMIS, nous disent-ils ensuite.

Être soumis, c’est accepter notre position, quelque douloureuse qu’elle puisse nous paraître, comme voulue de Dieu, et comme pouvant être par conséquent bénie pour notre âme.

Soyons soumis comme ce bûcheron de nos montagnes qui, au moment même où un cruel accident venait de le rendre impotent pour la vie, s’écriait: Il me fallait ça! En sentant que son âme en avait besoin pour se rapprocher de Dieu.

Soyons soumis simplement, humblement, complètement, non de cette soumission égoïste, indifférente ou orgueilleuse qui dit: Il faut bien qu'il en soit ainsi! mais de cette résignation éclairée, libre, joyeuse, qui sait qu’en définitive toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, et qui peut s’écrier (Rom. VIII, 28.):


DIEU L’A PERMIS,

DIEU L’A VOULU;

TOUT CE QUE DIEU FAIT EST BIEN!


Si tu es pécheur, tu n’as pas le droit de te plaindre!

Si tu es un pécheur pardonné, comment douterais-tu de l’amour de Celui qui a tout fait pour toi?

Élisabeth Fry disait: «Je n’ai jamais connu le désespoir car, dans les plus grandes souffrances, je n’ai jamais douté qu’elles ne fussent pour mon bien spirituel.» Que Dieu nous donne à tous la paix inébranlable de cette soumission!


SOYEZ FIDÈLES À JÉSUS, ET CONFIEZ-VOUS PLEINEMENT EN LUI, nous disent-ils enfin, car nous aussi nous avons regardé à lui, son regard a été pour nous la délivrance même, et c’est par lui que nous avons été plus que vainqueurs.

Il nous demande la fidélité du serviteur à son maître, du soldat à son chef, de l’ami à son meilleur ami.

Le soldat ne déserte pas son poste au moment du combat; nous de même, quand la souffrance redouble, quand le péché nous menace, disons-nous que c’est le moment ou jamais de regarder à Jésus.

Regardons à ceux qui ont souffert avec Jésus, mais surtout regardons à Jésus; ne savons-nous pas, dans toutes les positions les plus douloureuses de la vie, que lui-même nous y a précédés?

Il n’est pas une de nos douleurs qu’il n’ait portée avant nous, pas une de nos angoisses dans laquelle il ne veuille être en angoisse avec nous.

Si Dieu nous a tout ôté, mais que Lui nous reste, NOUS AVONS TOUT PLEINEMENT EN LUI; c’est pourquoi n’ayons pas beaucoup de pensées; concentrons-les toutes sur lui, vivons en lui; quand nous nous attendrons ainsi uniquement à lui, nous verrons quelles tendres sympathies, quelles exquises délicatesses de l’affection il a pour ses enfants affligés, comme il les prévient, comme il les devine, comme il aime, lui aussi, à se donner à eux tout entier.

Mais ici, en recueillant les exemples et les leçons que nous donnent nos frères qui combattent le combat de la douleur, nous nous sentons pressé de dire un mot aussi à ceux qui, sans l’avoir connue, la redoutent d’avance.

Vous avez rencontré sans doute comme nous de ces âmes timides et craintives qui, épargnées pendant une longue vie par la miséricorde du Seigneur, frémissent au contact de la souffrance et redoutent de la voir s’approcher.

Disons tout d’abord que c’est auprès du Seigneur qu’il faut chercher l’affranchissement à cet égard: «J’AI CHERCHÉ L’ÉTERNEL, disait David, ET IL M’A RÉPONDU ET M’A DÉLIVRÉ DE TOUTES MES FRAYEURS


Rappelons ensuite trois observations propres à rassurer les âmes qui s’attristent de cette disposition.

1) C’est d’abord déshonorer Dieu par un manque de confiance, puisqu’il sait infiniment mieux que nous ce qui nous est bon. Il connaît la meilleure manière de satisfaire à nos besoins, dans la souffrance comme à tout autre égard. C’est lui qui mesure le vent à la brebis tondue, et s’il ne veut pas nous épargner une souffrance nécessaire, au moins sommes-nous assurés que jamais il n’en enverra d’inutile.

Ne crains point, nous répète-t-il sans cesse, c’est moi qui t’ai aidé, et, comme le passé est un gage de l’avenir: «Ne crains point, vermisseau de Jacob, homme mortel d’Israël; je t’aiderai, dit l’Éternel, et ton défenseur, c’est le saint d’Israël. TA FORCE DURERA AUTANT QUE TES JOURS(Ésaïe XLI, 14; Deut. XXXIII, 25.)


AYONS DONC POUR L’AVENIR

UNE CONFIANCE ENTIÈRE EN NOTRE DIEU.


Soyons bien assurés qu’avec la souffrance il donnera la force, et que l’affliction ne viendra jamais sans être accompagnée de la tendre sympathie de notre Sauveur.


2) C’est méconnaître aussi la nature et la mission de la souffrance.

N’est-elle pas un de ces ennemis inévitables avec lesquels il nous faut toujours compter? Il est donc de notre propre intérêt de l’aborder de front, sans présomption, mais aussi sans défaillance.

LA REDOUTER À L’AVANCE, C’EST SOUVENT L’AGGRAVER.

Ne connaissez-vous pas ces maladies dont une imagination qui se frappe provoque la naissance ou double le danger?

Si la souffrance vient, ce sera toujours avec un but, et un but de miséricorde à notre égard; toujours nous pourrons la faire rentrer dans l’harmonie merveilleuse de la sagesse divine, et dans l’ordre éternel de l’amour.

Quel encouragement à l’attendre en paix, à l’envisager en face, et à répéter avec le prophète: «Je serai au guet: attendant l'Éternel. Toi donc, mon ennemie, ne le réjouis point sur moi; si je suis tombée, je me relèverai!» (Michée VII, 8.)


3) Enfin redouter la souffrance à l’excès, c’est oublier les exemples de patience que nous laissent nos frères et les dépouiller de leur couronne. Ils ont lutté jusqu’au sang, et nous prétendrions vaincre sans combat!

Nous voudrions moissonner là où nous n’avons point semé, et jouir des fruits de leur victoire sans oser même affronter le danger!

Quoi! ils nous montrent le chemin, «ils achèvent de souffrir en leur corps ce qui reste des souffrances de Christ(Col. I, 24.) et, durant leur sainte agonie, nous voudrions nous tenir à l’écart? Ou bien encore ils nous exhortent, nous contemplent, nous rassurent du haut de ciel, et ce serait pour nous dispenser de souffrir?

Ah! bien plutôt «nous les tenons pour bienheureux(Jacques V, 11.) comme dit Jacques, et ce n’est pas sans cause, car leur courage nous inspire, leur foi nous soutien!, et nous profitons de leurs services.

Allons donc nous retremper auprès d’eux, et, comme eux, allons chercher cette patience, cette soumission, cette confiance qui nous sont nécessaires, là où elles se trouvent, auprès de Jésus.


SOYONS HUMBLES DANS LA SOUFFRANCE, ET NOUS SERONS FORTS.


Tenons-nous près, tout près de Jésus: ce mot résume tous nos devoirs, comme avec lui nous pourrons affronter toutes les tentations, et celle aussi qui nous a occupés aujourd’hui.

Quand nous ne pouvons plus prier, et que nous ne pouvons plus lire; quand nous n’avons personne qui nous aide, nous pouvons encore fixer sur Jésus un regard suppliant; c’est pourquoi regardons à Jésus, et en contemplant ainsi Celui qui a souffert pour nous et qui veut souffrir encore avec nous, en tenant les yeux fixés sur lui plus que sur notre propre douleur, nous verrons le diable s’enfuir, et nous pourrons remporter la victoire.

C’est avec confiance, ô saint Agneau de Dieu, que nous regardons maintenant à toi, avec tous ceux de nos frères qui souffrent.

Seigneur Jésus, vrai Fils de Dieu et Fils de l’homme, immolé pour les péchés du monde, immolé pour nos péchés, nous venons nous asseoir à tes pieds en te demandant de demeurer avec nous comme le Sauveur éternel de notre âme, et aussi comme le fidèle médecin de notre corps souffrant.

Regarde-nous dans ton amour, ô notre Roi, et que tu puisses prendre plaisir en la patience et en la soumission dont tu nous auras toi-même revêtus.

Ô Jésus! la foule passe et te dédaigne; mais sous ta couronne d’épines nous discernons la gloire du Fils de Dieu, et l’amour infini qui voulut porter toutes nos douleurs. Demeure avec nous, ô Jésus, et demeure avec tous ceux qui souffrent; tiens-nous près de ton cœur, car voici nous t’avons trouvé dans le chemin de la joie, mais surtout nous t’avons rencontré dans le sentier de la douleur.

Laisse-nous appuyer sur ton sein notre tête fatiguée, et que nous puissions nous y endormir en paix jusqu’au réveil de l’éternel matin, alors que nous te verrons tel que tu es, et que nous goûterons ces plaisirs qui sont à ta droite pour jamais.

Amen! oui, Seigneur Jésus, viens!




- Table des matières -