Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA DÉLIVRANCE

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Invoque-moi au jour de la détresse, je t’en délivrerai, et tu me glorifieras. Ps. L, 15.

Si un malade couché sur son lit de douleur, si un prisonnier plongé dans l’amère solitude de son cachot, entendait tout à coup une douce voix murmurer ces paroles à son oreille, quelles ne seraient pas sa joie, sa surprise, sa reconnaissance?

Mais si, en se retournant, il reconnaissait dans son visiteur Jésus, Jésus lui-même, quels transports rempliraient son cœur, et comme cette brûlante requête viendrait sur ses lèvres: OUI, SEIGNEUR, DÉLIVRE-MOI, SAUVE-MOI, ET JE TE GLORIFIERAI.


Mes frères, ce tableau imaginaire est celui qu’offre notre vie de chaque jour: nous sommes ce prisonnier, ce malade; ne sommes-nous pas tous captifs dans les liens du péché?

Mais tous aussi nous aspirons à la délivrance, car pour tous, le jour de détresse viendra bientôt, s’il n’est déjà venu.

Aussi, que cette bonne parole, que nous voulons méditer ensemble, soit sortie, il y a bien des siècles, de la bouche d’Asaph, ou de celle de David, peu importe: nous pouvons la recevoir comme NOUS ÉTANT DIRECTEMENT ADRESSÉE PAR L’ETERNEL, comme venant de celui qui aime à parler de paix et de consolation à son peuple.


Serrons-la donc aujourd’hui dans notre cœur, cette précieuse promesse, et que le Saint-Esprit de notre Dieu, en nous remettant en mémoire tous les encouragements qu’elle nous a déjà donnés, l’applique à nos divers besoins; qu’elle nous apporte:

un peu de force au sein de notre faiblesse,

un peu de lumière pour dissiper nos profondes ténèbres,

un peu de baume de Galaad pour consoler toutes nos douleurs.


Le jour de détresse, c’est plus que le jour de l’épreuve, c’est celui où l’épreuve est parvenue à son comble, violente et subite, ou sourde et continue, et où tout nous manque.

Ne nous est-il jamais arrivé, dans les mille détails de la vie de chaque jour comme dans les accablements de la douleur, d’avoir épuisé toutes les ressources, comme toutes les consolations des amis les meilleurs, pour nous retrouver en face d’une position désespérée où chancelle notre faible foi, où notre raison s’égare, et où toute lueur d’espérance disparaît?

C’est David, criant à l’Éternel des lieux profonds:

«Ô Éternel! rends-moi la vie, pour l’amour de ton nom, et retire mon âme de la détresse(Ps. CXLIII, 11; voir aussi: Ps. CXIX, 25, 88, 107, 149, 156, etc.)

C’est Josaphat, répétant en présence des Ammonites:

«Ô Dieu, il n’y a point de force en nous, mais nos yeux sont sur toi!» (2 Chr. XX, 12.)

Ce sont Marthe et Marie venant à Jésus en pleurant leur frère.


Mais à quoi bon dépeindre cet état, ne le connaissez-vous pas, mes chers frères?

Ne vous êtes-vous pas tous trouvés dans une de ces positions où toutes les issues nous sont fermées, et où tout vient à nous manquer?

Eh bien, oui:


TOUT NOUS MANQUE, mais DIEU NOUS RESTE!


Et s’il étend vers nous ses bras de miséricorde, ce n’est pas pour nous repousser; allons donc à lui avec assurance; acceptons le bénéfice même de cette position, si désespérée en apparence, si bénie en réalité; c’est lui qui l’a voulue, afin que nous allions à lui, rien qu’à lui.

C’est une grande grâce de sentir réellement, sincèrement, que nous ne sommes rien, que nous ne pouvons rien, que le cheval et la force manquent à sauver, et que nous serions perdus si notre secours ne résidait en l’Éternel.

Une bonne partie de nos épreuves sont destinées à nous détacher du monde, mais une plus grande partie encore, à nous détacher de nous-mêmes, de notre confiance orgueilleuse en nos propres forces.

Comme il fait bon alors se souvenir que «l'Éternel des armées est avec nous, et qu’il est une haute retraite, que Dieu entend les requêtes en Sion, et qu’il y a un temps de son bon plaisir. Mon conseil tiendra, nous dit-il, et je mettrai en exécution tout mon bon plaisir.» (Ps.XLVI, 7; Ésaïe XLVI, 10.)

C’est alors qu’on apprend véritablement à prier, c’est alors que l’Esprit porte devant le trône de Dieu ces soupirs inexprimables qui sont souvent les plus éloquentes requêtes:

Ô Dieu, tu le vois, ma position est désespérée; parais maintenant, pour la gloire de ton nom; c’est à toi d’agir, car c’est pour de telles circonstances que tu as réservé ton secours!


Oui, la détresse est là, mais Dieu aussi est là, le Dieu qui avec la souffrance donne la foi, et qui envoie avec la détresse la délivrance. C’est lui qui nous dit:


INVOQUE-MOI, ET JE TE DÉLIVRERAI.


«Invoque-moi!» II ne s’agit plus ici de la prière ordinaire, avec le calme et la paix d’une âme qui se recueille devant son Dieu.

N’avez-vous pas remarqué combien souvent la prière de David devient un cri, le cri d’une âme en détresse?

«Je crie de ma voix à L'Éternel, je supplie de ma voix l'Éternel. Sois attentif à mon cri, car je suis devenu fort chétif. Le jour auquel je crierai, mes ennemis retourneront en arrière(Ps. III, 4; XXVIII, 1; LV, 16; CXX, 1; Ps. V, 2, etc...)

Et combien de ses psaumes ne sont qu’un long cri d’angoisse, d’un bout à l’autre! Il appelle comme un enfant qui crie à son père au moment de périr; il n’hésite pas, il ne raisonne pas: il crie.

Le propre de cette prière c’est l’humilité, la ferveur, la confiance:

L’HUMILITÉ, parce que celui qui pousse ce cri se jette dans le sein de Dieu en n’attendant plus rien que de lui;

LA FERVEUR parce que, pour le pousser, il a réuni toutes les faibles forces de son âme en détresse;

LA CONFIANCE, parce qu’il sait que Dieu l’a entendu, et il lui laisse le soin d’agir quand et comment il lui plaira.

Ce peut n’être bien souvent qu’un soupir, qu’un long et douloureux regard; ou, comme dit le poète:


Il est dans les sanglots qui brisent la poitrine,

Dans la larme d'amour répandue au saint lieu.


Qu’importe! c’est toujours le cri de détresse qui va jusqu’au ciel, émouvoir le cœur du Père.

Voulez-vous l’entendre?

Allez près de ce lit de douleur, où, durant toute une longue nuit, une mère éplorée lutte avec le Seigneur pour lui ravir la vie de son enfant.

Allez vers cette âme qui repousse victorieusement les assauts du Prince des ténèbres en répétant, par trois fois, comme Jésus: Il est écrit: «tu ne tenteras point l’Éternel ton Dieu(Matth. IV, 7.)

Allez sur cette mer en tourmente; voyez cette frêle nacelle que le flot va engloutir.... elle est perdue, croyez-vous. Non! vous dis-je: parce que les disciples, qui la montent, se sont écriés, avec un grain de cette foi qui transporte les montagnes: «Seigneur, sauve-nous, nous périssons!» (Matth. VIII, 25.)

Je pourrais vous nommer ici un jeune homme, qui, pendant plus d’une heure, a lutté contre les eaux profondes de la mer courroucée. Le vaisseau qui le portait en Amérique fit naufrage en vue de la côte, et lui, pauvre enfant prodigue échappé de la maison paternelle, allait être englouti par les flots, lorsque, tout à coup, il se souvint du passage que nous méditons, et qu’il avait appris, dans son enfance, à l’école du dimanche. Oh! comme il cria à Dieu du sein de l’abîme; comme sa profonde détresse lui apprit ce cri victorieux du repentir et de la foi. Bientôt il était sauvé, et, comme l’enfant prodigue, il retournait à son père, mais aussi il se tournait vers son Père qui est aux cieux pour le glorifier.


Voilà, mes chers amis, la puissance de la prière, même de la prière qui n’est que le cri de détresse d’un instant.

La connaissez-vous?

Ne voulez-vous pas en faire mieux l’expérience?

Ah! tombez à genoux dès maintenant, et n’attendez pas l’heure de la détresse pour l’apprendre. Car s’il est vrai de dire que «LA NÉCESSITÉ APPREND À PRIER,» s’il est doux de pouvoir en citer de touchants exemples, il y a aussi dans la vie, de ces moments terribles où l’on ne peut plus prier tant le poids de l’épreuve nous accable, tant la catastrophe est prompte; on ne trouve plus rien alors sous la main que la provision de force faite dans les bons jours.

Préparons-nous donc, avant que viennent les jours mauvais, dans l’humilité, dans la persévérance et la foi; veillons dans la prière, faisons-en une sainte habitude, une douce nécessité de notre vie; et alors vienne la détresse avec ses douloureux aiguillons, vienne la pauvreté avec ses angoisses répétées, vienne la mort même: nous ne craindrons rien.


«INVOQUE-MOIdit l'Éternel, et «JE TE DÉLIVRERAI


Le Seigneur peut nous délivrer de trois manières différentes, et toujours «sa délivrance est près de ceux qui le craignent (Ps. LXXXV, 9.)

Pour celui qui vit avec le Seigneur, la mort est un gain et la suprême délivrance des souffrances et des agitations du péché.

Vivons donc chaque jour en sachant envisager en face cette délivrance, et comme si, le soir même, notre Dieu devait nous demander compte. Par la foi embrassons l’invisible, puisqu’à chaque instant le visible nous échappe.

Mais, sans nous arrêter davantage à cette idée, nous disons que le Dieu fort peut nous manifester son secours dans l’épreuve, soit en écartant celle-ci, soit en nous aidant à la supporter.

La détresse est là, et nous l’avons invoqué du fond du cœur: n’est-il pas vrai que, souvent, il nous a répondu promptement et nous a magnifiquement délivrés?

Il faudrait être ou bien aveugle, ou bien ingrat, pour le méconnaître.


Combien de fois n’avons-nous pas pu nous écrier, à la lettre: «Me trouvant dans la détresse, j’invoquai le nom de l’Éternel, et l'Éternel m’a répondu et m’a mis au large? J’ai déchargé ses épaules du fardeau, dit le Seigneur; tu as crié étant en détresse, et je t’en ai retiré; je t’ai répondu étant caché dans le tonnerre.» (Ps. CXVIII, 5; Ps. LXXXI, 7)

Cette maladie dont il nous a relevés pour que nous pussions chanter les cantiques de l’Éternel tous les jours de notre vie; ou même ce mal de tête dissipé, ce soulagement survenu au moment opportun, ne les devons-nous pas à la bonté imméritée du Seigneur, comme aussi peut-être à une prière de la foi, oubliée dans notre ingratitude?

St Augustin raconte, dans ses Confessions, que, saisi un jour d’un violent mal de dents qui l’empêchait de parler, il écrivit à un ami de venir prier auprès de lui.

À peine avaient-ils fléchi les genoux qu’il était délivré. «J’en étais épouvanté, ajoute-t-il; jamais en ma vie je n’avais rien éprouvé de pareil

Ah! que notre épouvante, dans ces cas-là, ne soit qu’une sainte reconnaissance.

C’est pourquoi, veillons et ayons notre œil spirituel ouvert pour voir les délivrances journalières de l’Éternel.

«Il n’y a aucun Dieu qui puisse délivrer comme lui. C’est en Dieu qu’est ma délivrance et ma gloire; c’est pourquoi j’attendrai le Dieu de ma délivrance, mon Dieu m’exaucera(Ps. LXII, 7; Michée VII, 7.)


Mais, à côté de cette délivrance extérieure et visible pour l’œil de la chair, il en est une intérieure et visible seulement pour le regard de la foi; c’est elle qui doit nous arrêter encore un instant.

Bien souvent le Seigneur ne veut pas enlever le fardeau à nos épaules fatiguées, mais il vient à notre aide en nous donnant tout juste les forces nécessaires pour le porter; il renouvelle jour après jour, souvent heure par heure, la mesure de patience, de courage et de foi, qui nous est nécessaire pour bannir tout murmure; et n’est-ce pas là la plus belle des délivrances?

N’est-il pas vrai qu’une épreuve acceptée dans la soumission et la confiance, et dont nous recueillons ainsi le fruit de bénédiction, vaut une délivrance?

N’est-il pas vrai que, lorsque Jésus nous aide à porter la croix, la croix elle-même devient pour nous un trésor?

Voilà la vraie, la suprême délivrance, celle qui est toujours à notre portée, celle que Dieu ne nous refuse jamais, quand nous venons la lui demander avec larmes. Ainsi Joseph prospérait dans son cachot: son Dieu était près de lui, plus près de lui peut-être que lorsqu’il fut assis sur le trône, «il était délivré

Ne vous souvient-il pas, mes frères, du premier malade vraiment résigné que le Seigneur vous accorda le privilège de voir?

Ah! pour moi je ne saurais jamais l’oublier; je n’étais qu’un enfant, et je n’approchais de ce lit de douleur qu’avec la terreur instinctive de cet âge; mais bientôt, subjugué par l’expression de sérénité et de paix qu’on lisait sur ce pâle visage, je revins avec confiance et avec joie; puis, un jour, je revins pour la dernière fois; le malade désirait qu’on lui lût une fois encore le chap. V de l’Apocalypse, (Apoc. V.) — et son âme, calme et joyeuse, s’envolait quelques heures plus tard vers le ciel.

Jamais comme dans cette chambre basse et humide, pleine de souffrance, mais pleine aussi d’une céleste paix, je ne compris ce qu’est une réelle délivrance. Être vraiment délivré, délivré de la souffrance et du péché:


C’EST POSSÉDER JÉSUS DANS SON CŒUR PAR LA FOI,

C’EST SE PÉNÉTRER DE SON AMOUR ET LUI DONNER GLOIRE.


Partout, toujours, celui qui a été affranchi par le Fils est vraiment libre: souffrir avec Jésus, souffrir avec profit, souffrir en regardant vers le ciel, voilà la vraie délivrance!

Frères! ne voulez-vous pas tous la connaître, cette délivrance?

Ah! pour cela il n’y a qu’un moyen: METTEZ JÉSUS BIEN AVANT DANS VOTRE CŒUR, donnez-vous à lui dès maintenant, et alors tous les biens de l'Éternel seront à vous, et la bonne promesse que nous méditons sera aussi votre propriété.


Souvenons-nous surtout, après la délivrance, de glorifier notre Dieu: le glorifier, c’est lui apporter un cœur docile dont la faim et la soif sont d’accomplir sa volonté.

Que tout en nous lui donne gloire, l’esprit par un joyeux acquiescement et une vraie gratitude, l’âme par une consécration entière à son service.

Que notre cœur devienne alors un autel sur lequel fume l’encens de la RECONNAISSANCE; que toute notre vie soit un temple saint à l'Éternel, où il fasse la demeure de sa gloire.


NOTRE INGRATITUDE PARALYSE NOTRE PRIÈRE, ET ÉLOIGNE LA DÉLIVRANCE; ce n’est pas seulement son ingratitude que l'Éternel reproche au peuple d’Israël, c’est encore l’oubli de ses grands exploits: «Ils bornaient le saint d’Israël, en ne se souvenant point de sa main, ni du jour où il les avait délivrés de celui qui les affligeait. (V. D. M.)»

Si nous pouvions voir ici les noms de tous ceux que cette fidèle promesse de l'Éternel a relevés, a consolés, a éclairés, quel livre ne faudrait-il pas pour les contenir? Eh bien, ce «livre de mémoire» (Mal. III, 16.) est écrit devant l'Éternel pour ceux qui le craignent et qui pensent à son nom. Il est écrit dans le ciel: lisez encore avec moi l’un des noms qu’il contient, le nom d’un de ces héros de la foi qui ont obtenu l’effet des promesses et fermé la gueule des lions.

Jean Migault (*), l’une des victimes des cruelles persécutions exercées contre les protestants français en 1686, est sans doute l’un des hommes qui ont le plus souffert pour leur foi. Au moment où le navire qui allait l’emporter vers la terre libre de Hollande était sur le rivage, une tempête s’élève; il est pressé entre les flots courroucés et les soldats acharnés à sa poursuite. C’est alors qu’il tombe à genoux, réclamant du Seigneur l’accomplissement de sa fidèle promesse et sans douter de lui un instant. «Oui, s’écriait-il, oui, je serai délivré, peu importe comment: mon Père céleste sait ce qui me convient.» C’est alors qu’une caverne s’offrit à ses regards: bientôt il était sauvé.

Disons comme lui: le Seigneur sait la délivrance qui me convient, il ne peut manquer à sa promesse, c’est pourquoi il dira à mon âme: Je suis la délivrance!

Saisissons, nous aussi, cette parole avec foi, et qu’alors elle devienne le pont jeté sur tous nos abîmes, le phare sauveur destiné à nous guider dans toutes nos perplexités, le bouclier de la foi avec lequel nous repousserons les traits enflammés du malin, et le découragement qui est l’un des plus redoutables. Car


«tout autant qu’il y a de promesses de Dieu,

elles sont oui en lui, et amen en lui à la gloire de Dieu par nous.»


Dieu veuille qu’il en soit ainsi pour chacun de nous!

Amen.




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