Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L’OBÉISSANCE

DANS LA SOUFFRANCE

***

Quoique Fils, il a pourtant appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes. (Hébr. V, 8.)


Mes frères,

Si nous entendions cette parole pour la première fois et sans savoir à qui elle s’applique, n’est-il pas vrai que nous songerions à tout autre qu’à Jésus-Christ?

Peut-être dirions-nous qu’il s’agit ici de quelque grand criminel, rebelle à la loi de Dieu et à celle des hommes, qui, incapable d’apprendre l’obéissance autrement, fut placé à la rude école de la douleur, qui pouvait seule maîtriser son cœur endurci?


MAIS NON: il s’agit de Celui qui est le Fils, et que tous les anges adorent.

Lui qui, en sa qualité de Fils unique du Père, connaissait toutes choses, IL A VOULU S’INSTRUIRE À L’ÉCOLE DE LA SOUFFRANCE!

Lui qui, dans sa gloire, était ceint de l'auréole qui rayonne au front de l’enfant bien-aimé, il a pris la forme de serviteur, d’esclave, afin de nous affranchir;

Lui qui, de sa voix puissante, a créé les mondes, il s’est abaissé jusqu’à la plus grande humiliation que l’infirme nature puisse subir; il s’est laissé enchaîner par la souffrance, afin que par sa meurtrissure nous obtenions la guérison.


Je voudrais, mes bien-aimés, en contemplant le Saint et le Juste dans son abaissement, rechercher avec vous pourquoi cette initiation à la douleur lui était nécessaire, pourquoi il s’y est volontairement assujetti, et pourquoi il nous y assujettit avec lui.

Nous verrons ainsi, quoiqu’en laissant de côté le grand mystère de l’expiation, ce que la souffrance lui a appris, et ce qu’elle est destinée à nous apprendre. Seigneur f que nous puisions dans cet examen de salutaires leçons; recueille-nous pour cela devant toi, et donne-nous ton Esprit, qui nous apprenne à sonder toutes choses, même les choses profondes de notre Dieu.


* * *

I

L'obéissance du Fils de Dieu a été RÉELLE, COMPLÈTE et PARFAITE, depuis ses premiers pas dans la vie terrestre jusqu’à la mort.

C’était, à chaque instant, l’obéissance du renoncement, la sainteté absolue, et le complet anéantissement de sa volonté. «Il n’a point fait trophée d’être égal à Dieu, mais il s’est anéanti lui-même, ayant pris la forme de serviteur, fait à la ressemblance des hommes; il s’est abaissé lui-même, et a été obéissant jusqu’à la mort, à la mort même de la croix(Phillip. II, 7-8.)


Essayez de vous représenter un prince qui, d’un jour à l’autre, quitte toutes les magnificences de la cour, les délices d’une vie enchantée, les agréments d’une société choisie, pour aller s’ensevelir dans un bagne au milieu des forçats.

Il veut partager les rudes travaux, le sort cruel, mais aussi la honte de cette chiourme avilie; mieux encore, il veut se consacrer à leur soulagement par sa sympathie, et par son dévouement à leur salut.... Et pourtant quelle pâle et imparfaite image de l’abaissement de notre Sauveur, dont toute la vie ne fut qu’une longue passion, au milieu du péché qui l’entourait.


Mais cette obéissance, IL L’A APPRISE, déclare l’apôtre.

Qu’est-ce à dire?

Y aurait-il donc dans son œuvre de Fils de Dieu ou de Fils de l’homme des choses qu’il ait dû apprendre et qu’il ne savait pas?


Ici, mes chers frères, nous nous trouvons en face d’un mystère qu’il nous faut accepter avec simplicité et dans l’adoration, retenant toute la réalité de l’abaissement pour ne rien ôter à la sublimité du dévouement. Oui, cette parfaite obéissance, cette sainteté parfaite, Jésus les a acquises, les a conquises, pour ainsi dire, dans son développement successif; il les a maintenues par une lutte où, chaque fois, l’amour le rendait vainqueur, et par un renoncement qui faisait sa sainte joie.

Il s'est trouvé en face du péché: jamais sa volonté n’a fléchi; mais pour le repousser loin de lui, il a lutté, et dans cette lutte il a remporté la victoire.

N’essayons pas de concilier la divinité et l’humanité du Sauveur en les sacrifiant l’une à l’autre:

sacrifier sa divinité, c’est porter atteinte à la réalité de l’expiation;

sacrifier son humanité, c’est nous enlever notre saint modèle.

Acceptons-les toutes deux et disons-nous bien qu’il y a là, pour toute âme candide et QUI VEUT FAIRE LA VOLONTÉ DE DIEU, un problème qui trouve sa solution dans la vie chrétienne de chaque jour.


Jésus, disons-nous, a conquis son obéissance, et sa vie toute entière nous le montre.

Le voici d’abord dans cette tentation du désert où, par une épreuve mystérieuse, mais divine, il doit inaugurer son ministère, et c’est par la Parole de Dieu, par la soumission à son Père et au prix d’une lutte où le renoncement remporte la victoire, qu’il repousse Satan.

Là, déjà, il a triomphé, mais aussi il a appris par l’obéissance, et il a appris en souffrant.

Le voici encore sur la montagne où il est en prières pour ses disciples.


Ah! les prières de Jésus, sans doute elles jaillissaient de son âme sainte comme l'eau jaillit de la source pure, comme la lumière émane de l’astre du jour; mais aussi elles lui coûtaient un effort, elles étaient le saint labeur du dévouement, et, là encore, il a appris l’obéissance, au prix de son sang et de ses larmes.

Les prières de Jésus sont une lutte, et comme le cri du suppliant qui se tenait pour nous devant le Père; cela est si vrai que, non seulement comme en Gethsemané, il offrait avec de grands cris ses prières et ses larmes; mais encore lorsqu’il rendait la vie à un mort en disant: Ephphatha il soupirait en regardant vers le ciel.

S’il a offert son âme sainte en sacrifice, ses prières étaient comme la fumée du sacrifice, et, devant le Père, comme un encens d’agréable odeur.


Le voici enfin au terme de son œuvre.

Le triomphe moral a été remporté à Gethsemané, mais il lui reste encore le triomphe de la croix, et, jusque-là, il subira les insultes de la foule et les opprobres du Sanhédrin.

Alors qu’une populace avilie lui donnait des soufflets, alors que les juges d’Israël outrageaient en sa personne la justice humaine comme la justice divine, pensez-vous qu’il n’ait pas dû maîtriser l’émotion de son âme et lutter douloureusement pour garder, calme et serein, son empire sur soi-même?

Là encore son âme sainte apprenait l’obéissance, là encore il l’a apprise par les choses qu’il a souffertes.


Oui, pour lui aussi la souffrance a été un grand maître.


Seule elle pouvait lui apprendre une réelle, une efficace sympathie pour toutes nos douleurs.


Il a souffert afin de bien juger par sa propre expérience de ce que coûte la souffrance, mais aussi de ce qu’elle a de céleste pour de faibles créatures comme nous.

Il a voulu s’identifier complètement avec ceux qu’il nomme ses frères, et pourquoi?

Afin de les connaître mieux, afin de sympathiser mieux à leur état,

afin de mettre tout son amour, toute son obéissance, toute sa vie, au service de leurs douleurs.


Il a souffert pour l’expiation de nos péchés; mais il a souffert encore pour nous consoler, pour nous fortifier, pour nous préserver du désespoir, en laissant sur chaque souffrance humaine l’empreinte de sa sympathie, de sa patience, de sa victoire.

Et pour tout cela, que n’a-t-il pas souffert?

Comment appartiendrait-il à une imagination humaine de le concevoir et de le décrire? Souffrances physiques et tortures morales, souffrances de la part du monde et de la part des siens, — C’EST LÀ L’HISTOIRE DE TOUTE SA VIE.

Citons ici un seul exemple.

Que de fois n’a-t-il pas connu l’amertume et les déceptions de l’isolement?

Alors que les foules rassasiées de pain l’abandonnaient, alors aussi qu’au plus fort de la douleur ses amis les plus sûrs, ses plus fidèles disciples, étaient incapables de veiller une heure avec lui.

Et pourtant lui aussi avait besoin de sympathie et d’amour, car le plus fort réclame aux moments difficiles un regard ami, une main fidèle pour le soutenir.

Un chrétien du Réveil disait un jour que ce qui l’avait surtout fait souffrir, ce n’étaient pas les persécutions violentes qu’il avait dû affronter, mais:


L’isolement pénible où les siens eux-mêmes le laissaient,

comme pour aiguiser l’aiguillon de ses douleurs.


Et, à cet égard, quelles poignantes douleurs Jésus n’eut-il pas à subir?

Mais là encore il s’instruisait par les choses mêmes qu’il avait à souffrir: la solitude lui apprenait à se consacrer tout entier à son œuvre, à TOUT RAPPORTER À SON PÈRE, à tout concentrer dans l'accomplissement de sa volonté sainte.

À nous elle nous apprend que, dans notre solitude la plus amère, nous pouvons croître en force en retrouvant dans la communion du Père ce que nous avons perdu dans la communion de nos semblables.

Ô Seigneur Jésus! je te bénis pour ton obéissance conquise au prix de tes douleurs; Agneau de Dieu, immolé pour MES péchés, et obéissant pour moi jusqu’à la mort sanglante, je t’adore dans l’humiliation et dans les souffrances de la croix, mais je t’adore aussi dans le renoncement de ta vie entière.

Que cette adoration ne soit pas stérile, mais qu’elle me transforme à ton image et que j’apprenne avec gratitude et dans l’obéissance de l’amour, à souffrir aussi avec toi I


* * *

II


Mes chers frères, je ne m’étends pas davantage sur ces pensées qui vous sont familières: Jésus a été obéissant, il a appris l’obéissance, et c’est surtout par la souffrance qu’il l’a apprise.

Mais Christ est la tête d’un corps dont NOUS SOMMES LES MEMBRES, et si nous voulons lui être faits semblables, si nous voulons être de vrais membres de son corps, il nous faut le suivre jusqu’à la croix: le suivre à la croix, n’est-ce pas le suivre à la gloire?


«Vous êtes morts, mais vous vivez à Dieu (cachés) en Jésus-Christ, notre Seigneur(Col. III, 3.)

Pour que notre vie soit la sienne, nous avons à obéir comme lui, et par la souffrance à nous instruire comme lui: «Car nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée en notre chair mortelle.» (2 Corinth. IV, 11.)

Il nous reste donc à examiner maintenant ce que la souffrance a à nous apprendre; car si les souffrances du Sauveur sont une obéissance pour l’expiation, LES NÔTRES SONT UNE OBÉISSANCE POUR LA SAINTETÉ.


La vraie réalisation de Christ en nous se fait dans le renoncement, dans l’obéissance, dans la ruine de cet égoïsme qui est la plaie de notre cœur; et tout cela ne s’apprend jamais mieux que dans le feu purificateur d’une sainte souffrance.

C’est pourquoi, ô vous qui souffrez, qui avez longtemps, beaucoup souffert, vous tous qui luttez contre ces mystérieuses douleurs que l’homme ne peut soulager, mais que Jésus connaît parce qu’il les a toutes sondées, ne murmurez pas, ne doutez pas, ne perdez pas courage:

Jésus est là! mais aussi NE MÉPRISEZ POINT LE CHÂTIMENT DU SEIGNEUR, car il est là pour vous instruire par le châtiment, et il ne vient à vous qu’avec une verge d’amour.


Dites-vous donc tout d’abord que vous êtes à l’école du Seigneur!

Demandez-vous:

Qu’a-t-il à me dire?

Qu’ai-je à apprendre dans ce coup qui m’a frappé?

Si vous le voulez, l’école du Seigneur sera l’école du ciel, car il vous y fera rencontrer de célestes bénédictions que vous eussiez vainement cherchées ailleurs.


Parler de la souffrance n’est-ce pas parler à tous?

N’est-ce pas pour beaucoup un sujet plein d’une douloureuse actualité, et à tous n’apporte-t-il pas de salutaires leçons?

Tous, et les plus jeunes et les plus forts, vous la connaîtrez bientôt; et alors, si puissantes que soient les voix qui chercheront à vous étourdir, celle de la souffrance les aura bientôt couvertes; si rapides que soient vos pas pour la fuir elle vous atteindra!

Oui, elle vous atteindra; mais, si vous ne regimbez pas contre l’aiguillon du Seigneur, écoutez aussi ce qu’elle vous apprendra:


D’abord elle humilie.

Rien ne vaut les salutaires humiliations de la souffrance, même dans leur profonde amertume. «Il a humilié leur cœur par la souffrance, disait David, alors ils ont crié vers l'Éternel en leur détresse, et il les a délivrés de leurs angoisses(Ps. CVII.)

Ces saintes humiliations, auxquelles nul n’échappe, ont une œuvre préparatoire à accomplir dans notre âme: c’est Jean-Baptiste préparant la venue du Seigneur, ou encore c’est le sillon creusé douloureusement dans notre cœur et où le grain de froment, déposé par la main du semeur divin, doit mûrir.

Les humiliations tenant à d’autres causes, remarquez-le, sont trop vite oubliées.

Celles qui nous viennent des hommes s’évanouissent dans le tumulte des affaires;

Celles que nous inflige notre conscience sont trop promptement étouffées.

Mais celles de la souffrance, poignantes, palpables, et renouvelées chaque jour, que dis-je, chaque heure bien souvent, finissent par amollir le cœur le plus rebelle, comme la goutte d’eau, qui en tombant lentement creuse, à la longue, le plus dur rocher.

Ainsi en est-il des frères de Joseph: tant qu’ils sont nourris des richesses de Canaan, ils ne sentent pas leur crime et la prospérité les endort; mais vienne la famine avec ses longues souffrances, avec son cruel aiguillon aussitôt leur conscience se réveille, les remords grandissent, et quoique tant d’années d’oubli eussent dû, semble-t- il, les mettre à l’abri de la crainte, ils s’écrient avec terreur: Nous avons vendu notre frère, nous sommes coupables!


Ensuite, dirons-nous, la souffrance nous apprend une VRAIE CONFIANCE.

Jamais cette confiance qui nous attache, calme et inébranlable, au rocher de notre salut, ne s’apprend mieux que dans la communion des afflictions de Jésus.

Quand Jésus ployait les genoux, dans l’agonie de Gethsemané, quand, pour nous, sa sueur de sang tombait en terre, un ange descendait du ciel pour le fortifier.

De même pour nous, c’est bien souvent QUAND LA DÉTRESSE EST À SON COMBLE QUE LE SECOURS EST LE PLUS PRÈS; c’est quand nos propres forces nous abandonnent que les forces de Dieu viennent magnifiquement les remplacer.

C’est pendant qu’on lapidait Étienne qu’il avait cette vision sublime de Jésus, se tenant debout à la droite du Père, dans l’attitude de quelqu’un qui se lève pour aider; c’est grâce à l’extrémité où se trouvait Étienne que cette consolante vision est maintenant pour nous tous.


Et vous-mêmes, n’avez-vous pas bien souvent senti, dans l’heure de détresse, votre Dieu s’approcher de vous?

Alors sa délivrance a doucement éclos dans votre âme, et ses promesses y ont fait resplendir comme un jour nouveau, et vous n’avez pas regretté les heures de souffrance qui vous avaient valu de si lumineuses clartés.

C’est quand Dieu nous a relevés du lit de mort que nous apprenons à marcher par la foi, par la simple foi, avec une confiance que rien ne peut ébranler désormais. Comme il fait bon se souvenir alors, quand la souffrance redouble, quand tout semble perdu, que DIEU RÈGNE ET QUE, QUOI QU’IL EN SOIT, le Dieu fort nous est un Dieu fort pour nous délivrer, et que les issues de la mort sont à l’Éternel.

«C’est pourquoi, mes bien-aimés, ne trouvez point étrange quand vous êtes comme dans une fournaise pour votre épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire, mais en ce que vous participez aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi à la révélation de sa gloire vous vous réjouissiez avec allégresse.» (1 Pierre IV, 12.)


Mes frères, avez-vous appris ainsi l’obéissance de l’humilité, et l’obéissance de la foi, par les choses que vous avez souffertes?

Ces saintes humiliations, ces salutaires douleurs qui nous révèlent notre profonde corruption, et nous font comme toucher du doigt notre légèreté et notre ignorance, mais aussi CETTE FERME CONFIANCE qui nous jette dans les bras du Seigneur Jésus, est-ce là ce que vos souffrances vous ont appris?

Ô enfant de Dieu! dont les ressources sont à bout; pauvre âme affligée, battue par la tempête, crie à ton Dieu et sa gloire descendra sur toi comme la colonne de nuée pour te conduire et te protéger.

Oui, toujours, partout, le Seigneur a placé, à côté de la souffrance, ce remède assuré, l’obéissance et la sanctification par la souffrance:

les soupirs dirigés vers le ciel brisent la violence des tentations de la chair,

les larmes qui coulent sanctifient et épurent notre charité et notre foi,

les obstacles à vaincre raniment les forces vives de notre âme;

c’est ainsi que la souffrance, une grande souffrance même, peut devenir une grande bénédiction!

Nous pourrions multiplier ces exemples.


Disons seulement pour terminer, que la souffrance nous apprend encore une vraie sympathie:

Elle nous aide à sympathiser mieux à toutes les douleurs de nos frères et nous donne le secret des vraies consolations.

Oui, la sympathie, avec une charité active et ingénieuse, est une de ces fleurs célestes qu’on ne cueille nulle part mieux que dans les sentiers de l’épreuve.

Non seulement la souffrance ouvre notre cœur à la compassion, car si celui qui a souffert n’avait pas désormais des entrailles de miséricorde pour tous, il serait le plus misérable de tous les hommes, mais encore elle nous est absolument indispensable pour consoler efficacement les autres et nous révéler le don de consolation.


N’avez-vous jamais entendu de ces CONSOLATEURS FÂCHEUX qui viennent, comme les Juifs au tombeau de Lazare, importuner votre douleur, sinon verser du vinaigre sur la plaie?

Et puis encore ne connaissez-vous pas ces CONSOLATEURS ININTELLIGENTS, qui, avec la meilleure volonté du monde, nous sont inutiles parce que, n’ayant pas le tact de la douleur, leurs paroles portent à faux, parce qu’ils donnent la viande des forts à celui qui avait besoin du lait des faibles?

Celui qui a souffert, au contraire, agit à coup sûr auprès de ses frères souffrants, parce qu’il les connaît, parce que c’est de l’abondance de son cœur, et de l’émotion de ses entrailles, que sa bouche parle, et ses paroles, sanctionnées par l'expérience, et conduites par l’Esprit de Dieu, trouvent le chemin des cœurs.

Il connaît la douceur et le support pour les faibles, il sait avec patience ouïr le récit de leurs maux, et sa sympathie lui apprend le tact envers tous. Aussi les bienfaits de l’épreuve ne sont pas limités à ceux qu’elle a atteints, mais elle ouvre dans le cœur de ceux qui les entourent les sources de la sympathie, de la charité, de la foi, et fournit ainsi à la piété ses grâces les plus précieuses comme à la foi ses plus beaux triomphes.

«Béni soit Dieu qui est le père de notre Seigneur Jésus-Christ, le père des miséricordes, et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre affliction, afin que, parla consolation dont nous sommes nous-mêmes consolés, nous puissions consoler ceux qui sont en quelque affliction que ce soit.» (2 Corinth. I, 3-4.)


Eh bien! cette sympathie pour toutes les misères humaines, ces affections cordiales qui sont un baume pour de saignantes blessures, ces doux liens formés par la communauté de l’épreuve, la souffrance nous les a-t-elle aussi appris?

Oh! s’il en est ainsi, bénissons Dieu, et reconnaissons qu’elle apporte avec elle d’inestimables grâces quand on la reçoit dans l’obéissance de Jésus.

Il faut pour cela que, dans chacune de nos souffrances, l’initiation à la douleur nous fasse mieux pénétrer dans l’amour de Jésus, dans le mystère de sa sainteté; car s’il n’en est pas ainsi, si la souffrance ne nous fait pas faire un pas vers le ciel, elle nous aigrit, et, comme toutes les grâces repoussées, elle aggrave notre condamnation devant Dieu.

Ô Seigneur! qu’il n’en soit ainsi pour aucun de nous; que nous allions à toi, ô Jésus! pour aimer, pour souffrir, pour triompher comme toi. Seigneur Jésus, toi qui, par tes inexprimables souffrances, as appris l'obéissance et sanctifié le renoncement, viens à notre aide, et guide-nous dans le chemin difficile de la douleur. Quand notre cœur est ébranlé, reste notre partage et le rocher de notre cœur à toujours, et que, par la souffrance même, nous croissions dans la communion et dans ta grâce, jusqu’au jour où nous verrons ta gloire.

Amen.




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