Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VOIR JÉSUS

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Seigneur! nous désirons de voir Jésus. (Jean XII, 21.)

Qu’elle est touchante cette parole, mes chers frères; mais qu’elle est admirable surtout, si nous songeons qu’elle sort de la bouche de ces pauvres Grecs, qui étaient montés à la fête pour adorer.

Leur désir fut-il satisfait?

C’est ce dont nous ne saurions douter, quoique la Parole de Dieu ne le dise pas explicitement. En effet, Celui qui se nomme le désiré des nations, et après lequel notre cœur soupire, NE SE FAIT JAMAIS CHERCHER EN VAIN.

Ce n’est point en vain qu’il dit: «Cherchez-moi et vous me trouverez; (Jér. XXIX, 13.)

Ce n’est point en vain qu’il nous répète sans cesse: Oh! vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux; venez, achetez, mangez sans argent et sans aucun prix(Ésaïe LI, 1.)

Vous le savez, toutes les promesses les plus touchantes sont faites à ceux qui cherchent, d’un cœur sincère et droit, et c’est avec une profonde vérité qu’un de nos cantiques s’exprime en ces termes:


OUI, TE CHERCHER, C’EST DÉJÀ LE BONHEUR.


Je voudrais, après vous avoir rappelé l'excellence de la communion avec Jésus, vous donner aujourd’hui quelques conseils, aussi simples que possible, sur la meilleure manière dont nous pouvons l’entretenir et voir Jésus.

Que le Seigneur nous assiste par sa grâce; comme il s’est fait trouver à Marie, au matin de la résurrection, à Pierre sur le bord de la mer, à Jean dans la solitude de Patmos; nous savons qu’il veut se faire trouver à nous, comme à tous ceux qui désirent le voir.

Ô Jésus l si tous nos cœurs soupiraient après toi, et si tu voulais te donner à nous dans ce jour! Viens à nous maintenant, remplis réellement nos cœurs, qu’ils brûlent d’amour pour toi, et que nous puissions ici te toucher, te contempler et te voir!


* * *

Je ne mentionne point ici les moyens de grâce proprement dits, ainsi la lecture de la Parole, et d’excellents livres, comme la Communion avec Jésus de Bonnet. Mais, je vous dirai tout d’abord: Dans notre vie journalière, COMMENÇONS ET FINISSONS TOUTE CHOSE AVEC JÉSUS.

Avec lui, nous devons commencer et terminer chaque année, chaque journée, chaque affaire importante que Dieu place devant nous, faisant ainsi de lui notre alpha et notre oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.

Il est des chrétiens qui ne commencent aucune journée sans chanter, du cœur, un de nos beaux cantiques exprimant la communion de l’âme avec Jésus.

Il en est d’autres qui ne terminent jamais leur journée sans consacrer l’heure de neuf à dix à la méditation des souffrances de Christ, en mémoire des angoisses de Jésus à Gethsemané!

À ceux qui trouveraient ces moyens bien extérieurs je répondrai:


L’ESSENTIEL EST QUE VOUS VIVIEZ AVEC JÉSUS.


Faites mieux, choisissez des moyens plus efficaces, mais de grâce ne blâmez pas de louables efforts, et n’imitez pas ces chrétiens trop nombreux, qui semblent avoir peur du nom même de Jésus.

Ils vous parleront bien de la Providence, de l’Être suprême, mais quant à Jésus, quant à l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, ils le relèguent dans un coin ignoré, ils l’enfouissent dans un linceul, tellement qu’on est forcé de répéter auprès d’eux: «On a enlevé mon Sauveur et je ne sais où on l’a mis(Jean XX, 13.)


Mais pour faire ainsi toutes choses avec Jésus, pour qu’il nous accompagne partout et que partout il nous bénisse:

Il nous faut absolument le considérer comme un être vivant, bien vivant, et qui, du haut du ciel, compte tous les soupirs de nos cœurs: «J’ai été mort, mais je vis, et voici je suis vivant aux siècles des siècles, et je tiens les clefs de l’enfer et de la mort(Apoc. I, 18.)

Il nous faut l’envisager dès lors comme un ami personnel, toujours prêt à nous recevoir, à nous parler, à nous entendre;

il nous faut le prendre tel qu’il se donne à nous maintenant, puisque c’est ainsi seulement qu’il pouvait dire aux siens: «Il vous est avantageux que je m’en aille(Jean XVI, 7.)

Il faut, mais c’est Dieu seul qui peut nous donner de mettre ainsi Jésus dans notre vie de chaque jour, dans nos affaires comme dans nos cultes, sur nos lèvres comme dans nos cœurs. Qu’Il nous accorde à tous cette grande grâce!


Je dis ensuite qu’il nous faut apprendre à prier bien réellement au nom de Jésus.

«En vérité, en vérité je vous dis que toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom: Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite(Jean XVI, 24.)


Prier au nom de Jésus, ce ne sera pas seulement terminer notre requête par ces mots consacrés: Nous te le demandons au nom de Christ!

Ce sera, avant tout, n’appuyer notre prière que sur la parfaite justice, et sur les mérites de Christ.

C’est une grande chose, mais aussi c’est une chose rare, que de venir à Dieu en lui disant:

Je ne mérite rien par moi-même, je ne puis rien sans Christ et son sacrifice expiatoire; sans le sang de la croix et son intercession bénie dans le ciel, je ne mériterais que d’être rejeté.


Prier au nom de Jésus, ce sera ensuite prier dans les mêmes sentiments qui animaient Jésus, avec calme, et non avec cette agitation fiévreuse que plusieurs prennent pour de la ferveur; AVEC UNE FOI ENTIÈRE EN LA PUISSANCE DE DIEU, qui n’exclut point une soumission complète à tout ce qu’il décidera.

Veillons bien à l’esprit de notre prière; prenons, au nom de Jésus, une position assurée aux pieds du trône de grâce, et alors osons tout demander et tout attendre du Père céleste qui aime à bénir ses enfants.

Oh! quel privilège que de demander ainsi ce que Jésus nous enseigne à demander! et quel lien entre son cœur et notre cœur!

Vous le savez, il n’y a pas de communion plus étroite ici-bas que celle qui unit deux âmes qui ont prié à genoux, et franchi ensemble l’espace qui nous sépare du monde invisible.

Mais quand cette communion nous unit à Jésus, que ne devient-elle pas?

Lorsque Paul parle des saints, il dit simplement: «Ceux qui invoquent le Seigneur(1 Corinth. I, 2.)

C’est en effet leur plus beau titre de gloire, et Dieu veuille que nous le méritions tous de plus en plus!


Mais ici nous pouvons faire un pas de plus.

Non seulement nous mettrons à part des moments, des heures particulières pour entrer par la prière en communion avec Jésus, mais nous en arriverons ainsi, peu à peu, à nous entretenir avec lui par un commerce intime et non interrompu.

Vivre avec lui, tout lui dire, tout ramener à lui, voilà vraiment la communion du ciel, et dès maintenant il y appelle ceux qui ont reçu le ciel dans leur cœur.

Lobstein l’exprimait d’une manière touchante quand il disait sur son lit de mort:

«Le Sauveur me tira hors des choses corruptibles. La prière change alors de nature: la prière ordinaire ne suffit plus, elle est un moyen de communication trop lent avec le Sauveur; la communication est immédiate et personnelle.»

Oh! que Dieu nous donne de rencontrer beaucoup de ces âmes qui, dans une douce communion avec Jésus, semblent planer déjà au-dessus de la terre.

Arrivant, un jour, à la porte d’un enfant malade, je fus surpris de l’entendre parler à haute voix, car je savais qu’en cet instant le cher malade était seul sur son lit de douleur.

«Avec qui t’entretenais-tu tout à l’heure?» lui demandai-je, en entrant. «Oh! me répondit-il, d’un ton pénétré, je parlais avec Jésus, j’en ai tant besoin.»

N’avons-nous pas entendu d’autres malades nous dire, au milieu de grandes souffrances: «Je ne puis plus vous parler, mais j’écoute Jésus!»

Sachons ainsi parler avec Jésus; sachons aussi, quand il le faut, nous taire pour l’écouter: ce sera le meilleur moyen de grandir avec lui dans cette intimité qui est un avant-goût du ciel.


Enfin, vous dirai-je comme un dernier moyen d’affermir notre communion avec Jésus,


IL NOUS FAUT ACCEPTER TOUT CE QUE JÉSUS NOUS ENVOIE!


Recevoir ses grâces avec reconnaissance, les garder, en faire un bon usage et l’en bénir, mais aussi recevoir ses épreuves comme des grâces, et pour cela, nous devons nous abandonner entièrement à lui.

Il faut que nous venions lui dire, chaque jour, comme par une conversion renouvelée: «Seigneur! dès ce moment je suis à toi; ta croix sera ma gloire: ton nom, méprisé par tes ennemis, est celui que je confesserai; ta vérité outragée, je la vengerai; tes saints seront mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu!»

En un mot Christ régnant en maître sur notre cœur, voilà une condition indispensable de notre communion avec lui:


Notre intimité sera toujours en proportion de notre renoncement,

nous le connaîtrons en proportion de notre obéissance!


Donnons-nous ainsi à Jésus, et alors nous le porterons partout avec nous; dans nos joies nous verrons rayonner son sourire; dans nos épreuves il nous tendra sa main compatissante; nous profiterons de la solitude la plus amère pour mettre Jésus dans notre cœur, et pour nous mettre dans le cœur de Jésus, et c’est dans la fournaise que nous pourrons le mieux nous écrier: «Maintenant mon œil t’a vu!» (Job XLII, 5.)


* * *


Mes chers frères, cette communion avec Jésus, dont notre langue imparfaite ne saurait exprimer l’excellence, elle est réelle, elle est inébranlable et ne brille jamais d’un plus vif éclat que dans les jours mauvais; enfin elle est active, et doit rayonner au-dehors.

Il nous faut y croire, lors même que nous ne la connaîtrions pas encore par expérience, puis la rechercher de tout notre cœur, jusqu’à ce que nous puissions dire, avec un chrétien éprouvé, le pasteur Hevitson: «Ma communion avec Jésus est plus réelle qu’avec mon meilleur ami sur la terre.»

Et puis surtout il ne faut pas que notre communion avec Jésus demeure inactive, que nous nous contentions d’une admiration stérile pour notre Bien-aimé, et que nous restions oisifs dans la maison de miséricorde...... Toutefois là n’est pas le danger de notre époque: au temps où nous vivons, nous avons bien plutôt à NOUS METTRE EN GARDE CONTRE UN CHRISTIANISME EXTÉRIEUR QUI, sous prétexte de pousser à l’action, SACRIFIE LA VIE INTÉRIEURE.

Dans un siècle agité comme le nôtre, avec une vie bruyante, où les impressions sérieuses s’évaporent si aisément, quand on ne sait plus recueillir les deniers de la charité que dans des ventes où la mondanité tient une grande place, ce sont des Marie, assises aux pieds de Jésus, qu’il nous faut; ce sont des âmes qui, après avoir écouté le Seigneur, ouvrent à leurs frères les trésors de sa communion sainte.

Nous tous, mes biens aimés, ne voulons-nous pas être de ce nombre?

Donnons-nous à Jésus, mais DONNONS-NOUS TOUT ENTIER;

cherchons Jésus dans le renoncement et la prière, afin que l’éclat de sa sainteté rayonne dans toute notre vie;

suivons Jésus, mais sachons le suivre jusqu’à la croix;

apprenons à tout perdre pour lui, et nous verrons tout ce qu’il nous rend dès ici-bas dans son saint service.

Il nous gardera, il nous soutiendra, il nous accompagnera jusqu’à la mort, et, comme le missionnaire Kugler, expirant sur les sables brûlants de l’Abyssinie, nous pourrons répéter: «Il ne m’a jamais oublié!»


Dieu veuille que tous, après avoir vu Jésus ici-bas, au travers de nos imperfections et de nos misères, nous puissions le voir un jour tel qu'il est, et être rassasiés de sa ressemblance pour jamais.

Alors nous n’aurons plus devant les yeux que la splendeur de sa gloire, alors nos cœurs brûleront d’amour pour lui, et nous n’aurons plus sur les lèvres que le nom adorable de cet adorable Sauveur.

Amen.




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