Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

La paix

***


JE vous laisse ma paix, JE vous donne ma paix. (Jean XIV, 27.)


Ces paroles sont précieuses, non seulement à cause des trésors de bénédiction que les âmes angoissées y ont trouvés, et qu’elles n’épuiseront jamais, mais encore à cause du moment solennel où le Seigneur Jésus les a prononcées.

Lorsqu’un père réunit autour de son lit de mort sa famille éplorée pour lui adresser ses derniers adieux, ses enfants recueillent avidement ses moindres paroles, et les serrent au fond de leur cœur comme le legs suprême de son amour.

Eh bien, Jésus aussi adresse à ses disciples, dans ces touchantes paroles, son adieu suprême.

Il leur donne sa paix, il ne songe qu’à eux, et cela au moment où son propre cœur est saisi d’une tristesse mortelle, et où il aurait tant de raisons de songer à lui et de se retremper dans la communion de son Père.

Il se dépouille pour les enrichir; il leur laisse cette paix qu'il lui reste encore à conquérir au prix de son sang.

Comme nous te reconnaissons bien là, ô mon Sauveur, toi qui as toujours une parole de paix pour toute âme affamée et altérée de toi ! C’est ainsi que nous venons à toi maintenant: nos âmes soupirent après la paix, car ce monde ne peut leur offrir qu’une paix trompeuse ou précaire ; nos amis les meilleurs ne peuvent que nous «souhaiter la paix» tandis que toi tu la donnes, et tu l’offres gratuitement à tous ceux qui viennent te la demander.


Allons ainsi à lui, mes bien-aimés, et Dieu veuille que nous entendions tous ici une parole de paix qui ne puisse plus sortir de nos cœurs.

Je voudrais essayer de répondre avec vous à ces trois questions:

1. Qu'est-ce que cette paix?

2. Où en est la source?

3. Enfin: Avez-vous la paix?

Et que pour cela, le Dieu de paix nous assiste puissamment par son Esprit !


* * *

I


Qu’est-ce que cette paix dont parle Jésus?

Ah ! nous pouvons le dire d’un mot, c’est la paix de Jésus, la paix que donne Jésus à tous CEUX QUI LA DEMANDENT ET QUI L’AIMENT.

C’est la «paix du pardon,» de celui qui, réconcilié avec son Dieu par la foi qui justifie, a entendu d’une manière ou d’une autre, dans le sanctuaire de sa conscience, cette parole bénie: «Mon fils, ma fille, va en paix, tes péchés te sont pardonnés!» (Matth. IX, 2.)

Et puis, pour l’âme qui en est là, cette paix, c’est le mélange indéfinissable de RECONNAISSANCE, de CALME, de CONFIANCE et d’AMOUR, qui la possède et l’illumine; c’est la SÉRÉNITÉ, douce et joyeuse, d’une âme dans laquelle l’harmonie a été rétablie entre le passé et l’avenir, entre les douleurs de la repentance et les joies de la foi, entre les remords du passé et les gloires célestes de l’avenir.

Il est de ces mots, — comme Vinet en fait quelque part la remarque, — qui à eux seuls entraînent tout un cortège d’idées gracieuses et expressives. La paix, paisible...... voilà un de ces mots. Une maison paisible, un vallon paisible, un ruisseau paisible qui murmure et rafraîchit que de choses ces simples images éveillent dans notre cœur !

Mais une âme paisible, une âme qui possède la paix, une âme sincèrement chrétienne, en un mot, voilà de quoi exciter nos plus chers désirs.


LA PAIX DU CHRÉTIEN EST SÛRE, ELLE EST INDÉPENDANTE DES CIRCONSTANCES, et il la porte partout avec lui; elle est calme ; elle est sainte, elle a horreur du péché partout où elle le trouve.

Cette paix est:

la force du faible,

la santé du malade,

le refuge du chétif,

la compagnie de celui qui n’a que la solitude en partage,

la gloire du méprisé,

Notre tout et notre plus précieux trésor.

Mais à quoi bon la décrire plus longuement? Des exemples peuvent seuls la faire comprendre et apprécier à sa juste valeur.


Lorsque, en 1825, le vaisseau le Kent sombrait sur les côtes de l’Inde, le feu se déclara tout à coup dans la cale; pressée de tous côtés par une affreuse mort, la foule des passagers errait éperdue sur le pont. Presque seule, une jeune fille arrête les fuyards et s’efforce de leur rendre un peu de courage ; sa Bible à la main, elle leur lit à haute voix les magnifiques promesses qui ont apaisé tant d’orages et calmé tant de cœurs:

«Dieu est notre retraite, notre force et notre secours dans les détresses, et fort aisé à trouver. C’est pourquoi nous ne craindrons point, quand on remuerait la terre, et que les montagnes se renverseraient dans la mer(Ps. XLVI, 1-2.)

Comme on lui demandait où elle puisait ce calme et si réellement elle était en paix: — «Mon cœur, répondit-elle, est plein de la paix de Dieu  !»

Olympia Morata, Lacroix et bien d’autres, disaient de même sur leur lit de mort: «Je ne trouve dans mon cœur que la paix de Christ!» — «Tout est paix, je ne crains rien.... »

Lequel de nous n’a pas vu cette précieuse paix illuminer le visage des mourants, et changer les larmes les plus amères en perles de grand prix?

Il me souvient ici d’un cher enfant (il avait quatorze ans à peine, et souffrait cruellement), qui aimait particulièrement ce beau chapitre XIV de Jean.(Jean XIV.) La veille de sa mort, il en demandait encore la lecture, et, quand on lui lut la parole que nous méditons: «Oh ! la paix de Jésus, s'écria-t-il avec un de ces sourires qui parlent du ciel, qu’est-ce que souffrir quand on a la paix que Jésus donne?»


* * *

II


S’il en est ainsi, mes chers amis, si cette paix peut surmonter tous les obstacles, dissiper toutes nos ténèbres, et transformer un lit de mort, n’est-il pas bien essentiel de nous demander maintenant:


Quelle en est la source?

Ici encore notre réponse est facile, et elle sera brève.

ADMIRONS LA BONTÉ DE NOTRE DIEU, qui a concentré toute l’œuvre de notre salut en une personne, en un fait, EN JÉSUS:


Ce seul nom qui ait été donné aux hommes pour être sauvés.

(Actes IV, 12.)


Voilà un fait concret, que le plus simple, que le petit enfant même, peut saisir. Eh bien, c’est en Christ qu’est notre paix, et elle n’est que là.

Non seulement il est le prince de paix,

non seulement «il a fait notre paix par le sang de sa croix(Col. I, 20.)

mais encore «il est notre paix. Justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. (Rom. V, 1.)


Veux-tu la paix?

Va la chercher à la source; abreuve-toi à longs traits à cette source de vie sans qu’il t’en coûte rien.

As-tu Christ?

Es-tu réellement venu à lui, as-tu ouvert ton cœur à son amour, le lui as-tu donné sans réserve, et demeures-tu en lui?

Alors tu as la paix, quand même elle serait voilée à ton cœur oublieux et ingrat.

Vis-tu sans Christ?

Essaies-tu de te passer de lui et de son saint amour?

Alors la paix trompeuse que tu cherches au milieu du monde est un roseau fragile qui te percera la main. Sans lui tu es non seulement sans paix, mais sans espérance.


Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée

et dont le péché est couvert !

(Ps. XXXII, 1)


Par la repentance à la paix: c’est la loi royale du royaume de Dieu!

Il en est qui cherchent leur paix dans leurs œuvres, ou d’une manière plus subtile dans les pratiques de leur dévotion: ne les imitons pas, car en définitive:

L’ÉTALAGE DE NOS ŒUVRES les meilleures ne sera jamais devant le Dieu saint que L’ÉTALAGE DE NOTRE MISÈRE.

Il en est d’autres qui font reposer leur paix sur le sol mouvant de leurs sensations: gardons-nous de les suivre.

Nos sensations sont trompeuses, nos émotions passagères.

Voilà une âme qui est émue, touchée, qui sort, joyeuse, d’un culte où elle a contemplé son Sauveur; tout lui sourit, et il lui semble que, si près de Dieu, jamais sa paix ne pourra lui faire défaut. Quelques heures se passent, la maladie est là: tout est sombre pour elle, son ciel reste voilé, et la paix lui échappe..... Et pourtant, SI elle est à Jésus, l’alliance de paix ne demeure-t-elle pas inébranlable?

Si elle ne sent plus rien, est-ce que pour cela elle ne croit plus à rien?

Son Sauveur ne veille-t-il plus à la poupe de la frêle nacelle?

Le soleil ne brille-t-il plus derrière le noir nuage?

Ah ! ne nous confions donc pas dans nos émotions les meilleures ; mettons-les à la place où Dieu les veut, sanctifions-les sous le regard de ce bon Père, et acceptons-les comme des grâces, mais ne nous confions que dans le Rocher des siècles, qui ne peut être ébranlé, en Jésus, qui est notre paix.


Enfin, dirons-nous encore, ne fondons pas notre paix sur la paix de ceux qui nous entourent.

On peut être porté, dans une famille chrétienne, à se reposer sur la piété d’un père, d’une mère, d’une sœur, qui nous entourent de leur amour et nous réchauffent de leur lumière.

Ah ! sans doute, la piété de famille a de magnifiques privilèges, elle connaît de saintes solidarités; mais encore reste-t-il vrai que:


NUL NE VIVRA JAMAIS AU BÉNÉFICE DE LA PIÉTÉ D’AUTRUI.


Ce n’est qu’un contact personnel de notre âme avec l’âme de Jésus, qui nous permettra d’entrer avec lui dans le Saint des saints ;

Ce n’est que par la conversion, par la séparation d’avec un monde qui est plongé dans le mal, par une entière consécration à Dieu, qu’on trouve une vraie piété et une paix durable.

«C’est une délibération arrêtée que tu conserveras la vraie paix, car on se confie en toi ! (V. D. M.) Je vous ai dit ces choses afin que vous ayez la paix en moi(Ésaïe XXVI, 3  ; Jean XVI, 33.)


* * *

III


Et maintenant, vous dirai-je en terminant, cette paix, l'avez-vous?

Avez-vous au fond de votre cœur cette paix du pardon?

La paix de la sainteté, la paix de la confiance, la paix de Jésus, pour tout dire en un mot? Pouvez-vous vous lever le matin en vous disant:


Qu’est-ce que Dieu me donne à faire aujourd’hui dans son royaume de paix?


Pouvez-vous vous coucher, le soir, en vous répétant: Si le Seigneur revenait cette nuit, ce serait comme mon Prince de paix?

«Lorsque nous en venons une fois à savoir et à croire qu’il existe une chose telle que la paix avec Dieu, nous devrions être bien froids dans toute autre recherche(Th. Adam.)

Il ne vaut vraiment la peine de vivre que pour chercher cette précieuse paix, et, une fois que nous l’avons trouvée, pour marcher comme des enfants de paix, à la gloire de Dieu.


Avez-vous la paix?La paix avec vous-même et avec Dieu?

Si vous répondez: Oui!

Si l'Esprit de Dieu rend témoignage à votre esprit, que gardant les commandements, vous êtes un enfant de la paix, je vous dirai d’abord:

Tombez à genoux et soyez reconnaissants.

Bénissez Dieu qui vous accorde ce grand, cet inestimable privilège, et

«que la paix de Dieu, à laquelle vous êtes appelés pour être un seul corps, tienne le principal lieu dans vos cœurs, et SOYEZ RECONNAISSANTS (Col. III, 15.)

Appréciez la paix que Dieu vous a donnée, gardez-la avec un soin jaloux, faites-la valoir avec fidélité ; et pour cela mettez en pratique deux recommandations de détail, d’une application journalière pour chacun de nous.

1. Confiez-vous en Dieu, réellement et partout, dans les petites choses comme dans les grandes. «Éternel, tu nous procureras la paix, car aussi c’est toi qui prends soin de tout ce qui nous regarde(Ésaïe XXVI, 12.)

2. Ensuite: vivez en paix ; ne vous aigrissez pas ; ne soyez ni difficultueux, ni susceptibles ; cédez tout ce que vous pouvez céder sans léser les droits de la vérité, et, «pour autant que la chose dépend de vous, ayez la paix avec tous les hommes. Détourne-toi du mal, cherche la paix et la poursuis» (Rom. XII, 18  ; Ps. XXXIII, 14.)

Si, ce qu’à Dieu ne plaise, vous deviez répondre: Non, je n’ai point la paix  ! Eh bien, vous dirai-je, ne vous découragez pas, ne désespérez jamais ; c’est d’elle aussi que le Seigneur Jésus a dit: «Demandez et vous recevrez!» (Matth. VII, 7.)

Écoutez plutôt: Il y a quelques années, je me trouvais dans une maison de santé, où une jeune femme (je savais qu’elle était une chère enfant de Dieu) me glissa dans la main ce billet déchirant, qui était écrit au crayon, et d’une main tremblante: «Monsieur! au nom de Dieu, je vous en supplie, dites-moi ce que je dois faire pour retrouver la paix

Je lui citai, je lui répétai longtemps les promesses nombreuses faites aux âmes angoissées: «Quand les montagnes se remueraient, et que les coteaux crouleraient, ma gratuité ne se retirera point de toi et l’alliance de ma paix ne bougera point, a dit l’Éternel qui a compassion de toi.» (Ésaïe LIV, 10.)

Mais elle me répétait douloureusement: «Je sais, mais ce n’est pas pour moi, je ne puis pas prier....»

Que pouvais-je faire, en la quittant, que de la remettre avec confiance à Celui qu’aucune angoisse ne trouve en défaut, et qu’aucune misère ne lasse?

Trois mois après je la revis, mais cette fois, avant de lui avoir adressé la parole, j’avais lu dans l’expression de sérénité qui illuminait son pâle visage, qu’elle avait retrouvé paix et lumière en Jésus. «Oh! monsieur, me dit-elle avec émotion, c’est vous qui aviez raison. Le Seigneur m’avait délaissée pour un petit moment, mais il m’a rassemblée par de grandes compassions.»


C’est souvent au sein de la guerre que nous devons chercher la paix: ne craignons donc point!

Quand Dieu nous fait le plus sentir les amertumes du péché, et même le poids de sa colère, c’est afin de nous faire mieux apprécier les trésors de son amour et le prix de sa paix; c’est bien souvent alors que le son doux et subtil de l’Esprit se fait le mieux entendre au cœur désolé, et que Dieu lui répète: «Je vous donnerai une paix assurée, et dans ma paix vous aurez la paix. (V. D. M)» (Jér. XIV, 13. V. S.)


Plus qu’un mot, chers amis: «IL N’Y A POINT DE PAIX POUR LES MÉCHANTS,» dit l'Éternel.

Mais: «Il y a une grande paix pour ceux qui aiment ta loi, s’écrie David, et rien ne peut les renverser.» (Ps. CXIX, 165.)

Que l’orage des passions déchaînées gronde autour de nous ;

que la souffrance redouble son effort ;

que les éléments conjurés se liguent contre notre faiblesse ;

que les rois de la terre consultent ensemble contre l’Éternel et contre son Oint ;

que les trônes s’écroulent, comme ils s’écrouleront un jour:


CELUI QUI A DANS SON CŒUR LA PAIX DE DIEU NE CRAINDRA POINT  !


Sa paix est grande, parce qu’elle repose sur le grand amour de ce Jésus qui en mourant nous a légué sa paix.

Que ce soit donc vers lui, et uniquement vers lui que nous allions la chercher, et que le Dieu de paix, après nous avoir donné Jésus, nous donne toujours sa paix de toute manière.


Amen.




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